Se nommer Chemin pour un humain, pas si courant, un homme qu'on nomme Chemin, forcément un curieux destin. Même si, en chemin, l'homme au nom de Chemin comprend que le chemin a une fin et que la fin n'aura rien de très bien. Pas très original une fin qui finit mal.
© Jean-Louis Crimon
" Alors, c'est le Georges qu'on ramène ! " Avec l'accent caractérisque des gens de cette partie de la Marne, belle exclamation d'une dame d'un certain âge à sa fenêtre, étonnée de voir devant l'église un petit attroupement d'étrangers au village, village modeste d'à peine 150 habitants. Maisons en pierre de pays dites meulières, avec quelques rangées de briques, comme signature champenoise. Village aussi connu et reconnu pour sa "prairie aux orchidées", véritable trésor naturel, située sur le "Terme des Côtes". Plusieurs espèces d'orchidées sauvages attirent chaque année les passionnés de botanique.
"Alors, c'est le Georges qu'on ramène ! " - Oui, madame, Georges Crimon, mon père, qui a souhaité retrouver son village natal pour sa dernière demeure. On dit ça pour le jour où on meurt.
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Contay. Cimetière catholique. 23 Mai 2014. © Jean-Louis Crimon
Une seule grande croix, mais deux christ. Depuis mes 7 ans et ma première année d'enfant de coeur, je ne cesse de me demander pourquoi ? Personne n'a jamais su, ou voulu, donner la moindre réponse à ma question. Il doit bien pourtant exister une explication.
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Contay. Cimetière des Catholiques. Avril 2009 et Avril 2021. © Jean-Louis Crimon
Je n'ai jamais compris la signification de cette grande croix aux deux Christ au milieu du cimetière de mon village. Au temps de mes 7 ans, - ma première année d'enfant de choeur -, personne n'a jamais su me dire pourquoi. Même pas Monsieur le Curé dont j'étais poutant l'enfant de choeur préféré.
Aujourd'hui encore, je ne sais pas pourquoi et j'aimerais bien savoir. Mais qui me dira, comme disait mon père, le fin mot de l'histoire ? Dans le village, il y a deux cimetières, le cimetière catholique et le cimetière protestant. Né du côté des catholiques, j'ignorais tout du monde Protestant. A l'Ecole de la république, enfants des Catholiques et enfants des Protestants jouaient ensemble à la récré sans aucun problème. Notre religion commune, c'était l'enfance. Le reste n'avait pas d'importance.
Reste que se recueillir au pied de la croix du crucifié, pour moi, c'était déjà bizarre. Mais quand j'ai découvert qu'ils étaient deux à être cloués sur la même croix, je crois que j'ai commencé à ne plus croire.
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