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11 août 2017 5 11 /08 /août /2017 00:57
Amiens. Rue Rigollot. Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Rue Rigollot. Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon

 

 

 

                                                                         51

Je me souviens d'Amiens, Place de la Gare, quand je mélancolise à ma guise et que la tour Perret hésite à jouer la tour de Pise.

 

                                                                         52

Je me souviens de "Sur le pouce", un snack où l'on servait jusqu'à minuit. La patronne aimait nous parler d'un journaliste, en cape noire, écharpe blanche, qui la fascinait, enfant. Avant ou après-guerre.

 

                                                                         53

Je me souviens que la Charte d'Amiens assigne au syndicalisme un double objectif : la défense des revendications immédiates et quotidiennes, et la lutte pour la transformation d'ensemble de la société, mais en toute indépendance des partis politiques et de l'Etat.

 

                                                                         54 

Je me souviens de mon premier photo-poème, du temps où je n'avais pas encore d'appareil photo : "Le vieil homme marchait / Balançant le bras /  Horloge humaine / Rythmant le temps des choses."

 

                                                                         55

Je me souviens de la lettre X, belle inconnue de l'algèbre nocturne de mon enfance de petit ramasseur de racines de liserons et de chiendent. Mémoire du Liard de France, à l'effigie de Louis XIV, libéré par la bêche de mon père. X majuscule, lettre distinctive de l'atelier monétaire d'Amiens. Au cours des règnes de Henri III, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV.  

 

 

 

 

© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017

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10 août 2017 4 10 /08 /août /2017 00:03
Amiens. Mars 2017. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Mars 2017. © Jean-Louis Crimon

 

 

 

 

                                                                          46

Je me souviens que, dans le roman, les Pères jésuites contraignent les enfants à faire un détour par la rue Saint-Jacques, pour éviter la place Gambetta et, un peu plus bas, la nudité tentatrice de la Marie-sans-chemise.

 

                                                                           47

Je me souviens de la rue des Trois Cailloux, trait d'union entre la place René Goblet et la place Gambetta. Un nom qui vient de Trois Cailleux. Cailleu, en picard, c'est caillou en français. Patronyme de trois frères, Claude, Martin et Pierre, les trois frères Cailleux.

 

                                                                           48

Je me souviens de la chanson triste de la dame du trottoir des Nouvelles Galeries : " Œillets, cinq francs... œillets, cinq francs... les rouges, les blancs... " et moi m'en allant les bras ballants.

 

                                                                           49

Je me souviens d'André Malraux, le 19 mars 1966, et de ce fabuleux discours à la Maison de la Culture d'Amiens : " Le XXIᵉ siècle sera spirituel ou ne sera pas." Non pas, surtout pas : Le XXIᵉ siècle sera religieux ou ne sera pas. Malraux qui s'enflamme sur sa création : "Si vous réussissez, le mot hideux de province disparaîtra du vocabulaire."

 

                                                                           50

Je me souviens d'Amiens jours de pluie, quand la ville lave son âme et sa peau de macadam, quand les essuie-glaces balaient les pensées tristes et quand divague un vague vague à l'âme.

 

 

 

 

 

 

© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017

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9 août 2017 3 09 /08 /août /2017 00:00
Amiens. Août 2017. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Août 2017. © Jean-Louis Crimon

 

 

 

                                                                         41

Je me souviens du "b" de Ambiens qui un beau jour s'efface pour donner naissance à Amiens. La lettre "b" éludée, Amiens révélée.

 

                                                                         42

Je me souviens de Jean Colin, né rue Debray, quartier Henriville, qui écrit dans son journal : "Ce matin, regardant par la fenêtre le jardin, j'étais sûr que je n'étais fait que pour être fidèle à cette lumière."

 

                                                                         43

Je me souviens du geste d'un légionnaire romain nommé Martin, en garnison à Ambianum, un soir de l'hiver 300, ajoutez 37, quand il tranche d'un coup d'épée son manteau, pour en vêtir un pauvre qui grelotte de froid, aux portes de la ville. Martin donne la moitié qui lui appartient en propre, pas celle qui est propriété de l'Empire.

 

                                                                         44

Je me souviens de la place des Halles du début des années soixante-dix et de la voix enjouée du crieur de journaux : " France-Soir Paris-Presse, France-Soir..."

 

                                                                         45

Je me souviens de L'Approbaniste, roman d'André Billy, qui évoque Amiens des années trente. Chaque mardi et chaque vendredi, grande promenade pour les collégiens de l'Ecole apostolique qui "arpentent les trottoirs de la ville, revêtus d'une pèlerine à capuchon et coiffés d'une casquette à bandeau de velours vert, par rangs de trois, les petits de la classe de sixième en tête, les philosophes en dernier."

 

 

 

© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017

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8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 00:00
Amiens. Léo Ferré et Jean-Louis Crimon. 19 Juin 1979.  © DR

Amiens. Léo Ferré et Jean-Louis Crimon. 19 Juin 1979. © DR

 

 

 

 

                                                                        36

Je me souviens de Léo Ferré et de notre première vraie conversation, du cendrier avec ses trois mégots de Celtiques, discrètement enveloppé à la fin de l'entretien, dans la cellophane de la bande magnétique. Cendrier magique dont je rêvais de faire une inclusion sous plastique. Les Celtiques de Léo, c'est le haschich de Baudelaire et c'est l'absinthe de Verlaine.

 

                                                                        37

Je me souviens de la saison où les Gothiques ont remporté leur premier titre de champions de France et de la patinoire du Coliseum, en feu ce soir-là.

 

                                                                        38

Je me souviens de Serge Reggiani dans sa loge du Cirque Municipal, après un tour de chant au-delà du spectacle. Du morceau de pain et de fromage qu'il me propose de partager avec lui. En guise d'interview.

 

                                                                        39

Je me souviens des galas de Catch, au Cirque, de l'Ange blanc et du Petit Prince. Des commentaires de Roger Couderc et des premières retransmissions télévisées. En noir et blanc.

 

                                                                        40

Je me souviens de l'inessentiel et du dérisoire, du banal et du sans importance. De la beauté sublime des matins de brume dans les Hortillonnages.

 

 

 

 

© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017

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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 00:06
Amiens. Saint-Leu. Début des années 1970. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Saint-Leu. Début des années 1970. © Jean-Louis Crimon

 

 

 

                                                                        31

Je me souviens des petits riens du quotidien. Un rayon de soleil après l'averse, un sourire, un geste comme un signe. Une tape amicale sur l'épaule, une main fraternelle, un pouce levé pour dire qu'on apprécie ou qu'on acquiesce. Amiens tendresse.

 

                                                                        32

Je me souviens du quartier Saint-Leu des années soixante-dix et du "Sourire d'Avril", devenu roman populaire sous la plume sensible de Jacques Béal.

 

                                                                        33

Je me souviens de Ramdane Korchef et d'une petite fille prénommée Violette.

 

                                                                        34

Je me souviens du Tour de France 1979 et de Raymond Poulidor me parlant, place Léon Gontier, du bonheur inestimable d'être, à tout jamais, dans le cœur des gens : "Toujours premier, toujours devant."

 

                                                                        35

Je me souviens de la lettre de Jules Verne à son ami Charles Wallut : " Sur le désir de ma femme, je me fixe à Amiens, ville sage, policée, d'humeur égale, la société y est cordiale et lettrée. On est près de Paris, assez pour en avoir le reflet, sans le bruit insupportable et l'agitation stérile. "

 

 

 

 

 

© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017

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6 août 2017 7 06 /08 /août /2017 00:02
Bécassine. Joseph Pinchon. Copyright by Henri Gautier et Languereau. 1919. © Jean-Louis Crimon

Bécassine. Joseph Pinchon. Copyright by Henri Gautier et Languereau. 1919. © Jean-Louis Crimon

 

 

 

 

                                                                          26

Je me souviens de Pinchon, Joseph-Porphyre Pinchon, le père de Bécassine, né à Amiens. Bécassine, première héroïne de l'histoire de la BD. La tombe de Pinchon se trouve au cimetière Saint-Acheul.

 

                                                                          27

Je me souviens de Christian Sutcliffe, guide-conférencier au talent insolent pour vous mettre en scène les petits faits de la grande saga amiénoise. Sa façon d'accueillir mon micro n'a jamais varié : " Toi, au moins, tu n'as pas besoin de faire l'âne pour avoir du son ! "

 

                                                                          28

Je me souviens de Pierre-Ambroise-Choderlos de Laclos, né à Amiens, et de ses Liaisons dangereuses, roman traduit dans le monde entier. Laclos, militaire de métier, connu aussi pour être l'inventeur du boulet creux, ancêtre de l'obus.

 

                                                                           29

Je me souviens de Gilles de Robien, fin des années quatre-vingt, dans le quartier du vieux Montières, affirmant : " Je fais de la politique pour aider les gens à être heureux le peu de temps qu'ils ont à vivre sur Terre." Profession de foi peu inattendue chez les politiques de ce temps-là.

 

                                                                           30

Je me souviens de l'entraîneur de l'ASC, Denis Troch, et de ses derniers conseils juste avant la finale de la Coupe de France contre Strasbourg. Ultime recommandation, lancée du bord de touche : " Passez les ballons que vous aimeriez recevoir ! " 

 

 

 

 

© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017

             

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5 août 2017 6 05 /08 /août /2017 05:36
Amiens. Hortillonnages. 23 Juin 2017. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Hortillonnages. 23 Juin 2017. © Jean-Louis Crimon

 

 

 

                                                                        21

Je me souviens du Café de la rue Henri Martin qui s'appelait " Aux Ailes d'Argent", en hommage aux coulonneux  qui s'y retrouvaient autrefois pour baguer et enloger leurs voyageurs.

 

                                                                        22

Je me souviens de Nisso Pelossof, photographe, né sur l'île de Rhodes, et de cette vie exemplaire racontée dans son autobiographie, D'une île à l'autre. De l'île de Rodhes à l'île aux fagots. Etonnant parcours pour l'amoureux inconditionnel des Hortillonnages, cet homme qui avait triomphé de la barbarie nazie et survécu à Auschwitz et à Mauthausen.

 

                                                                        23

Je me souviens de René Lamps et de Georges-Louis Collet, arrachant, armes au poing - légende ou pas - Le Progrès de la Somme aux mains des collaborateurs, pour en faire Le Courrier Picard.

 

                                                                        24

Je me souviens de Robert Marchand, né à Amiens le 26 novembre 1911, cycliste inoxydable qui, à 105 ans, te pédale encore en douceur, 22 kilomètres dans l'heure. Record mondial à tout jamais inégalable.

 

                                                                        25

Je me souviens des quatre Lemaire, trois frères et leur père, fusillés par les Allemands, parce qu'ils étaient communistes et résistants.

 

 

 

 

 

© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017

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4 août 2017 5 04 /08 /août /2017 08:21
Amiens. La Marie-sans-Chemise. 2016. © Jean-Louis Crimon

Amiens. La Marie-sans-Chemise. 2016. © Jean-Louis Crimon

 

 

                                                                      16

Je me souviens du petit séminariste qui ne tremble pas pour répondre "NON", sans hésitation, à la question du Père Supérieur. - Pensez-vous avoir la Vocation ? Petit séminariste qui, sans en avoir conscience, se scie la branche du grec et du latin sur laquelle pourtant il prenait plaisir à épanouir son esprit de petit campagnard mal dégrossi.

 

                                                                      17

Je me souviens des paroles du Père Supérieur à mes parents, le dimanche suivant : "Votre fils n'est pas doué pour les études. Mieux vaut lui apprendre un bon métier manuel. Vous le savez bien, vous qui vivez à la campagne, l'agriculture manque de bras. Avec un bon instituteur, il peut avoir son certificat d'études primaires, ce sera bien suffisant." Je n'ai jamais oublié avoir pensé très fort tout bas : Merci, Père Supérieur, de tout faire pour me maintenir dans la classe inférieure.

 

                                                                       18

Je me souviens de Marie-sans-Chemise, ma belle promise, quand Amiens la grise corne dans la brume le spleen des traîne-bitume. La Marie-sans-Chemise, parente, c'est sûr, de la petite Sirène d'Andersen. La Danoise et l'Amiénoise, frangines ou cousines.

 

                                                                       19

Je me souviens de Raphaëlle Billetdoux tournant quelques séquences de La femme enfant   à l'Ecole de Montières, avec Pénélope Palmer et Klaus Kinski.

 

                                                                        20

Je me souviens de Jules César et de la façon dont il parle des premiers Amiénois, les Ambiens : " Sans combattre, ils se rendirent corps et biens." Guerre des Gaules, Livre II, 4.

 

 

 

 

 

© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017

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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 00:10
Amiens. Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon

 

 

 

                                                                        11

Je me souviens du Kleber et Marie-Louise de Jean-Marie Lhôte, d'abord album de cartes postales trouvé par hasard à la Réderie de Saint-Maurice. Correspondance amoureuse de la seconde moitié des années vingt. Qui devient livre superbe publié chez Hachette-Massin et, plus tard, dans les années quatre-vingt, géniale adaptation théâtrale. Donnée à plusieurs reprises au Grand-Théâtre de la Maison de la Culture.

 

                                                                         12

Je me souviens de la rue Rigollot où l'on signe, le 13 octobre 1906, la Charte d'Amiens, texte fondateur du syndicalisme moderne.

 

                                                                          13

Je me souviens de l'Hôtel Bouctot-Vagniez, incroyable château de ville. Vraie folie de pierres blanches et de briques jaunes, tout en haut, à droite, en remontant la rue des Otages vers le Mail Albert 1er. Œuvre de Louis Duthoit.

 

                                                                           14

Je me souviens de Samarobriva, le pont sur la Somme, nom gaulois d'Amiens avant de devenir Ambianum, la ville des Ambiens.

 

                                                                           15

Je me souviens du Petit séminaire et de l'Abbé Guisembert, mon professeur principal et mon confesseur, aussi notre entraîneur de hockey sur gazon, qu'il confesse préférer au football. En soutane, le hockey, ça passe, et le geste avec la crosse, c'est classe. 

 

 

 

 

© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017

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2 août 2017 3 02 /08 /août /2017 08:14
Amiens. Avril 2017. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Avril 2017. © Jean-Louis Crimon

 

 

 

                                                                        6

Je me souviens de l'escalier de l'Ange d'or, où la rencontre entre Manon et son futur amoureux aurait eu lieu. Manon, originaire du petit village de Coisy, au nord d'Amiens, et des Grieux, jeune homme romantique que Manon va séduire et pervertir. Pour le meilleur et pour le pire.

 

                                                                         7

Je me souviens d'Chés Cabotans d'Amiens, grandiose petit théâtre de marionnettes. Ch'Lefleur, Sandrine et T'chiot Blaise. Sans oublier Papa Tchu Tchu. Ch'Lafleur "grinde gamelle, mais grind tch' cœur ". Toujours prêt à se bagarrer pour défendre son idée et ses amis contre les brigands ou les "cadoreux", les gendarmes.

                                                                        

                                                                         8

Je me souviens d'Auguste Perret et de la tour qui porte son nom, cierge en béton pour tutoyer de sa prière païenne la flèche de Notre-Dame.

                                                                      

                                                                         9

Je me souviens de Serge Helluin, "libraire-apiculteur" de la rue Léon Blum, et de sa façon bien à lui de m'inciter à butiner tous azimuts. Du commerce des mots dont il faisait son miel. De cette formule dont il avait fait un slogan publicitaire efficace : " Un homme qui lit en vaut deux, un lecteur fidèle en vaut quatre."

 

                                                                        10

Je me souviens du jeune vicomte Gilles de Robien qui rafle la mise en 1989, année du bicentenaire de la Révolution française. Petit Prince au sang bleu pour faire mordre la poussière aux rouges, les communistes René Lamps et François Cosserat. Morbleu, palsambleu, scrogneugneu...

 

 

 

 

 

 

© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017

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