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13 décembre 2016 2 13 /12 /décembre /2016 22:27
Amiens. Picanordie, 2 rue Jean Jaurès. 13 Déc. 2016. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Picanordie, 2 rue Jean Jaurès. 13 Déc. 2016. © Jean-Louis Crimon

Cher citoyen malgré tout toujours de gauche,

 

Tu ne connaissais pas ce bistrot de La Hotoie et son patron adorablement sympa. L'adresse, rue Jean Jaurès, sonnait comme un SOS. Tu es venu avec un camarade de Lycée. Un ami du milieu des années soixante. Un ami du temps des Trente glorieuses. Tu racontes ça aujourd'hui, tu passes pour un vieillard. Les Trente glorieuses, tu sais bien, cette période d'une trentaine d'années qui a suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, jusqu'au premier choc pétrolier de 1973. Une période de prospérité exceptionnelle pour les pays industrialisés occidentaux. Plein emploi, accroissement du pouvoir d'achat et fort développement de la consommation de masse.

Les historiens affirment que le mode de vie des français a davantage évolué durant ces trois décennies que durant les deux siècles précédents et que le niveau de vie a été multiplié par 5 de 1945 à 1975.

Sécurisation des revenus par mise en place, de fait, d'un  Etat-Providence, création de la Sécurité sociale, des Allocations familiales, des régimes de retraite, instauration, en 1950, du salaire minimum interprofessionnel garanti, le SMIG, avant que des ânes prétentieux et diaboliques ne le rebaptisent SMIC, Salaire minimum de croissance. Novlangue Orwellienne et Non sens, puisqu'il croit de moins en moins le Salaire minimum de croissance. Sans oublier cette géniale invention des congés, des congés payés.

Troisième semaine de congés payés en 1956 et quatrième semaine de congés payés en 1965. Ce qui, en plus du repos légitime des travailleurs qu'on n'appelle pas encore uniquement des salariés, accentue la relance de l'économie par le développement les dépenses de loisirs. Sécurité sociale, Allocations familiales, Retraites, Salaire minimum, Congés payés, toutes choses que la plupart des politiciens d'aujourd'hui voudrait - projet lamentablement stupide - réduire ou détruire.

 

Les Trente glorieuses, expression créée par Jean Fourastié, économiste français, dans son livre "Les Trente Glorieuses, ou la révolution invisible de 1946 à 1975", publié en 1979. Elles font référence aux "Trois Glorieuses", les journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet 1830.

Aujourd'hui, ce serait plutôt Les Trente miséreuses ou  Les Trente piteuses qu'il faudrait écrire et publier. Qui oserait écrire et publier ça ? Gérard Filoche sans aucun doute.

Car rue Jean Jaurès, tu es venu pour entendre Filoche, pour écouter Filoche, Gérard Filoche, candidat à la primaire de la gauche. 70 ans au compteur. Fils d'ouvrier, ouvrier lui-même, avant d'être Inspecteur du travail. Un redoutable orateur et un fin dialecticien. Un empêcheur d'ENAiser en rond. Un type. Un mec. Un gars. Un homme quoi. Un humain. Un véritable être humain. Qui se soucie des autres humains, ses frères.

Quelques phrases piquées au vol dans une soirée grandiose, une de celles qui te réconcilient avec la politique, avec l'action politique :

 

Si on perd le 23 Avril 2017, ce sera le désastre et on ne reconstruit rien sur des ruines. Faut tout faire pour ne pas être éliminé au premier tour.

Il y a encore un espace pour gagner, c'est l'unité, l'unité de la Gauche, avec tous ceux qui se battent pour un candidat commun. Même avec des divergences, on peut construire une plateforme commune, un texte avec 50 mesures essentielles, inverser la tendance et mieux répartir les richesses,

 

Dire qu'on est pour les 32 heures, le Smic à 1800 €uros, la retraite à 60 ans, limiter les écarts de salaires dans les entreprises à 20 fois le Smic,

 

Réforme bancaire, réforme fiscale,

L'impôt, il faut qu'il soit plus haut pour ceux d'en haut, plus bas pour ceux d'en bas.

 

On ne va pas battre Fillon avec le programme de Valls,

Macron et Valls, Brutus 1 et Brutus 2, Hollande s'est fait marabouté par son Ministre de l'Economie et doublé par son 1er Ministre, celui qui a utilisé le 49.3 pour casser un siècle de droits du travail,

Qu'on arrête de nous parler des "charges", les "charges" des patrons ne sont pas des "charges", ce sont des "cotisations", du "salaire différé" !

L'Histoire de la Gauche en France se jouera le 22 et le 29 Janvier prochain, nous n'avons pas le droit  de manquer ce rendez-vous, car la France n'a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal partagées.

 

Ce soir, ou plutôt cette nuit, tu rentres chez toi en te disant : ça fait du bien d'entendre parler un homme comme ça. Un ton de liberté, pour ne pas dire de libertaire. Un ton de vérité aux siècle des faussaires. Une vraie authenticité au siècle des faussaires et des fossoyeurs. Filoche, ça te redonne du baume au cœur. Filoche, en plus, c'est simple. Son slogan l'affirme sans hésitation : Filoche, c'est fastoche !

Autrement dit, quand la Gauche s'effiloche... La Gauche, c'est Filoche.

 

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11 décembre 2016 7 11 /12 /décembre /2016 11:07
Jūrmala, Lettonie. 11 Déc. 2016. © Jean-Louis Crimon

Jūrmala, Lettonie. 11 Déc. 2016. © Jean-Louis Crimon

Cher plagiste de décembre,

 

Ici, te dit-on, c'est le Saint-Tropez Letton. Toi, tu te crois à Quend-Plage ou à Fort-Mahon, mais tu es au bord de la Baltique, au fond du golfe de Riga. Cette longue plage de sable fin et les oyats te font vraiment penser à l'image de la plage picarde. C'est connu, l'oyat, autrefois dénommé roseau des sables, maintient la dune. Sous le soleil ou sous la lune.

Jūrmala, station balnéaire atypique, 25 km à l'Ouest de Riga. Air désuet, avec ce petit rien de nostalgie, comme si le temps s'était arrêté. Pour mieux préserver ces grandes maisons en bois, rénovées ou en cours de rénovation. D'ailleurs, l'ensemble de ces vieilles maisons a été classé par l'Unesco. Les plus spacieuses de ces villas, de véritables hôtels particuliers, sont, à ce qui se dit, très prisées -dans tous les sens du terme- par les milliardaires russes.

Jūrmala, entre le Golfe de Riga et la rivière Lielupe, s'étend sur plus de 30 kilomètres de plage de sable blanc. Avec ses 55.000 habitants, la ville est la cinquième plus grande ville de Lettonie. A l'époque où la Lettonie fait partie de l'Union Soviétique, Jūrmala est la destination préférée de la nomenklatura communiste. Leonid Brejnev et Nikita Khrouchtchev aimaient beaucoup y venir. C'était de bon ton et de bon goût. Sans doute très agréable le temps passé sur le sable.

Bien que de nombreuses villas soient aujourd'hui tombées en délabrement, Jūrmala a gardé sa forte attraction touristique, surtout grâce au sable blanc de ses longues plages qui font face au Golfe de Riga, mais grâce aussi à ses maisons en bois romantiques style Art Nouveau. Jūrmala s'écrivait dans la période soviétique, Yurmala, avec un "Y",  nom orthographié parfois de cette façon en anglais, qui reprenait de trop près l'orthographe de la traduction russe. Les Lettons sont assez fiers de pouvoir écrire aujourd'hui... Jūrmala.

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10 décembre 2016 6 10 /12 /décembre /2016 09:39
Graši, Lettonie. 10 Déc. 2016. © Jean-Louis Crimon

Graši, Lettonie. 10 Déc. 2016. © Jean-Louis Crimon

Cher Letton d'adoption,

 

Tu te demandes vraiment ce que tu fais là, ici, à Graši, dans le village des enfants orphelins et des enfants abandonnés de Lettonie, mais tu sais pour qui et pourquoi tu es là. Quelqu'un qui te connaît bien a pensé que tu pouvais être l'homme qui va écrire le roman des enfants de Graši.

Un roman jamais écrit et pourtant le village a déjà plus de vingt ans. Au départ, l'idée d'un français, Christophe Alexandre.

Sandra, la Directrice actuelle, t'a seulement dit : ils n'ont pas l'habitude qu'on les aime, et au début de leur arrivée, ils sont en retrait, ils se tiennent à distance des adultes. Tout est dit, tu n'en sauras guère plus.

Dans le regard clair de Sandra, tu as vu et lu cette incroyable tendresse teintée d'un rien de tristesse à moins que ce ne soit une incroyable tristesse teintée d'un rien de tendresse. Un regard qui, pour les enfants, est déjà nouveau départ.

A 200 kms à l'est de Riga et à 800 kms de Moscou, le village de Graši, sans doute ta nouvelle adresse au printemps prochain. Si Dieu ou le destin te prête vie jusque là. Tu n'as pas dit "oui", mais tu sais qu'on n'échappe pas à son destin. "Du côté de chez Shuang", ton roman chinois, est né comme ça. Alors, pour Graši, tout est possible, tout est permis.

Celui qui a pensé que tu saurais être le porte-voix, davantage que le porte-plume, a dit de toi : dans ses romans, il dénonce l'injustice, mais il rend beau ce qui est conséquence de l'injustice et belle aussi est sa révolte. Pas si mal vu.

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6 décembre 2016 2 06 /12 /décembre /2016 15:15
Amiens. Service de Presse. Déc. 2013. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Service de Presse. Déc. 2013. © Jean-Louis Crimon

Conférence de Riga. Jeudi 8 déc. 2016. SUITE et... FIN

 

"Du côté de chez Shuang" est un "roman romance" où, toujours, tout recommence... où ce qui prime sur le roman, c'est la romance, où c'est l'amour des mots qui, toujours, à le dernier mot.

 

Petit extrait de ce "petit roman chinois", comme j'aime à le définir affectueusement : c'est page 57 de "Du côté de chez Shuang", il s'agit du moment où le narrateur vient d'expliquer à Shuang, la jeune héroïne, que ce qu'il n'aimait pas dans le "Je t'aime", c'est que le "Je" est toujours premier par rapport au "tu", et qu'il faudrait plutôt dire, par délicatesse, et par amour, même si ça ne sonnerait pas très "français": "toi, aimée de moi".

 

Le narrateur lui offre alors son tout dernier poème.

Il faut dire que le narrateur est un grand romantique, et qu'il s'est juré de composer, pour son étudiante adorée, " un poème par jour " ! Voici le poème du jour :

 

Je t'aime, je t'aime,

Platoniquement,

Je suis ton amant,

De coeur

Uniquement,

Je meurs

Si je mens.

 

Je t'aime, je t'aime,

En or, assurément,

Ce beau sentiment,

De coeur

Seulement,

Je suis

Ton amant.

 

Je t'aime, je t'aime,

Le corps entre nous,

Comme moi, tu t'en fous,

Ce n'est pas pour nous,

De coeur

Uniquement,

Je suis ton amant.

 

Répétitions, redoublements, allitérations, assonances, rimes intérieures... tout ce qui constitue la dimension sonore de l'écriture, est essentiel à mes yeux, même si - suprême paradoxe ! - j'écris avec l'oreille.

De la même façon, j'attends de mes lecteurs qu'ils se révèlent capables de me lire - si je puis dire - avec les oreilles.

Sans pour autant fermer les yeux. Ce que je dois aussi vous préciser, ce que je dois vous DIRE sur ma façon d'ECRIRE, c'est que si j'écris AVEC LA VOIX, je n'écris pas ASSIS à ma table de travail, j'écris en marchant, en bougeant, j'ai vraiment le sentiment que je n'écris bien qu'en mouvement, qu'en MARCHANT.

 

MONTAIGNE, dixit:

Mon esprit ne va si les jambes ne l'agitent !

Plus précisément encore, pour vous démontrer l'importance vitale du mouvement, du déplacement physique, dans le mouvement de l'écriture, Montaigne toujours et encore :

 

Mes pensées dorment si je les assois.

Mon esprit ne va si mes jambes ne l'agitent.

 

Pour être complet et totalement transparent avec vous, je dois aussi vous confesser que la séduction du son, l'attraction irrésistible de la musique des mots, comme le chant des sirènes, ne me sont pas subitement tombées dans l'oreille quand j'ai découvert le journalisme radio. C'est une manie, une manière d'écrire, en tout cas une façon d'être qui remonte à l'enfance, sinon à l'adolescence.

 

EXEMPLE avec ce début de mon premier vrai poème qui remonte à mon année de quatrième ou de troisième, au Collège :

 

Comme l'eau qui goutte à goutte tombe du toit

Pleure mon triste coeur...

 

Imitation/appropriation de la mélancolie de la pluie. Le son de ce "goutte à goutte tombe du toit" fait entendre la chanson de la pluie telle que je l'ai dans l'oreille depuis que je suis tout petit : la gouttière près de ma chambre devait être percée et j'ai dû être bercé par ce "goutte à goutte" de la pluie de Picardie où il pleut souvent, enfin où il pleut parfois, enfin où il pleut, quoi, autant qu'à Riga !

 

J'avais 14 ou 15 ans, et, bien évidemment je ne connaissais pas le mot "allitération", ni son sens, mais, manifestement, j'avais trouvé le sens du son, et, en classe, quand, ( à cause de mon camarade d'internat, Dudule, DD, Denis Dufresnoy, qui m'avait piqué mon cahier de poèmes pour le déposer ostensiblement sur le bureau de notre Professeur de Lettres, une jeune femme d'une trentaine d'années à peine, qui répondait au doux prénom de Claire ), quand la Prof s'est emparé de mon poème et qu'elle l'a lu, à haute voix devant toute la classe, médusée, et qu'elle s'est exclamée "Bravo Crimon, vous avez trouvé... ", je ne savais, bien sûr, plus où me mettre et la professeur de lettres reprenait, cette fois, à l'attention de tous mes camarades :

 

Comme l'eau qui goutte à goutte tombe du toit

 

ça vaut largement :

 

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes

 

 

Vous imaginez "honte et fierté mêlées" pour le fils de jardinier et d'ouvrière d'usine, le "bouseux" que j'étais pour mes camarades citadins.

Crimon aussi fort que Racine, Andromaque, Acte V, scène 5.

Crimon, ch'gougnou, comme ils m'avaient élégamment surnommé à cause de mon méchant strabisme à la Jean-Paul Sartre, 

Crimon, le cancre, qui soudain se met à égaler Racine et son harmonie imitative de la reproduction du bruit du serpent par redoublement des consonnes sifflantes "s",

Crimon qui invente, sans le savoir, l'harmonie imitative de la reproduction du bruit de la pluie par le redoublement de la consonne "t",

multitude de sons "t" qui donnent vie au "touc/touc/touc" des gouttes d'eau qui tombent une à une, ou à deux ou trois, et qui font ce bruit là, quand elles tombent du toit :

Comme l'eau qui goutte à goutte tombe du toit

Superbe alexandrin, parfait alexandrin, qui valait bien, c'est sûr, - enfin, de le croire aujourd'hui, ça m'amuse et ça me rassure ! - l'alexandrin de Jean Racine !

Une allitération, du latin ad (à) et littera (lettre), est une figure de style qui consiste en la répétition d'une ou plusieurs consonnes, souvent à l'attaque des syllabes accentuées, à l'intérieur d'un même vers ou d'une même phrase. Elle vise un effet essentiellement rythmique, mais permet aussi de redoubler, sur le plan phonique, ce que le signifié représente. Elle permet de lier phoniquement et sémantiquement des qualités ou caractéristiques tenant du propos afin d'en renforcer la teneur ou la portée sur l'interlocuteur. L'allitération a une forte fonction d'harmonie imitative ; en ce sens elle peut être considérée comme un type d'onomatopée :

Exemple avec  le célèbre vers de Jean Racine:

Pour qui sont ses serpents qui sifflent sur vos têtes.

L'allitération est couramment utilisée en poésie, mais est également connue en prose, particulièrement pour des phrases courtes ou dans les romans poétiques.

 "Des assonances et des allitérations qui constituent la substance sonore de la poésie." (Paul Valéry). 

J'avais, je vous le redis, 14 ou 15 ans, et à l'époque je ne connaissais pas le mot "allitération", encore moins sa signification.

Disons que sans doute, j'avais déjà en moi la faculté d'être "une oreille". Une oreille davantage qu'une voix.

C'est exactement ça : j'ai d'abord été une oreille avant de vouloir être une voix.

          

 

Je ne sais pas si j'ai le temps de revenir encore quelques instants sur "Du côté de chez Shuang", mon petit roman chinois, qui sera (Pub' !) bientôt traduit en letton, grâce à Agnese Kasparova et à Gilles Bonnevialle, mais je voudrais, pour vous donner l'importance du "son" et de la "chanson" dans l'écriture de ce roman, vous donner à entendre un autre passage, curieusement un autre poème, comme je sens que vous aimez les poèmes...

 

Ce passage se situe précisément pages 42 et 43. Le narrateur, Laoshi, (Professeur en chinois), vient de saluer sa classe de troisième et quatrième année de français, dans l'amphithéâtre où prend place chaque semaine une bonne centaine d'étudiants, surtout des étudiantes. Juste après le nihao habituel, il tourne le dos à sa classe et commence à écrire au tableau noir, en silence :

 

Dès le début d'octobre

D'un geste précis et sobre

Il entre en scène

Sans mise en scène

Ici, là, ou ailleurs,

Lui, le balayeur...

 

Il décrit d'étranges arabesques

Dessine d'invisibles fresques

Avale des morceaux entiers de trottoir

Ne se raconte pas d'histoire

Ne tire aucune gloire

D'un destin pourtant méritoire...

 

Il balaie du matin au soir

Sans prendre le temps de s'asseoir

Vous le regardez sans le voir

Sa vie est monotone

A peine si ça vous étonne

Le balayeur efface... l'automne.

 

Je vous avoue que j'ai toujours dans l'oreille le son étrange des balais qui crissent doucement et qui caressent les allées et les trottoirs du campus de Chengdu, près de la Résidence des professeurs étrangers où j'avais mon appartement.

Réveillé, fasciné, dès quatre heures du matin, l'heure des balayeurs de Chengdu, par ce côté lancinant, envoûtant, de la musique des balais de paille ou de genêts dans les feuilles mortes.

Irrésistible chant des sirènes pour intriguer et - qui sait ? - séduire le marin terrestre que je suis.

Un romancier, c'est un balayeur qui balaie les idées reçues.

 

Je dois vous faire un dernier aveu : quand j'étais enfant, j'avais la manie de ramasser des cailloux, des silex aux formes bizarres, des galets aux couleurs étranges, des cailloux que je mettais dans mes poches. Ça enrageait ma mère qui devait souvent réparer les trous que les cailloux avaient fait dans mes poches.

Aujourd'hui, quand je les regarde, les cailloux de mon enfance, ils brillent comme des pierres précieuses.

Là aussi, sans doute, s'enracine ce curieux désir d'écrire. Tout le monde n'écrit pas. Tout le monde n'éprouve pas le besoin d'écrire. Heureusement d'ailleurs, puisque ceux qui n'écrivent pas - le monde est bien fait - adorent lire.

Lire les livres de ceux qui écrivent.

L'écriture, pour moi, c'est tout simplement ça, c'est voir des pierres précieuses là où la plupart des gens ne voient que des cailloux. Si mes mots allument des étoiles dans les yeux de ceux qui me lisent ou qui m'écoutent, alors je suis le plus heureux des orpailleurs de la rivière de la langue.

 

Riga. Jeudi 8 Déc. 2016.                                                                         Jean-Louis Crimon

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5 décembre 2016 1 05 /12 /décembre /2016 17:34
Amiens. 5 Déc. 2016. © Jean-Louis Crimon/Capture d'écran France 2.

Amiens. 5 Déc. 2016. © Jean-Louis Crimon/Capture d'écran France 2.

Cher Citoyen toujours en éveil,

 

Dingue quand tu y penses : Cameron, Sarkozy, Juppé, Hollande, Renzi, ça valse un max ces temps-ci. Le pouvoir est périssable. L'exercice du pouvoir, pas inoxydable. Surtout pour celui qui croit être élu... à vie. Se pensait en CDI. N'avait qu'un CDD.

 

Renzi Exit = Renzit.

 

Dingue et tellement prévisible. Tellement logique. Tellement attendu. Tellement... normal. Ont tellement trahi. Tellement déçu. N'ont pas été à la hauteur de leurs promesses. Se sont faits porter au pouvoir sur un programme qu'ils ont trahi dès le premier jour.

Depuis la claque de David Cameron et le fameux Brexit, - Britain Exit -, ça dépote, mon pote, Sarkozy, Juppé, Hollande, Renzi, ça valse à donf.

Malentendu, quelqu'un a cru entendre "Ça Valls" et voilà, n'en jetez plus, honni soit qui mal y pense, ça nous fait un candidat de plus qui entre dans la danse. Ça valse sec, c'est sûr. La conquête du pouvoir motive, avec ou sans leitmotiv.

Le peuple, ou plutôt cette moitié de peuple qui se fait encore un devoir d'aller voter, a toujours le pouvoir de se révolter. Tu te dis que, toujours, tout est toujours possible. Le pouvoir de dire NON, c'est la forme supérieure du pouvoir.

La vraie vie toujours peut rebattre les cartes et redonner le tempo. Reprendre en mains son destin.

Tu n'imaginais même pas ça dans un film politique, même pas dans un film de Costa Gavras, tu sais, l'auteur de " Z ", ce film  qui t'avait fait follement aimer la politique. L'action politique. Qui t'avait fait te sentir Citoyen, pour la première fois de ta vie. Qui t'avait transmis ce sentiment curieux d'appartenir à la Cité.

 

" Z " de Costa Gavras et " Le mani sulla città " de Francesco Rosi. Ta véritable éducation de Citoyen. Tes fondations. Tes "bases" à tout jamais.

 

 
  
  
  
 

 

  
  
  

 

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4 décembre 2016 7 04 /12 /décembre /2016 17:35
Chengdu. 23 Oct. 2013. Lecture de "Shuang" à Confucius qui, mais oui, applaudit. © Baptiste Resse

Chengdu. 23 Oct. 2013. Lecture de "Shuang" à Confucius qui, mais oui, applaudit. © Baptiste Resse

Conférence de Riga. Jeudi 8 déc. 2016. SUITE...

 

Dans les pas de mon père jardinier, j'ai d'abord fait le tour du jardin, de notre jardin, puis le tour du village, puis le tour des autres villages aux alentours.

Mon père était le meilleur bêcheur de jardins à 50 kilomètres à la ronde.

Chaque jour de la semaine, après sa journée de travail et après ma journée d'écolier, nous avions un jardin à faire, un jardin à défricher, un jardin à remettre en état, un jardin à entretenir.

 

Dans sa vie de jardinier, il en a retourné des jardins, mon père. Jour après jour, soir après soir. Celui du Curé, celui de l'Instituteur, celui de la Tante Laure, celui du Père Delacroix, celui du Châtelain du village, et ceux que j'oublie. Il y avait un jardin pour chaque soir de la semaine. Il ne restait à mon père que le Dimanche pour son jardin à lui. J'adorais les Dimanches.

C'est dans cette enfance de travailleur manuel que j'ai commencé à rêver plus grand, à rêver de la ville. Mais ça prend du temps pour un fils de jardinier d'arriver jusqu'à la ville. Du temps et au moins trois romans.

 

Je dois vous dire aussi que je suis d'abord passé par la philosophie et que j'ai enseigné la philosophie au Lycée, durant deux années scolaires. Un temps où j'étais Maître Auxiliaire et où je terminais chacun de mes cours par ce gimmick improvisé dès la première semaine de rentrée scolaire et valable pour la vie entière :

Entre ÊTRE et AVOIR, ne vous trompez jamais d'auxiliaire, et vous pouvez me croire,

moi qui suis... MAÎTRE AUXILIAIRE !

Parfois, en ville, - j'habite désormais à nouveau la ville où j'ai été professeur de philosophie - il m'arrive de croiser des presque quinquagénaires qui viennent vers moi et me déclarent, ou me déclament, - c'est selon - avant même de me dire Bonjour :

Entre Être et Avoir...

Des anciens élèves assurément, qui ont sans doute retenu l'idée la plus importante de mes cours de philosophie.

C'était dans l'autre siècle, à la fin des années 70, à la fin des années 1970.

J'ai ensuite bifurqué vers le journalisme, la presse écrite, et ensuite la radio. Le Courrier Picard a été le lieu de mes premiers apprentissages. De mes premiers reportages. De mes premières pitreries journalistiques aussi. De "Je suis une betterave qui rêve de voir la mer" à " Sans TGV, on va VGT ", j'en passe et des meilleures ou de plus mauvaises encore. J'oubliais " Dis donc, Dieu, as-tu composté ton billet ! ", en chute d'un reportage sur le départ, en gare d'Amiens, des pèlerins pour le pélerinage de Lourdes. (Juillet 1979).

La radio, ce fut d'abord Radio France Picardie, la radio de ma région, la radio régionale, puis France Inter,  puis l'étranger, l'international, le Danemark, là où j'étais l'Envoyé Spécial Permanent de Radio France, en poste à Copenhague, pour les pays Scandinaves et la Finlande, et aussi - mais oui ! - les pays Baltes.

C'est donc pour moi, ici, ce matin, comme un retour aux sources. Je suis déjà venu à Riga, en Septembre 1993, cette fois là, dans les pas du Pape Jean-Paul II, qui, pélerinant de Vilnius à Tallin, s'est bien sûr arrêté à Riga. Premier pélerinage du Pape Jean-Paul II, dans les Etats Baltes et... j'étais là. Avec mon micro et mon magnéto. Pour la radio. Pour Radio France.

Plus sérieusement, je me propose de vous expliquer comment l'écriture du "journaliste radio" que j'ai été pendant près de 30 ans, à Radio France Picardie, d'abord, ensuite à France Inter, et enfin à France Culture, a pu avoir une influence sur l'écriture du romancier que je suis devenu.

Comme l'écrit radio peut interférer sur l'écriture romanesque.

Vous ne le savez peut-être pas, ou vous n'en avez pas vraiment conscience, mais à la Radio, on écrit, on écrit avant de s'en aller parler au micro. Parfois même, dans l'ascenseur, quand le studio n'est pas au même étage que la Rédaction, vous pouvez encore modifier votre texte. En le parlant à haute voix. C'est le moment de modifier un mot sur lequel vous plantez, vous accrochez  - traduisez, sur lequel vous "buttez" -, un mot que vous ne prononcez pas de façon fluide... Ce mot-là doit être abandonné. Sans regrets. 

A la Radio, on écrit son texte, ses lancements, ses brèves, avant de les parler au micro. Ce passage par l'écrit, avant de passer à l'oral, est fondamental. D'abord, parce qu'il permet de chronométrer la durée de son texte et de respecter parfaitement le temps imparti. Si le format d'un journal radio est de 20 minutes, et si vous avez 10 minutes de "sons", c'est à dire d'interviewes et  de reportages, celà signifie que vous n'aurez que 10 minutes de "parole" dans votre propre voix.

Cela implique forcément une stratégie particulière de l'écriture radio. Surtout des choix au niveau même des mots.

Par exemple, on préférera le mot "vie" au mot "existence", même si le concept d'existence est beaucoup plus riche de sens, mais dans le message radio, "une syllabe", toujours, l'emporte sur "trois syllabes".

Pour des raisons évidentes de briéveté et de concision. De clarté.

 

Pour les auditeurs, aussi pour les auditrices, dire "La vie est dure", est beaucoup plus immédiatement "parlant" que d'entendre: " L'existence est difficile". Sauf, bien sûr, dans une émission philosophique sur France Culture.

A la radio, quand on présente les nouvelles de l'actualité, on écrit pour l'oral, et on parle déjà son texte en l'écrivant.

C'est une réalité méconnue du grand public : quand le journaliste écrit son "journal radio", il dicte ses phrases, ses mots, à une dactylo qui, elle, au clavier de l'ordinateur, tape le texte qui sera "parlé". On disait d'ailleurs autrefois "le journal parlé".

Le journaliste travaille donc une "écriture orale", une "écriture vocale". Souvent, il est debout, quand il dicte et il peut marcher en dictant. Vous verrez plus loin que cette notation a son importance.

La dactylo est aussi, de fait, la première oreille du journaliste radio. Son rôle est fondamental. Si la dactylo ne comprend pas instantanément ce que le journaliste exprime, c'est que ce n'est pas bien écrit, pas assez, pas suffisamment bien écrit pour l'oral. L'oreille de la Dactylo sait "décoder" dans l'instant ce qui ne passe pas à l'oral.

Autrement dit, et pour vous le dire d'une autre façon, le texte radio du journaliste radio, on se le met en bouche, on se l'écrit dans sa voix. Enfin, disons que c'était ma méthode, ma façon de faire, ma manière d'être, au temps où j'exerçais cette particularité du métier de journaliste qui consiste à être "présentateur des informations d'actualité".

 

De la même manière, si je me situe, pour vous, maintenant, sur le plan du "romancier", je dois vous dire que lorsque je compose mes romans, je me parle à moi-même le texte que je veux écrire. Même si je dois le faire à voix basse, je me le mets en bouche et si la saveur des mots me convient, alors je les parle à haute voix, je les vocalise, je les soumets à mon oreille. Avant de les écrire, à la main, ou au clavier.

 

En fait, dans mon travail de romancier, consciemment ou pas, je m'organise pour que le "son" soit présent dans la chanson.

Je dis "chanson" volontairement, pas seulement pour la rime, parce que je dois ici vous faire une adorable confidence, à propos de mon dernier roman, " Du côté de chez Shuang ".

 

J'ai un ami cheminot, qui travaille à la SNCF, les chemins de fer français, et je lui ai offert mon petit roman chinois dès qu'il est paru. Mon ami cheminot est non seulement un bout en train - jeu de mots ! - c'est aussi un très bon lecteur.

 

Il a vraiment dévoré "Du côté de chez Shuang" et sa réaction m'est allée droit au coeur. Il m'a dit:

C'est la première fois que je prends plaisir à écouter une chanson de 180 pages !"

 

Une chanson de 180 pages ! Le plus beau des compliments possibles pour le romancier musical et vocal que je voudrais être. Preuve que mon ami lecteur mélomane a été sensible à la musique de mes mots. A la mélodie qui porte cette balade poétique et politique dans la Chine contemporaine.

A cette fiction qui a des allures de récit.

A ce récit qui a des accents de roman.

A cet amour platonique qui fait penser au Giacomo de James Joyce quand il s'exclame :

 

" Ecris-le, bon sang, écris-le ! De quoi d'autre es-tu capable ? "

 

                                                                                                                         SUIVRA...

 

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3 décembre 2016 6 03 /12 /décembre /2016 16:18
Amiens. Petit séminaire. Année scolaire 1960-61. Elève de 6 ème 2.  © droits réservés.

Amiens. Petit séminaire. Année scolaire 1960-61. Elève de 6 ème 2. © droits réservés.

Cher rêveur de rêves impossibles,

 

Plus de 55 ans de temps humain se sont écoulés depuis cette photo d'identité. En haut, à gauche, tu reconnais la belle écriture de ta mère qui a tenu à dater Janvier 1961. La photo a dû être prise chez Hacquart, le célèbre photographe amiénois de la rue des Trois Cailloux. Y aller, avoir l'honneur d'être photographié par le Maître, c'était comme passer à la postérité. Tes parents le prétendaient. Toi, la postérité, tu ne savais même pas ce que ça voulait dire.

...

55 ans plus tard, presque 56, tu peaufines et tu fignoles à satiété la conférence qui doit ouvrir le colloque de Riga. Dans le regard de l'élève de sixième 2, était-il écrit que, renvoyé du Petit séminaire pour avoir osé répondre "NON" à la question du Père Supérieur "Pensez-vous avoir la vocation ?", tu continuerais ton chemin, en dehors des sentiers battus. Que même battu tu ne serais jamais perdu. Que même perdu, tu ne t'avouerais jamais vaincu. Qu'avec ou sans la bénédiction du Père supérieur, tu aurais droit aux études... supérieures.

 

Ecrire avec la voix, c'est le titre provisoire que tu as donné à la responsable du Colloque. Tu as précisé, en sous-titre : "De l'importance des cordes vocales dans la musique de l'écriture." Tu as choisi, pour mieux cueillir ton auditoire, de commencer par un extrait d'un de tes romans. Le plus autobiographique de tous. Rue du Pré aux Chevaux .

 

Souvent le matin, quand il part, il dit : Je m'en vais chercher le soir. J'aime la phrase. La musique de la phrase. Elle est belle. Belle comme une phrase d'écrivain ou de poète, s'il avait pour écrire autre chose qu'une bêche ou un râteau. S'en aller chercher le soir, comme si on pouvait vraiment s'en aller au devant de lui, le soir. Comme s'il existait déjà quelque part, le soir, sans qu'on le sache et qu'on soit simplement sûr d'une chose: il faut se mettre en route pour marcher à sa rencontre.
C'est pour ça que chaque matin, très tôt, il se lève quand tout le monde dort encore dans la maison. Pour s'en aller au devant de lui, le soir. Pour ne pas le manquer. Car il faut marcher longtemps. Très longtemps avant de le rencontrer, le soir. Alors, on lui tend la main, au soir, et on lui souhaite "Bonsoir" au soir, et on le ramène à la maison. Pour passer la soirée avec lui. Pour lui offrir un bon endroit pour la nuit, et lui souhaiter "Bonne nuit" au soir. Avant ça, bien sûr, à notre table, on l'inviterait à s'asseoir, le soir. Pour dîner avec lui. Pour une fois, on ne souperait pas en silence. On le ferait parler de sa journée à lui, le soir, et on lui parlerait de la nôtre aussi.

                                                                              Rue du Pré aux Chevaux, roman, Le Castor Astral, 2003.

                                          

 

Cet extrait de mon deuxième roman pour vous mettre d'emblée, dans l'oreille, ma façon de jouer avec les mots. Ecrire, pour moi, c'est d'abord jouer avec les mots, composer avec les mots, avec la musique des mots, la mélodie de la phrase. Souvent, chez moi, les sons devancent le sens. N'en déduisez pas que le sens n'a pas d'importance, mais c'est comme ça, chez moi. Ça commence toujours comme ça. Comme si le rôle du son, c'était d'annoncer le sens. Comme si le son préside à la naissance du sens. Comme si le son était le parrain de baptême du sens.

Mais je dois d'abord vous faire un aveu : me retrouver là, devant vous, ici, à Riga, capitale de la Lettonie, moi, le gamin de Picardie, qui a appris le monde dans les pas de son père jardinier, derrière sa bêche, à ramasser les racines de liserons ou de chiendent, les racines de mauvaises herbes, comme on disait, en ce temps-là, ça me semble assez saugrenu et très insolite.

Vous avoir dit OUI pour être celui qui ouvre ces deux journées internationales consacrées à L'oral et l'oralité, dans les langues romanes, baltes et scandinaves, c'est, de ma part, grande naïveté et superbe inconscience. Nous mettrons ça sur le compte de ce que nous appelions autrefois, avec mes amis du temps de nos études de philosophie, au tout début des années 70, la "hardiesse des timides".

La raison ?

J'ai le sentiment de ne pas être tout à fait légitime. L'impression que l'on a dû m'attribuer des qualités ou des compétences que je ne possède pas. Non, ce n'est pas de la fausse modestie, simplement de la vraie lucidité.

Car, quand je vois la qualité des intervenantes et des intervenants de vos deux journées d'études, l'expertise à attendre des spécialistes de la langue, des langues, romanes, baltes et scandinaves, je me sens dans la peau de "l'amateur" à côté de tels professionnels. Un amateur qui, certes, aime les mots, mais qui n'a dans son bagage que des mots de journaliste ou des mots de romancier.

 

Bien sûr, rassurez-vous, j'ai écrit et j'ai publié. J'ai écrit, beaucoup, et j'ai publié, très peu. Quatre romans, deux biographies, et tout de même -c'est vrai- des centaines d'articles et de chroniques diverses, au temps où j'étais journaliste de presse écrite, mais, vraiment, au fond, je me pose sincèrement la question:

qui suis-je ?

pour venir vous parler, ici, en Lettonie, à l'Université de Riga, de l'oral et de l'oralité ? De l'importance du "son" dans ma façon d'écrire ou dans ma manière d'être écrivain.

 

Ecrivain, cela aussi doit être nuancé, disons plutôt romancier. Ecrivain, très franchement, très simplement pour moi, ça ne vous étonnera pas, ça rime plutôt avec Balzac, Maupassant, Hugo ou Camus, et je vous le dis sans fioritures, je ne fais pas la taille et je n'ai pas la stature. Pas la pointure. Romancier me va mieux, dans la mesure où le romancier est celui qui écrit des romans. Oui, assurément, romancier, me suffit et me va bien. Comme aurait dit un grand Général président -de Gaulle, pour ne pas le nommer : "Cela eut été sans dire, mais cela va mieux en le disant."

Pour vous mettre parfaitement à l'aise avec ma personne et mon parcours dans le monde des mots, je vous dois deux ou trois petites choses côté biographique.

Avant de nous aventurer vers la dimension parfois autobiographique de certains de mes romans.

 

Une mère, à demi-Italienne, par son père, -mon grand-père, Francesco Zanda-, une mère très volubile, et un père né en Champagne, plutôt silencieux, "taiseux", en tout cas pas très "démonstratif", m'ont fait ce que je suis, un être partagé, déchiré, entre deux tentations extrêmes : la tentation de la parole et la tentation du silence.

 

Un être extraverti et un être secret, discret, solitaire. Capable d'être heureux, en groupe, avec les autres, et tout aussi capable d'être heureux, seul, tout à fait seul, vraiment seul. Solitaire.

Un être "extraverti" qui a toujours besoin d'un public, ou d'un auditoire, pour exister et un "introverti" qui voudrait rester, le plus souvent, cloîtré, caché, dans son appartement ou dans sa chambre d'Hôtel.

Pour goûter le plaisir et le bonheur de la rêverie. La rêverie solitaire.

Un bonheur qui, pour cet être-là, n'a pas de prix.

 

Enfance dans une famille où il n'y avait pas de livres. Juste un Missel, le livre de messe. Enfance déterminante. Les seuls livres que j'ai pu lire appartenaient à la Bibliothèque de l'Ecole Primaire de mon village, Contay, mon Combray à moi.

"Verlaine avant-centre" et "Rue du Pré aux Chevaux", mes deux premiers romans, sont nés, vraiment, de cette enfance particulière, dans une famille que ma mère aimait à qualifier de "modeste", pour ne pas dire "pauvre".

Pauvres, nous l'étions, mais très tôt, je me suis senti riche d'autre chose.

C'est sans doute pour ça que je me suis dit, l'année de mes 9 ans, que plus tard, quand je serai grand, j'écrirai des... romans.

 

                                                                                                                              SUIVRA...

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2 décembre 2016 5 02 /12 /décembre /2016 18:40
Amiens. Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon

 Cher  photo graff,

 

Tu t'amuses souvent des mots des murs, des mots d'amour, des mots d'amour des murs. C'est touchant, déroutant, inattendu souvent. Ça tient de l'acte gratuit et tu demandes si jamais, parfois, c'est... payant.

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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 23:08
Amiens. 1er Déc. 2016. © Jean-Louis Crimon / Capture d'écran France 2.

Amiens. 1er Déc. 2016. © Jean-Louis Crimon / Capture d'écran France 2.

Cher citoyen du 20 heures,

 

Ce soir, vraiment, tu te dis que l'actu, ce n'est rien d'autre qu'une série à rebondissements permanents. Tu te demandes qui peut bien être ce scénariste fou qui prend à ce point son pied dans l'art du contre pied ? 

Trump, Fillon, nouveaux champions !

Exit Sarkozy ! Exit Juppé ! Exit Hollande ! qui en redemande ? Macron m'a cramé. M'a cramé. Macramé. Macron, adoubé en son temps par le roi républicain, à tout jamais Brutus pour le vulgum pecus.

Macramé. Activité manuelle ancestrale, le macramé dans ses techniques de base, est simple à apprendre et apprécié de tous. Bande de nœuds !
Il s'agit d'abord d'apprendre le noeud plat.
A partir de ce noeud de base du macramé se déclinent d'autres noeuds. Ce noeud plat est donc la base indispensable du macramé. 

En fait, hier soir, dans ta lucarne républicaine, le type, costard noir, voix blanche, l'air un peu gauche, c'est un grand fan de Gainsbourg. Voulait faire chanteur, au départ. Sa carrière n'est qu'un immense malentendu. Être Président, l'a jamais voulu !

Personne ne te croit. Pourtant, toi, tu l'as bien entendu. Les paroles, c'était exactement les paroles d'un Adieu à la France. Un Adieu à la République, pas toujours bonne fille, parfois fille publique.

 

"Je suis venu te dire que je m'en vais

Et tes larmes n'y pourront rien changer
Comm' dit si bien Verlaine au vent mauvais
Je suis venu te dire que je m'en vais

Tu t'souviens de jours anciens et tu pleures
Tu suffoques, tu blêmis à présent qu'a sonné l'heure
Des adieux à jamais
Ouais je suis au regret
D'te dire que je m'en vais
Oui je t'aimais, oui mais...


Je suis venu te dire que je m'en vais
Tes sanglots longs n'y pourront rien changer
Comm' dit si bien Verlaine au vent mauvais
Je suis venu te dire que je m'en vais


Tu t'souviens des jours heureux et tu pleures
Tu sanglotes, tu gémis à présent qu'a sonné l'heure
Ouais je suis au regret
D'te dire que je m'en vais


Car tu m'en as trop fait.

 

Pas mal, non, comme lettre d'adieu. Sûr, c'est ce que fredonnait ce type en costard noir qui est venu te plomber la soirée.
 

 

 

 

 
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30 novembre 2016 3 30 /11 /novembre /2016 11:27
Amiens. Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon

Cher petit piéton qui passe,

 

Laisser sa trace. Tout le monde en rêve. Tout le monde rêve de laisser sa trace. Tout dépend de la trace. Trace des pas dans la neige. Trace d'une semelle sur le bitume. Trace dans la mémoire des gens. Dans la mémoire du siècle. Trace dans la mémoire des mots.

Sans comprendre pourquoi, dans la neige, il y a déjà la trace de mes pas. Tu le crois ou pas, mais c'est toi qui a dû écrire ça. Il y aura bientôt vingt ans. Page 50 de Verlaine avant-centre.

Verlaine avant-centre. Le Castor Astral. 2001.

 

2001, L'Odyssée de l'espace. Non, 2001, L'Odyssée de la trace. 

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