Cher citoyen désarmé,
Vision matinale surréaliste. Métaphore militaro-pacifiste. Mirage dans le virage. Tu te frottes les yeux. Tu les écarquilles. Le dérèglement climatique a de ces conséquences... N'y a plus de saisons. C'est le 11 Novembre début Octobre. Incroyable surgissement du poilu de 14-18 sur sa remorque du siècle 21. Poilu qui exhorte une ville endormie. Poilu qui remonte au front après deux ou trois nuits à l'arrière, sans doute dans les bras d'une Madelon qui vient nous servir à boire. Poilu qui entonne La Marseillaise et appelle au combat. Mais la guerre est finie depuis bientôt 100 ans. C'est un peu tard pour repartir au front. Enfin finie ici, la guerre, mais pas là-bas. Pour conduire à la mort, la guerre ne manque jamais de soldats.
Soldat de la grand guerre qui s'en va rejoindre son Monument aux morts. Normal en ces temps où l'on commémore. Gigantesque boucherie. Trente mille morts en une heure rien que pour le début de cette Bataille de la Somme. Jeunes hommes qu'on envoie à la mort en marchant: pas le droit de courir, encore moins de se coucher. Ordre du boucher. Il y a cent ans. Il y a un siècle. Cent ans plus tard, ici, on voudrait nous faire croire que l'Europe, la grande Europe, a évité la guerre. Tu parles ! et ce qui se passe en Syrie depuis cinq ans, c'est une fiction ? c'est de la téléréalité ? Plus de 300.000 morts en cinq ans, ce sont des dégâts collatéraux ?
Tu n'en peux plus de cette fausse impuissance des Nations-Unies. Tu n'en peux plus de vivre en direct le massacre des habitants d'Alep orchestré par Bachar Al-Assad et Vladimir Poutine, Tu n'en peux plus de cette France qui s'accommode de la destruction d'Alep au nom de la lutte anti-terroriste. Résignation Ponce-Pilate.
Tu n'acceptes pas qu'on te fasse croire que le bombardement des hôpitaux syriens est nécessaire et que c'est normal que ce soit les civils et les humanitaires qui paient de leur vie cette guerre où l'on ne sait plus pourquoi ou pour qui l'on se bat. Myopie terrible du monde prétendu libre devant l'aveuglement de l'Ophtalmo de Damas.
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La voix de la radio raconte sans même que ça te fasse honte: des combats de rue opposent les rebelles aux forces de régime, l'impasse diplomatique semble totale entre Washington et Moscou.
Les forces du régime syrien poursuivent mardi leur progression à Alep au détriment des rebelles, au moment où l'impasse diplomatique semblait totale entre Washington et Moscou qui a déployé des batteries de défense aérienne dans l'ouest du pays.
Rue après rue, les combattants progouvernementaux avancent depuis plusieurs jours dans Alep-Est, la partie de la grande ville du nord contrôlée par les insurgés.
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Explications plus développées dans les journaux papier:
Cette vaste offensive sur Alep a été lancée le 22 septembre dernier, avec des bombardements massifs du régime et de son allié russe qui suscitent l'indignation de nombreux pays.
Elle est l'une des raisons avancées par les Etats-Unis, qui soutiennent l'opposition syrienne, pour justifier leur décision annoncée lundi soir de suspendre les pourparlers engagés avec la Russie sur la Syrie.
Moscou a déclaré regretter la décision de Washington, disant espérer que "la sagesse politique" prévaudra à Washington.
La décision américaine "ne veut pas dire que la partie russe va renoncer à ses projets (...) d'assistance aux forces aériennes syriennes dans la lutte contre le terrorisme", a indiqué en outre le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Le secrétaire d'Etat John Kerry accuse Damas et Moscou d'avoir "rejeté la diplomatie pour la poursuite d'une victoire militaire en passant sur des corps brisés, des hôpitaux bombardés et les enfants traumatisés".
Il a toutefois assuré que les Etats-Unis n'avaient pas abandonné" la Syrie et pas renoncé à rechercher un plan de paix.
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Ailleurs, on t'explique de façon calme et posée les enjeux cachés dans les enjeux apparents, mais tu as a du mal à comprendre.
Les ONG et l'ONU s'alarment chaque jour davantage du sort des quelque 250.000 habitants d'Alep-Est, dont 100.000 enfants, confrontés aux pénuries, aux coupures d'eau et à la forte dégradation des conditions sanitaires.
C'est une guerre qui indigne le monde. La violente offensive militaire sur Alep, au nord de la Syrie, a fait près de 300 morts chez les civils en quelques jours. La ville est bombardée quotidiennement depuis plusieurs mois par l'armée de Bachar Al-Assad, épaulée par les avions russes. Même les hôpitaux sont détruits.
Les auteurs des attaques sur les travailleurs humanitaires "doivent rendre des comptes, il s'agit aussi d'attaques contre des enfants malades et des familles vulnérables", a déclaré Sonia Khush, de Save the Children.
La guerre en Syrie, où combattent de nombreuses forces régionales et internationales sur un territoire complètement morcelé, a fait plus de 300.000 morts en cinq ans.
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Ce poilu de 14-18 qui monte au front, c'est pour nous mettre la honte au front et nous redire que s'ils l'ont faite, cette foutue guerre, jeunes et beaux, la fleur au fusil, pour être fauchés dans la fleur de l'âge, dans le grand carnage de cette boucherie mondiale, - vingt millions de morts, militaires et civils confondus - ce n'était que pour qu'elle soit... la der des der !
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Toi, tu ne comprends pas pourquoi leur cri "Guerre à la guerre" n'a jamais été entendu.