14 septembre 2017
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Amiens. Fin des années 70. © Jean-Louis Crimon
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Je me souviens de mon premier article publié par Le Courrier Picard et de son titre : "Rue du Bout du Monde". Une vraie rue de Renancourt, à l'époque petit village à l'ouest d'Amiens, désormais quartier de la grande agglomération.
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Je me souviens des noms de toutes les rues où j'ai habité à Amiens : rue des cannettes, rue Eloi Morel, rue Claudius Serrassaint, rue Saint-Honoré, rue des Sergents, rue Chevalier, rue Boucher de Perthes, rue Laurendeau et rue Delpech.
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Je me souviens des mots gravés sur les murs, slogan en dur pour dire la vie dure.
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Je me souviens que Valéry Giscard d'Estaing est venu tenir un meeting au Cirque Municipal pendant la campagne de la Présidentielle de 1981.
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Je me souviens de "no future" bombé sur le mur de la Maison de la Culture.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
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13 septembre 2017
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Amiens. La Somme et le Quai Bélu. Nov. 2015. © Jean-Louis Crimon
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Je me souviens de Bernard Devauchelle, auteur de la première greffe partielle de visage. Le chirurgien opère en musique, souvent sur des airs d'opéra. Titre immanquable : Le chirurgien opéra sur un air d'opéra.
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Je me souviens du premier tome de la Chronique des rues d'Amiens de Paule Roy, publié au CRDP au milieu de l'année 1980. Un vrai travail de moine Bénédictin. Rues, ruelles, impasses et Places, Paule Roy jamais ne lasse.
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Je me souviens de Guy Bedos à la MCA et de son sourire altruiste. Le rôle de l'humoriste ? Faire du drôle avec du triste.
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Je me souviens de ma première photo dans Politique Hebdo : Pierre Goldmann quittant le Palais de Justice d'Amiens, menottes aux poignets, mais sourire aux lèvres.
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Je me souviens de la mélancolie mauve de la nuit fauve quand le jour hésite à avouer qu'il se sauve.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
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12 septembre 2017
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Amiens. Juin 2016. © Jean-Louis Crimon
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Je me souviens des cours de philosophie d'Angèle Kremer-Marietti, dans une salle du Cloître Dewailly. Octobre 1969.
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Je me souviens de l'Hippodrome du Petit Saint-Jean et du soir où j'ai cru voir les chevaux prendre leur revanche sur les hommes. Assis dans les gradins, ils applaudissent des quatre fers les hommes harnachés qui soufflent et transpirent en courant et tirant les sulkys sur la cendrée. Pour le bonheur des chevaux hilares qui boivent des bières et mangent des frites.
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Je me souviens des autos tamponneuses de la Saint-Jean, des rires et des cris des femmes et des enfants.
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Je me souviens de Zic Zazou, neuf musiciens, comédiens, chanteurs, qui décident de ne pas jouer perso et tournent le dos à la carrière individuelle. Entre fanfare punk et rock musette. Piano, gratte électrique, trombone, des cordes et des cuivres, et tous les instruments les plus incongrus qui soient, pieds de chaise, marteaux pas piqueurs et bouteilles pas forcément vides au départ. Une troupe de déjantés aussi talentueux que malicieux.
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Je me souviens de la dernière minute du dernier jour du dernier mois de l'année 1999, juste avant le passage à l'an 2000, et de l'incroyable angoisse du Responsable Technique de la Radio qui craint que nos ordinateurs ne comprennent pas l'an 2000 et reviennent à l'an 1900.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
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11 septembre 2017
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Amiens. Hortillonnages. Île Robinson. Archives. © DR.
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Je me souviens de Thérèse et René Nowak, hortillons au grand cœur, infatigables défenseurs de la cause hortillonne.
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Je me souviens de La Barque sur le Rieu, de Gaston Chantrieux, paru dans la Collection des Romans Picards, et imprimé à Amiens par l' Imprimerie Moderne, 165, Rue Saint-Maurice.
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Je me souviens des Hortillons remontant la Somme le samedi matin, dans leurs barques à cornet, pour vendre leurs légumes face au quai Bélu, sur la Place Parmentier.
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Je me souviens de la légende qui voudrait que la cathédrale d’Amiens ait été construite en 1220 sur un champ d’artichauts, offert par un couple d'hortillons. L'histoire est belle, mais, foi d'hortillon et foi d'hortillonne, on ne cultive pas encore l'artichaut au début du XIIIe siècle.
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Je me souviens de la joie de Bruno Bréart découvrant, à la Bibliothèque Municipale, le mot "ortillon" dans un manuscrit du XVe siècle. Ortillon, - sans " h " -, mot attesté pour la première fois en 1492. L'année où Christophe Colomb découvre l'Amérique, Amiens découvre l'Hortillon.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
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10 septembre 2017
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Amiens. Hortillonnages. Juin 2017. © Jean-Louis Crimon
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Je me souviens du mot Hortillonnage, mot venu tout droit du bas latin hortellus, qui peut se traduire par « petit jardin », diminutif du latin classique hortus, « jardin ». Le mot Hortillonnage désigne dans cette ville les marais, entrecoupés de canaux, où l'on pratique la culture maraîchère.
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Je me souviens de la rue Eloi Morel où j'ai habité un temps au 156. Eloi Morel, génial inventeur du grand louchet, outil avec un manche de 4 à 7 mètres, qui facilite considérablement, à l'époque, - on est en 1786 - le travail d'extraction de la tourbe. Le tourbier peut, grâce à ce grand louchet, creuser à plusieurs reprises au même endroit et réussir à extraire la tourbe jusqu'à 6 mètres de profondeur.
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Je me souviens du mot "coquetière", nom donné à la jeune femme qui allait ramasser les œufs dans les fermes pour aller les vendre ensuite sur les marchés.
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Je me souviens de Lucien Clergue à la Maison de la Culture d'Amiens et de ses Nus nés de la Vague.
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Je me souviens d'une halte familière à l'Auberge du Vert Galant au tout début du chemin de halage, avant se mettre en marche pour Camon.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
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9 septembre 2017
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Amiens. La "Confirmation". Avril 1961. © DR
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Je me souviens du meilleur conseil jamais reçu : " Poco importa che la storia sia vera, importa è che sia bella. " Pouillot dixit. Un soir des années soixante-dix, au Jockey.
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Je me souviens de ma confirmation et de ce parrain d'emprunt, pris au débotté pour pallier une défaillance cruelle. Le mien, au dernier moment, n'avait pas voulu quitter son banc, honteux de n'être pas assez bien habillé pour se déplacer devant les fidèles et venir jusqu'à l'autel, poser sa grosse main d'ouvrier sur mon épaule. Dieu le père trahi par mon grand-père.
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Je me souviens de Jean-Claude Labesse me racontant sa rencontre avec Jacques Brel dans sa loge du Cirque Municipal.
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Je me souviens du discours d'Amiens de François Mitterrand, juste avant le premier tour de la Présidentielle de 1981.
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Je me souviens des mots d'une lettre de Pierre Garnier, en décembre 2000 : "Je viens de lire avec émotion, joie, gaieté, mélancolie, ton Verlaine avant-centre. C'est plein d'humour, mais aussi baigné de sourires et de larmes. C'est un très beau livre et je suis heureux et fier que tu aies écrit cette enfance au bord de l'Hallue. Dans ma bibliothèque, je mets mon enfance à côté de la tienne."
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
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8 septembre 2017
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Amiens. Rue Latour. Avril 2017. © Jean-Louis Crimon
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Je me souviens des pavés de Saint-Leu et d'un sourire qui n'était pas seulement "Sourire d'Avril".
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Je me souviens de Trois-Pattes, chat de gouttière éclopé de la vie urbaine.
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Je me souviens du ciel ardoise qui tutoie les toits qu'il toise, les soirs de pluie narquoise. On ne cherche pas noise à la pluie amiénoise.
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Je me souviens du magasin " A la Belle Indienne " et de toutes ses spécialités textiles : "Tissus pour Robes et Costumes. Cravates. Draperies. Bonneterie et lingerie. Etoffes pour ameublement. Flanelles. Jerseys. Confections pour Dames et Enfants. Châles et Soieries", et j'en oublie.
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Je me souviens de deux gravures en couleur signées Barday : La rue des Tanneurs et La Chaussée Saint-Leu.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
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7 septembre 2017
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Amiens. Juin 2017. © Jean-Louis Crimon
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Je me souviens que les Romains appelaient Samara, - nom celte de la Somme -, le fleuve tranquille.
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Je me souviens de Philippe Leleux et de sa façon bien à lui de dire son attachement à une région et à une langue : " On n'a pas à être fier d'être né quelque part, mais on n'a pas à en avoir honte non plus ! "
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Je me souviens des cygnes des étangs de La Hotoie. Cygnes d'étang. Signe des temps. Quand le cygne signe, d'un trait liquide, un beau chapitre d'eau.
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Je me souviens des premiers mots du DG du Courrier Picard, Bernard Roux, m'accueillant dans son bureau de la rue Alphonse Paillat : Sentez-vous libre !
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Je me souviens du Café de la Cour d'Appel où l'hiver, au comptoir, on soufflait sur son bol de Viandox.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
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6 septembre 2017
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Amiens. Avril 2017. © Jean-Louis Crimon
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Je me souviens des pierres grises du Cloître des Sœurs grises. Couvent désormais à tout vent. Plus de religieuses depuis longtemps. Les premières sont arrivées à Amiens en 1486. Pour se consacrer au soin des malades, au secours des pauvres et à l'hébergement des voyageurs.
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Je me souviens du chemin de halage en direction de Camon. A se rêver cheval tirant son fardeau au fil de l'eau.
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Je me souviens du quartier Saint-Maurice et de Jules Longchamp, le cordonnier.
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Je me souviens de Francis Tattegrain, de ses premiers dessins des rues et des canaux d'Amiens.
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Je me souviens d'Amiens, ville la plus fidèle au monde : en 2000 ans, n'a eu que deux vrais Jules, Jules César et Jules Verne.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
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5 septembre 2017
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Amiens. Sept. 2017. © Jean-Louis Crimon
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Je me souviens des mots gourmands de Mme de Sévigné dans une lettre à sa fille, Françoise- Marguerite, comtesse de Grignan, où elle célèbre le pâté de canard d'Amiens : « ce pâté à la croûte dorée plus blonde que les cheveux de la petite Lavardin ». Vrai fake avant la lettre. Œuvre de Jacques Brandicourt. Fausse info devenue légende amiénoise.
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Je me souviens du Beffroi que les Amiénois surnomment, en picard, Ch'Bédouf .
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Je me souviens de l'incipit de L'Hortillonne, roman de Léon Duvauchel : " Elle se pendait au cou de l'amant, lui mettait des baisers sur les joues, sur les paupières, sur les pointes de la jolie moustache châtaine, aux intentions d'accroche-cœur, à laquelle se frôlait son visage en une suprême chatouille." L'Hortillonne, roman sous-titré Mœurs Picardes, publié à Paris, chez Alphonse Lemerre, Editeur, en 1847.
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Je me souviens du cimetière de La Madeleine et de Raymonde Gilmann, passionnée d'art funéraire.
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Je me souviens de Jules Verne quand il soulève la pierre de son tombeau. Sculpture d'Albert Roze, intitulée "Vers l’Immortalité et l’Eternelle Jeunesse". Jules Verne lève le bras et regarde vers le ciel, après avoir brisé sa pierre tombale, torse nu et sortant de son linceul.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
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