25 novembre 2018
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Contay. La Mairie. Carte postale ancienne. © G. Lelong.
Des enfants jouent devant l'Ecole. Ce doit être l'heure de la récréation. Le cachet de la Poste est celui de Toutencourt. 18 Septembre 1920. Mais la carte a été écrite le 16 Septembre. Date notée discrètement, en bas, à gauche. "Meilleur souvenir de la maman d'un petit Picard", a écrit la personne qui signe G Jacquet. Geneviève. Guilaine. Ghislaine. On ne sait pas. On ne saura pas. La carte est adressée à un couple qui habite Paris, rue Damrémont.
Quatre "Semeuse", timbre vert de 5 centimes, ont été très soigneusement collées dans le haut de la carte, juste sous les mots de la légende : Contay (Somme) - La Mairie - The Town-Hall. Traduction en anglais qui se justifie sans doute par la création du cimetière militaire britannique.
Autre information que seul le philatéliste averti pourra noter : la Semeuse, la Semeuse de Roty, sème contre le vent. Le mouvement de sa superbe chevelure la trahit. Cérès, la déesse romaine des moissons et de l'agriculture, a été choisie pour symboliser la République sur le premier timbre-poste français. La France est alors rurale et agricole. La Semeuse, créée par Oscar Roty, est en parfaite harmonie avec la pays. Timbres et pièces de monnaies sont à l'unisson.
Seul, l'agriculteur, qui lui, a l'oeil, a vu que la Semeuse sème... contre le vent !
© Jean-Louis Crimon
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24 novembre 2018
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Contay. Vue aérienne. 1950. © Editions Combier.
Contay, mon village, vu du ciel, une image que je ne connaissais pas. Prendre de la hauteur permet de voir autrement. L'église, la grand place, l'école, la maison de notre voisin, monsieur Cauet, le Château Liscourt. Que j'ai longtemps appelé Discours. Discours me parlait mieux.
Tristesse, déception, trahison : notre maison n'est pas sur la photo. Elle est exactement à côté du coin gauche de la carte postale. A gauche du coin gauche. En dehors de la vue. Absente de la prise de vue. A côté. Juste à côté.
Un signe. Un lapsus. Un aveu. Un destin. A côté. Juste à côté.
© Jean-Louis Crimon
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23 novembre 2018
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Contay. L'Eglise. Carte postale ancienne. © G. Lelong.
Elle est belle, très belle, notre Eglise. Je dis "notre", parce que dans notre village, tout le monde dit "notre". Même ceux qui n'y vont pas, à l'Eglise, disent "notre". Enfant, j'aime lire les fiches techniques et historiques la concernant, même si le style est toujours un peu déroutant. J'apprends que sa construction a commencé au XVe siècle et même qu'une inscription gravée à l'extérieur de l'Eglise, côté Sud de la Nef, en atteste : "Cette église fut bâtie en 1457". On a aussi gardé mémoire de Louis Le Josne, Seigneur de Contay. Un fragment de sa dalle funéraire, parvenu jusqu'à nous, porte la date "1510". Le fragment porte aussi le nom de l'épouse du Seigneur de Contay, Jacqueline de Nesle.
© Jean-Louis Crimon
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22 novembre 2018
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Contay. La Pierre d'Oblicamp. © Boullangez Fils.
Il y a ceux qui croient dur comme pierre que le menhir se trouve sur le terroir de Bavelincourt et ceux qui, ayant vécu, à Contay, une enfance de superbes balades champêtres et de jeux de piste grandioses, savent que cette Pierre d'Oblicamp est beaucoup plus facilement accessible pour les Contaysiens. Enfants ou parents. C'était d'ailleurs une balade dominicale que mes parents aimaient vraiment faire. Au pied de la Pierre, on prenait le goûter. Les parents nous prenaient en photo assis sur le sommet du menhir, comme ça se faisait déjà au début des années 1900. Belle permanence des rituels de l'enfance.
La légende affirme que la Pierre, au temps des fées et des sorciers, possédait des vertus surnaturelles. Elle était un point de ralliement. Les plus vieux du village, pas toujours les plus sages, nous racontaient que la Pierre d'Oblicamp parlait et dansait à certains moments de l'année.
Classée Monument historique en Janvier 1970, la Pierre d'Oblicamp est toujours aujourd'hui un point de rencontre ou un lieu de retrouvailles. La Pierre d'Oblicamp mesure 2 mètres 40 de hauteur, 1 mètre 80 de large et elle est enterrée, en profondeur, sur 1 mètre 30.
© Jean-Louis Crimon
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21 novembre 2018
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Contay. La Grande Rue. Carte postale ancienne. © R. Lelong.
En bas, à gauche, sur un panneau peint en blanc, au-dessus d'une flèche noire, est écrit Contay BC. Ce qui signifie Contay British Cemetery. Pas Contay Before Christ. Le panneau en bois peint indique la direction du cimetière militaire Britannique. Qui se situe à un bon kilomètre, juste au pied du Mont Faÿ, le bois du village.
© Jean-Louis Crimon
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20 novembre 2018
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Contay. La Grande Rue et l'Eglise. © G. Lelong.
La grande rue, cette rue qui vient de Beaucourt-sur-l'Hallue, qui bien avant vient d'Amiens, pour traverser le village, d'Est en Ouest, est vraiment la carte postale la plus courante et la plus renouvelée. En existe au moins quatre versions différentes. La plupart du temps, la prise de vue s'effectue beaucoup plus prés de l'Eglise. A hauteur du Café-Tabac-Epicerie. Cette fois-ci, le photographe s'est placé à une distance beaucoup plus éloignée. Toujours au milieu de la chaussée qui n'est pas encore goudronnée. Trois hommes et quatre enfants pour animer la scène qui, pour une fois, ne semble pas "mise en scène".
© Jean-Louis Crimon
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19 novembre 2018
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Contay. Ecole et Mairie. Carte postale ancienne. © G. Lelong.
Les trois jeunes femmes, en chemisier blanc et en jupe longue noire, sont, c'est sûr, les soeurs Dufour. Laure, la cadette, qui deviendra la Tante Laure, la marraine de mon grand-père, Adrien Crimon, puis la marraine de mon père Georges Crimon, à la mort d'Adrien. Adrien, mort en 1922, à la naissance de mon père. Des séquelles du gaz ypérite, le gaz moutarde, utilisé par les Allemands, à Ypres, en 1917.
Les soeurs de la Tante Laure, ma mère me l'a dit souvent, se prénommaient Blanche, Marie et Marie-Joséphine. Ce matin j'aimerais bien entrer dans la photographie. Parler avec elles. Leur demander comment est leur vie. Pour savoir à quoi on rêve en ce temps-là.
© Jean-Louis Crimon
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18 novembre 2018
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Contay. Grande Rue. Carte postale ancienne. © G. Lelong.
La carte postale a été écrite le 5 septembre 1910. Elle est signée Edmond. Les timbres ont été collés à l'emplacement de la signature du photographe. Sans doute Lelong d'Albert. Il est l'auteur de la plupart des cartes postales de ces années-là. La prise de vue est classique. Du milieu de la rue, avec l'église en point d'exclamation. Trois enfants au premier plan. Des hommes en seconde ligne. Deux autres petits enfants. Statiques, toujours. Sans doute pour éviter le "flou", à cause de la vitesse lente de la boîte à images de l'époque.
© Jean-Louis Crimon
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17 novembre 2018
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Contay. Entrée par la route de Franvillers. Carte postale ancienne. © G. Lelong.
Cette prise de vue m'a toujours semblé déconcertante. Peupliers sans feuilles. Mars ou Novembre. Retour du cimetière d'une famille endeuillée. Ou bien promenade dominicale. Curieux cortège. Avant la neige. Les grands arbres nus accentuent le décor. Film noir et blanc du tout début des années mille neuf cent.
© Jean-Louis Crimon
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16 novembre 2018
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Contay. Grande Rue. Carte postale ancienne. © G. Lelong.
La Grande Rue. Celle qui vient de la route d'Amiens. Qui passe par Beaucourt-sur-l'Hallue. Mais bien avant, à quelques kilomètres de la sortie de la ville, tout près de Saint-Gratien et de Cardonnette. L'endroit où à califourchon sur le Solex de mon père, qui me ramenait du Petit-Séminaire, on s'est fait arrêter par les gendarmes. C'était en 1960 ou 61. Dans l'autre siècle. J'avais 11 ans.
Assis sur ma valise, amarrée tant bien que mal par les crochets métalliques d'un vieux sandow, l'embarcation, sans doute à raison, a dû paraître plutôt scabreuse. Les gendarmes l'ont expliqué à mon père. Dans un geste d'une grande mansuétude, ils n'ont pas verbalisé les deux délinquants, le père et son fils. Se sont contentés de faire stopper une voiture qui venait d'Amiens et qui, chance, devait aller jusqu'à Warloy-Baillon, en passant par... Contay. Son chauffeur m'a déposé tout au bout de la Grande rue, Place de l'Eglise. J'ai attendu mon père, assis sur ma valise. Il est arrivé un bon quart d'heure après moi. M'a pris dans ses bras. Avant d'éclater d'un bon grand rire sonore, dont aujourd'hui encore, je nous honore. Ensuite, on a pris la direction de la maison, lui, son solex à la main, moi, ma valise en carton.
Les curés m'avaient renvoyé à l'Ecole Primaire de mon village parce qu'à la question "Pensez-vous avoir la vocation ?", j'avais répondu... non.
© Jean-Louis Crimon
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