Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 novembre 2016 1 14 /11 /novembre /2016 21:34
Amiens. 14 Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon / Capture d'écran M6.

Amiens. 14 Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon / Capture d'écran M6.

Cher téléspectateur lambda,

 

Arrête de te croire au-dessus du lot, pauvre ballot, tu l'as bien maté ce deuxième lot. Tu voulais voir. Voir et savoir. Vraiment savoir. Absolument savoir. Savoir si les deux petits amoureux à la Peynet du premier épisode se diraient OUI. Oui à la Mairie, OUI pour la vie, OUI pour la nuit, OUI pour la noce et OUI pour la nuit de noces.

Avoue: tu as même rêvé un max devant ces premiers mariés... mode Mariés au premier regard. Tout était parfait. Si parfait. Ils étaient faits l'un pour l'autre et ils ne le savaient pas. Sans l'algorithme de M6, seraient passés à côté l'un de l'autre. Dingue, non ?

 

Forcément, dans le deuxième couple, c'est le mec qui n'est pas à la noce. La promise est trop hésitante. Sa mère trop négative. Va faire capoter l'histoire d'amour, la mother. Incroyable le pouvoir des gens négatifs. Ils t'inoculent leur propre angoisse et après, le comble, ils te traitent d'angoissé ! Sent le roussi dès le départ l'histoire avec la jolie frimousse de la jolie rousse. Mais, bien sûr, suspens oblige, tu n'auras la réponse de la presque mariée au premier regard que lundi prochain. La semaine prochaine. C'est écrit en incruste sur le dernier plan. Beau visage de la peut-être future mariée. Mais... Lèvres fermées. Lèvres muettes. Tu ne sauras rien, rien de rien, avant... next monday.

 

Le poste éteint, une multitude de questions  te taraudent l'esprit : sont-ils payés comme des acteurs ceux qui acceptent de jouer leur propre vie devant les caméras de Mariés au premier regard ? Apprennent-ils leur texte ? Tout semble si bien scénarisé. On leur écrit forcément leur texte. On leur décrit la scène. Ne sont-ils alors que des marionnettes ? Les maris honnêtes ne sont que des marionnettes. Question encore: où est vraiment le réel dans cette comédie qui se fait passer pour la réalité ?

Questions sans réponses. Tu es au pays de la télé... réalité. La réalité télévisée ne te donne que des visions du réel. Pas le réel. C'est la règle, la loi du genre : dès qu'il y aura caméra, le réel s'en ira.

MARIéS au premier regard, faut voir... Trop beau pour être vrai.

Partager cet article
Repost0
10 novembre 2016 4 10 /11 /novembre /2016 17:11
Amiens. 10 Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon

Amiens. 10 Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon

Cher photographe égaré,

 

Tu as de plus en plus le sentiment que ce n'est pas ton regard qui regarde mais les yeux des affiches qui se tournent vers toi. La preuve encore ce matin. Preuve flagrante. L'instant d'avant, c'est sûr, la fille de l'affiche regardait droit devant. Au moment précis où tu passes derrière la vitre de l'abri bus, elle te cadre soudain, avec les mains, et s'amuse de ta façon de faire des photos. 

Dingue, non ? Ceux à qui tu en parles ne te croient pas. Se moquent de toi. Te prient d'aller consulter. Au plus tôt. Et pas un Ophtalmo.

Pourtant, la preuve est là. Bien là.

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2016 3 09 /11 /novembre /2016 15:17
Amiens. 9 Novembre 2016. © Jean-Louis Crimon / Capture d'écran franceinfo:

Amiens. 9 Novembre 2016. © Jean-Louis Crimon / Capture d'écran franceinfo:

Cher amère loque insomniaque,

 

Nuit cauchemardesque. Annonciatrice de ce qui risque d'arriver en France en Mai prochain si le pays de Voltaire et d'Hugo ne se ressaisit pas. Tu titubes devant ton écran et tu n'as pourtant rien bu. Juste du café pour te tenir éveillé.

Devant ta boîte à images, tu n'en crois pas ce qui se passe là-bas aux Etats-Désunis d'Amérique. Qu'un peuple de Mickeys se choisisse pour Roi un Donald en habits de Picsou, ce serait drôle si le Monde était un humoriste, mais c'est trop sérieux pour accepter qu'un milliardaire narcissique s'achète l'Amérique, en s'étant vanté de ne pas payer d'impôts. Le comble.

Là-bas ou ici, tu te demandes comment l'on peut, décemment, se réjouir devant pareil choix ? Le hold-up du milliardaire semblait impensable. Impossible. C'est ce matin réalité. Le milliardaire rafle la mise. Au Casino des surenchères, le roi des menteurs et des bonimenteurs s'est taillé un costard de Président.

Seul espoir, sur cette image arrêtée, le fils du fou semble perplexe. Pas sûr qu'il partage absolument tous les excès du père. Comme si le fils du Milliardaire Président se sentait déjà... clodo de l'âme.

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2016 1 07 /11 /novembre /2016 21:48
Amiens. 7 Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon / Capture d'écran M6.

Amiens. 7 Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon / Capture d'écran M6.

Cher téléspectateur du Meilleur des Mondes,

 

Tu n'en reviens pas et pourtant ça ne t'étonne pas. Huxley et Orwell en sont sans doute sur le cul. Leur monde parfait est parfaitement au point. Pour ne pas dire parfaitement au monde. C'est beau et désespérant à la fois. C'est sur M6. Dernière émission de télé-réalité et stade ultime de la réalité de la télé. D'une certaine télévision. La télévi/con dirait Ferré.

"Mariés au premier regard", c'est le beau titre de ce monde étrange et merveilleux à la fois, un conte de fée où les fées sont très joueuses et au fond très sorcières : on peut vraiment se marier avec une inconnue, totalement inconnue, jamais vue, jamais croisée dans la rue, jamais embrassée, même simplement sur la joue, même jamais matée sur la plage, jamais vue avant. C'est déroutant et désolant. Fascinant et affligeant. Mais ça plait et ça va plaire à un paquet de gens.

 

"On peut vous trouver  - mieux que vous - la personne qui est faite pour vous", c'est le postulat de départ des trois experts folamour de ce nouveau dating. Les futurs époux, sélectionnés par des scientifiques, avec ou sans pseudo, ne feront connaissance que le jour de leur mariage. Cette nouvelle idée folle nous vient du Danemark. Ce sont des Danois qui ont inventé Gift Ved Første Blik, littéralement Mariés au premier regard. C'était en 2014, et la première édition s'adressait à des candidats célibataires âgés de 25 à 40 ans, habitant tous Copenhague. Les éditions suivantes ont élargi la tranche d'âge jusqu'à 60 ans et la zone géographique du casting au Danemark tout entier. Le concept a été adapté dans une vingtaine de pays. En France, - ça ne surprendra personne- c'est M6 qui a épousé le projet et sa démarche. Logique au fond, après sa très contestée Rue des allocs ou plus récemment sa très discutable et très discutée Ambition intime.

 

Pour la version française, le casting de départ est composé d'une centaine de célibataires de 25 à 45 ans vivant en région parisienne. Ces 100 célibataires acceptent de subir non seulement une batterie de tests, mais aussi de sentir des tee-shirts portés pendant trois nuits par les prétendants ou d'écouter leur voix. Pour calculer l’attraction morphologique, on mesure aussi certaines parties de leur corps afin d'avoir le ratio taille et hanches des femmes, et épaules et hanches des hommes. Sans oublier, quand même, noeud de la chose, une ribambelle de questions sur leurs attentes et leurs habitudes… sexuelles. But avoué : établir des profils qui permettent une compatibilité maximum sur le long terme d’au moins 75%. Sur les cent candidats de départ, seuls quatre couples ont été déclarés compatibles.

Les deux futurs mariés vont se voir pour la première fois le jour de leur mariage. Se dire alors OUI POUR LA VIE ou pas. Jusqu'au dernier moment, chacun peut dire NON. Même à la Mairie.

Les candidats signent un contrat de mariage en séparation de biens chez le notaire, les bans sont publiés, et se marient à Grans, dans les Bouches-du-Rhône. Ils doivent vivre ensuite ensemble pendant au moins six semaines avant de décider s’ils restent mariés. Dans le cas contraire, le divorce est possible. Un divorce qui sera aussi réel que l’était leur mariage. M6 n'a pas précisé si le divorce pourrait être aussi l'objet d'une suite télévisée.

Bien évidemment, robe de mariée, costume du marié, nœud pap' ou cravate, logement des familles, acte notarié, réception et… voyage de noces, tout est pris en charge par la production. Car si les familles sont invitées à participer aux choix des menus, de la décoration, du déroulement de la réception, personne n'a rien à débourser.

 

À tout moment donc, les candidats au mariage peuvent décider de pas aller plus loin. Parait que lorsqu' ils ont appris ce qui les attendait, quinze célibataires ont immédiatement quitté le tournage. La plupart se prennent au jeu. Côté spectateurs, pour ne pas dire voyeurs, on attend avec impatience de voir jusqu’où les candidats au premier regard seront prêts à aller. Engagement ultime et mariage de raison. Démoniaque ou fabuleux... Exactement comme le chemin vers la vie à deux.

 

Que n'as-tu croisé plus tôt ce bon camarade algorithme qui aurait fait le bon choix pour toi ! Imagine... 75 à 85 % de compatibilité ! Inespéré !

Allez-va, arrête de rêver, c'est juste une émission de la ... télévi/con.

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2016 5 04 /11 /novembre /2016 17:38
Amiens. Novembre 2016. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Novembre 2016. © Jean-Louis Crimon

Cher jardinier des mots,

 

Cette fois-ci, le vent ne prend pas de gants pour le grand déshabillage annuel. En trois jours à peine, le jardin compte ses premiers squelettes. Jour des défunts est passé par là. Les arbres savent tout des façons de l'automne. Quelques doigts de feuilles surnagent dans la haie coupée court. Ultime SOS, · · · — — — · · · , trois points, trois traits, trois points. Tu arrives trop tard, l'épaisseur du tapis de feuilles en dit long sur l'avancée de la saison.

 

Quid de la demande d'assistance immédiate ?

Partager cet article
Repost0
3 novembre 2016 4 03 /11 /novembre /2016 16:49
Amiens. 31 Oct. 2016. © Jean-Louis Crimon

Amiens. 31 Oct. 2016. © Jean-Louis Crimon

Cher vieux journaliste radieux,

 

Curieux, vraiment, ce vieux camarade que tu croises centre ville. Tu ne l'as pas vu depuis des lustres, pour ne pas dire depuis dix ou quinze ans et tu pensais justement à lui ce matin. Un homme charmant, cultivé, élégant, qui a toujours le sens de la formule et qui adore stigmatiser ton talent d'intervieweur: Toi, au moins, tu n'as pas besoin de faire l'âne pour avoir du son.

Faire l'imbécile pour obtenir quelque chose, sûr, ça n'a jamais été ta méthode. Ta raison d'être. Même pour découvrir le pot aux roses.

Le pot aux roses, expression qui remonte au siècle de Rutebeuf. "Car je tantost descouvreroi le pot aux roses", autrement dit en "françois" d'aujourd'hui : « Parce que je découvrirai bientôt le pot aux roses ». Au XIIIe siècle, « découvrir » c'est littéralement « soulever un couvercle ». Au Moyen Âge, le « pot aux roses », c'est la petite boîte dans laquelle les jeunes femmes fortunées rangent leurs parfums, et surtout le rose précieux dont elles aiment à se farder. Elles y cachent aussi des mots doux ou secrets.

Retour au son, au son de l'âne. Voilà donc un animal qui, - tu te demandes bien pourquoi ? - symbolise depuis toujours la stupidité et l'entêtement.
Donc, faire l'âne c'est bien faire l'imbécile, mais le son de la radio n'a rien à voir avec le son de l'âne. Pourtant, côté son, l'âne a de la voix pour pousser sa chanson.

Le son de l'âne en train de braire n'a rien à voir avec le son de sa pitance. Notre son ici,  n'est pas le bruit qu'il émet, mais la pitance qu'il attend. Ce son-là n'est autre, en effet, que l'écorce de céréales que l'âne avale avec gourmandise.

Cette expression était utilisée au XVIe siècle par Rabelais qui écrivait, en vieux français: «Gargantua faisait de l'âne pour avoir du bren». Le bren, premier nom du son. Bien reçue la leçon.

 

Journaliste radio, journaliste radieux. Pour être une bonne voix, il faut d'abord être une bonne oreille.

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2016 3 02 /11 /novembre /2016 00:28
Amiens. 31 Octobre 2016. © Jean-Louis Crimon

Amiens. 31 Octobre 2016. © Jean-Louis Crimon

Cher passant du jour finissant,

 

Dans la lumière dorée du soir se produit soudain le miracle. Beau paradoxe. Hommes celluloïdes en vitrine quand sur le trottoir une femme trottine. Homme objet qui prend la pose et femme libre qui s'impose. Tout est dans le regard, aérienne, souveraine et un rien malicieuse. Tu penses même audacieuse.

La photo, c'est le court-métrage d'un instant. Un film arrêté dans son mouvement.

Partager cet article
Repost0
1 novembre 2016 2 01 /11 /novembre /2016 06:30
Amiens. Rue Delpech. 31 Octobre 2016. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Rue Delpech. 31 Octobre 2016. © Jean-Louis Crimon

Cher enfant d'un siècle déjà si lointain,

 

Tu te souviens, - début des années soixante -, quand tu creuses et tu sculptes à l'opinel des betteraves pour y placer à l'intérieur une bougie. Tu te revois défiler dans les ruelles du village, avec d'autres gamins et gamines de ton âge qui ont dans leurs mains, eux aussi, le même trophée. Vous chantiez d'ailleurs, si ta mémoire est bonne, quelque chose comme guénel, guénel. Sans doute "joyeux Noël, joyeux Noël". Sans savoir qu'il s'agissait de survivances très anciennes d'une fête païenne rebaptisée chrétienne. Revenue à la mode, via american way of life.

Ce soir, dans ta ville et mieux dans ta rue, c'est Halloween, que tu croises. Deux petites, pas si petites, - une mère et sa fille - te quémandent des friandises et des euros. Sans savoir vraiment pourquoi. Pas le temps de leur expliquer ce dont elles se moquent éperdument. Sont déjà parties rançonner d'autres passants. Se moquent bien que tu leur expliques que la fête traditionnelle est originaire des Iles Anglos-Celtes et que son nom est une contraction de l'anglais All Hallow's Eve qui signifie "the eve of All Saints' Day" et que ça se traduit par "la veille de Tous les Saints" ou "la veille de la Toussaint". Cette fête païenne où l'on croise des zombies, des vampires et autres déguisements effrayants, est en fait un héritage celtique d'une fête très ancienne, la fête de Samhain.

La fête de Samhain, Samain ou Samonios, était une célébration païenne qui commémorait la fin des moissons, la fin de l'été et le début de la saison courte, appelée la saison sombre en opposition avec la saison claire. Elle existe depuis environ 2500 ans et elle était fêtée le dernier jour de l'année du calendrier celte. Notre 31 octobre actuel. Lors de cette célébration, les druides priaient les Dieux pour les remercier des récoltes de l'année écoulée et afin qu'ils assurent leur protection durant l'hiver.

La fête dure 7 jours, 3 jours avant la Samhain et 3 jours après. Elle est obligatoire. Elle a pour but d'accueillir la nouvelle année, mais aussi les défunts, autorisés à rendre visite aux vivants ce seul jour de l'année. Les disparus sont honorés par un grand repas et ont leur place à table.

Les druides allument des feux sacrés pour faire revenir le soleil et chasser les mauvais esprits. Chaque habitant emporte chez lui une part de ce feu sacré pour allumer un foyer nouveau dans sa maison. La citrouille utilisée aujourd'hui comme lanterne rappelle sans doute les réceptacles utilisés pour ramener le feu chez soi.

 

Comme tu aimerais revivre une journée de ce temps là !

 

Partager cet article
Repost0
30 octobre 2016 7 30 /10 /octobre /2016 23:17
Thiérache. Avril 2016. © Jean-Louis Crimon

Thiérache. Avril 2016. © Jean-Louis Crimon

Cher nuancier,

 

Il y a des jours où tu vois ta vie en noir et blanc. Scénario sans synopsis. Absence pour abscisse. Grisaille du matin qui ne passe pas son chemin. Bascule en film des années cinquante. Un rien, et c'est Gabin qui s'en revient. Peut-être en Inspecteur Valois. Toi, tu purges ta peine en conditionnel. Tu aimerais... tu serais... tu écrirais... Tu t'inventes des dialogues Prévert ou Audiard. Tu adores le flou fragile de la frontière temps / espace. Là où tout est possible et rien ne se passe. Mise à part cette illusoire fulgurance: le matin a l'air d'être déjà le soir.

Dans le noir et blanc, l'important, c'est le dégradé de gris. Là où le noir se fond. Comme dans la vie. La couleur est à l'intérieur.

 

 

Partager cet article
Repost0
27 octobre 2016 4 27 /10 /octobre /2016 11:28
Thiérache. Avril 2016. © Jean-Louis Crimon

Thiérache. Avril 2016. © Jean-Louis Crimon

Cher passager,

 

A la vitre du temps, tu sens que la saison s'efface, peupliers bien en place sur la ligne d'horizon. Arbres en partance. Peu importe la façon. L'automne a toujours raison. Tu vas vers l'hiver. Octobre te rejoue la mi-mars. Parfois même, les mêmes averses éparses. Tu as le cœur à l'envers. Tu t'en vas vers Vervins. Tu t'en vas vers... vers vains.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de crimonjournaldubouquiniste
  • : Journal d'un bouquiniste curieux de tout, spécialiste en rien, rêveur éternel et cracheur de mots, à la manière des cracheurs de feu !
  • Contact

Recherche

Liens