Francis Lubrez. Le dernier labour du dernier laboureur à chevaux. 25 Février 1981. © Jean-Louis Crimon
L'homme, je m'en souviens bien, stoppe ses deux chevaux, vient vers moi et me demande pourquoi, avant de commencer à photographier, je l'ai observé longuement, oeuvrant et manoeuvrant sa charrue et son attelage. Surpris par mes mots: je voulais comprendre avant de prendre et rassuré par ma démarche, me gratifiant d'une bonne tape fraternelle sur l'épaule, il me dit: j'y retourne, c'est mon dernier labour, ma dernière année avec mes chevaux, prenez toutes les photos que vous voulez, elles auront leur place dans les livres d'Histoire.
Quarante et un ans plus tard, je pense à lui et je me demande, -comme on disait autrefois dans mon village-, s'il est toujours du monde. Me ferait tellement plaisir de le savoir toujours vivant. De savoir aussi s'il a bien reçu mes photographies envoyées par la Poste, dans son village de Brillon, (59178 Hasnon), en mars 1981. S'il le souhaite, et s'il a une adresse mail, je lui en envoie deux ou trois dès aujourd'hui, dès ce matin. Dès maintenant.
© Jean-Louis Crimon
Fin de brocante. Comme en apothéose. Parfaite osmose. A peine le temps de me demander si j'ose. Sans le savoir, la dame qui passe prend la pose. Sur le trottoir d'en face, la fausse Botero botte en touche. La photo fait mouche.
© Jean-Louis Crimon
L'absurde est souvent prétexte à de bonnes photos. Il faut simplement avoir l'oeil. Être en permanence en éveil. Le boîtier numérique dans la poche, à portée de main. Pour ne jamais remettre à demain. Demain, les travaux seront finis et la photo évanouïe.
© Jean-Louis Crimon
Sans doute l'une de mes premières photos. Tout début des années 70. Au coeur, le sentiment confus que le grand reportage commence au coin de la rue. Première année du tronc commun Philo-Psycho-Socio. Etudiant, mais pas seulement. Une conviction : les concepts, les notions, indispensables à la réflexion, ne descendent pas dans la rue. Mes images seront des idées qu'on ne rencontre pas à l'université. L'image, c'est l'intelligence qui avance en silence.
© Jean-Louis Crimon