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6 mai 2025 2 06 /05 /mai /2025 08:09
Chengdu. RPC. Sichuan. Octobre 2011. © Jean-Louis Crimon

Chengdu. RPC. Sichuan. Octobre 2011. © Jean-Louis Crimon

 

Dès le début d'Octobre

D'un geste précis et sobre

Il entre en scène

Sans mise en scène...

 

Ici, là, ou ailleurs

Lui, le balayeur...

Il décrit d'étranges arabesques

Dessine d'invisibles fresques...

 

Avale des morceaux entiers de trottoir

Ne se raconte pas d'histoire

Ne tire aucune gloire

D'un destin pourtant méritoire...

 

Il balaie du matin au soir

Sans prendre le temps de s'asseoir

Vous le regardez sans le voir...

 

Sa vie est monotone

A peine si ça vous étonne

Le balayeur efface l'automne.

 

Traverses © Jean-Louis Crimon

 

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5 mai 2025 1 05 /05 /mai /2025 15:25
Paris. Décembre 2014. © Jean-Louis Crimon

Paris. Décembre 2014. © Jean-Louis Crimon

 

                                                       Ce soir

                                                     les arbres

                                               ont d’étranges airs 

                                                         de 

                                                     crucifiés 

                            à n’en pas finir de tendre leurs maigres bras

                                                        vers

                                                 ce ciel bâtard 

                                                        que

                                                      la nuit

                                                       tarde

                                                          à 

                                                      clouer

                                                    d’étoiles

 

 

               Traverses © Jean-Louis Crimon

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4 mai 2025 7 04 /05 /mai /2025 15:43
Ljusekulla. La colline de lumière. Suède. Hiver 1972. © Jean-Louis Crimon

Ljusekulla. La colline de lumière. Suède. Hiver 1972. © Jean-Louis Crimon

L'hiver, le soleil y sème des diamants sur des plages de neige.

 

Traverses © Jean-Louis Crimon

 

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3 mai 2025 6 03 /05 /mai /2025 17:49
Pontoise. Début des années 1970. © Jean-Louis Crimon

Pontoise. Début des années 1970. © Jean-Louis Crimon

Lontemps je n'ai pas compris la poésie de Ponge, à commencer par sa façon de prendre résolument Le Parti pris des choses. Le destin inéluctable du cageot n'avait pas de sens dans ma famille où les parents nous avaient très tôt enseigné le "ça peut toujours servir ! " Difficile pour l'enfant que j'étais et l'adolescent que je suis devenu de voir dans la destinée du cageot une métaphore de l'existence. La révélation me fut donnée par hasard, au détour d'une entrée de ville où je m'étais égaré, auto-stoppeur débutant, à vingt ans, dans le mauvais temps. Le cageot flottait près du trottoir, la chaussée devenue ruisseau sous une grosse pluie d'orage. La photo s'imposa. Je relus Ponge la semaine suivante et à partir de là, tout s'éclaira.

© Jean-Louis Crimon

 

    A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
    Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme.
    A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques - sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement.

Francis Ponge - Le Parti pris des choses - 1942.
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2 mai 2025 5 02 /05 /mai /2025 16:09

Mon père pince la corde du cordeau comme une corde de guitare, il tend l'oreille, écoute le son de la corde. Si l'accord est parfait, la corde bien tendue, on peut tracer la route, puis semer.

Si le son est bon, le semis le sera aussi.

Traverses © Jean-Louis Crimon

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1 mai 2025 4 01 /05 /mai /2025 16:05
 Normandie. © DR

 Normandie. © DR

Longtemps incapable d'écrire,

il attendit la fin de sa vie

pour la relire.

 

Traverses ©  Jean-Louis Crimon

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28 février 2025 5 28 /02 /février /2025 08:57
Rubempré. Chez Casilda Vilbert. 16 Mars 1980. © Pascale Lavergne

Rubempré. Chez Casilda Vilbert. 16 Mars 1980. © Pascale Lavergne

Casilda. La musique du prénom déjà vous embarque. Prénom venu d'Espagne ou d'Italie. En fait, Casilda viendrait du latin casella qui signifie maisonnette. C'est dans sa maisonnette que Casilda m'accueille ce dimanche matin de la mi-mars quatre-vingt. Casilda et moi, on se connaît depuis plus d'un an. Depuis nos premiers enregistrements pour la radio, Radio France Picardie. Casilda est un personnage. Une femme originale. Qui n'hésite pas à aller à la ville en auto-stop. A près de 87 ans. Casilda le dit avec des mots bien à elle, des mots picards, pour elle, une langue naturelle, une langue vivante, non pas un patois moribond. Faire de l'auto-stop, en picard, Casilda dit ça comme ça : " J'm'in vo à l'sortie d'ech villache, pis j'foais l'pouce !" Faire le pouce, lever le pouce, faire signe. Les gens s'arrêtent. Casilda monte dans la voiture. L'aventure commence.

Casilda raconte : L'auto-stop, j'en foais tout le timps, je n'ai coère foait hier. J'avoais envie d'aller à Amiens. J'vais donc jusqu'au bout du villache, l'dernière moéson à droète, celle d'ech' notaire. Pis j'voés éne bielle voéture qui s'amène, avec éne dame tout' seule au volant. J'foais l'pouce, l'dame all' s'arrête, all' dit : où ch'est equ'vos allez, madame ? ej' dis : "à Pierregot" ! Pis, ej'monte dins s'voéture, et pis ej'd'vise avec l'femme. Gintimint. All' étoait bien gentille, l'femme-lo, pis all' causait bien. Elle m'a plu tout de suite. O causons, o causons... Pis elle me red'minde : allez-vous à Pierregot ou ailleurs. J'li dis : marchez, j'e m'rinvos qu'au soèr, j'ai l'timps, j'déchindrai plus loin, j'descendrai à Rainneville. Ch'étoait por êt' plus longtimps avec elle dins l'voéture. Pour causer davantage."

 

Elle est comme ça, Casilda. Ce qu'elle aime, c'est parler avec les gens. A tout jamais, elle est l'une des plus belles rencontres des mes débuts de journaliste. Je me souviens du chapeau, de l'accroche rédigée pour la Une du Courrier Picard, à l'occasion de la publication de son interview : "Ils n'écrivent pas, ils parlent, et s'ils écrivent parfois, c'est quand l'heure de la retraite a sonné et que leurs mains, enfin libres des outils, prennent le temps de dessiner des mots et des idées, pour dire cette terre picarde. Ils nous donnent alors avec des "mots-paroles", des "mots-images", non pas de la littérature, mais de la "vie livrée", liant à la perfection le vivre et le livre. Ils sont des livres vivants."

 

Je ne dirais pas mieux aujourd'hui. L'inconvénient, c'est que cette histoire, je l'ai écrite il y a plus de 45 ans. Je venais d'avoir 30 ans. J'étais un journaliste débutant. Maintenant, j'ai 75 ans. L'âge de commencer à mettre mes pas dans les pas de Casilda. Mais personne ne s'arrête quand je lève le pouce à la sortie de la ville et personne ne vient me demander comment je vois le monde et les gens. Personne ne vient chez moi le dimanche matin pour boire un café et m'interroger sur le sens de la vie.

 

© Jean-Louis Crimon

 

 

Articles consultables aux archives de la Bibliothèque Louis Aragon, rue de la République, à Amiens. 

Courrier Picard. 11/12 Août 1979. (En Une et page 3.)

Courrier Picard. 13 Août 1979. (Page 3.) 

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27 février 2025 4 27 /02 /février /2025 08:57
Emmanuel Bove. Lettre de Colette en sa faveur. © Jean-Louis Crimon
Emmanuel Bove. Lettre de Colette en sa faveur. © Jean-Louis Crimon

Emmanuel Bove. Lettre de Colette en sa faveur. © Jean-Louis Crimon

Une lettre de Colette de Jouvenel pour plaider la cause de "Mes Amis", le roman d'Emmanuel Bove. Lettre autographe signée, sur papier bleu garance, avec pour en-tête une adresse: 69, Boulevard Suchet, et un téléphone: Auteuil 06.27. Le document est intéressant, même s'il ne comporte pas de date précise. La lettre a vraisemblablement été écrite en 1924.

 

"Chère Madame, avez-vous lu le livre d'Emmanuel Bove, qui court sa chance auprès d'un jury dont vous êtes la plus belle jurée ? Ce livre est intitulée "Mes amis", et je vous défie de le feuilleter sans le lire tout entier.

"Cette misère de Victor Baton, c'est la misère de Bove. Mais seul son talent a le droit de compter. Donnerez-vous votre voix à Mes Amis ?

"Dans tous les cas, vous serez tentée de la lui donner. Je vous remercie quoi qu'il arrive, et je vous demande de me croire bien amicalement à vous."

 

Colette de Jouvenel

__

 

BOVE (Emmanuel), écrivain français (Paris,1898-Paris,1945)

Fils d'un père russe et d'une mère luxembourgeoise, découvert par Colette, admiré par Rilke, célébré par Beckett pour son "sens du détail touchant". On a pu dire de Bove qu'il  était "le romancier de la défaite et de la misère intérieures, le peintre de la médiocrité à l'état brut". Relire impérativement Mes amis,1924, Armand,1927, Bécon-Les-Bruyères,1927, Le crime d'une nuit, 1927, repris l'année d'après dans Henri Duchemin et ses ombres,1928, mais aussi La Coalition,1928, Petits Contes, 1929, Un homme qui savait, (La Table Ronde,1985), et enfin Le Piège, 1945 et 1986 (La Table Ronde).

 

__

 

© Jean-Louis Crimon

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26 février 2025 3 26 /02 /février /2025 08:57
Amiens. Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Nov. 2016. © Jean-Louis Crimon

Cher petit piéton qui passe,

Laisser sa trace. Tout le monde en rêve. Tout le monde rêve de laisser sa trace. Tout dépend de la trace. Trace des pas dans la neige. Trace d'une semelle sur le bitume. Trace dans la mémoire des gens. Dans la mémoire du siècle. Trace dans la mémoire des mots.

"Sans comprendre pourquoi, dans la neige, il y a déjà la trace de mes pas". Tu le crois ou pas, mais c'est toi qui a dû écrire ça. Page cinquante de "Verlaine avant-centre", ton premier roman. Publié en janvier 2001. Au Castor Astral. Pas banal.

2001, Odyssée de l'espace, non pas. 2001, Odyssée de... laisse trace

 

© Jean-Louis Crimon

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25 février 2025 2 25 /02 /février /2025 08:57
 Rubempré. Casilda Vilbert. 16 Mars 1980. © Miguel Benadès / PMHP.

Rubempré. Casilda Vilbert. 16 Mars 1980. © Miguel Benadès / PMHP.

Casilda. Un personnage. Une octogénaire débonnaire. Une femme extraordinaire. Avec ce talent rare de savoir d'instinct mettre en scène les petits faits de la vie quotidienne. Un sens inné du récit. Boire le café en sa compagnie un dimanche matin de mars quatre-vingt, bonheur absolu. Bonheur bu à petites gorgées en soufflant un peu au début sur le bord de la tasse, à la manière des vieux d'autrefois.

Raison de notre rencontre : un projet de quatre par trois pour une campagne de publicité du Courrier Picard, Quotidien Régional qui passe pour être "un journal de vieux", curieusement l'oeuvre d'une Rédaction de "plutôt jeunes". L'idée de PMHP, Picardie Matin Havas Publicité, la régie publicitaire du Courrier de ces années-là : montrer le visage des journalistes pour montrer le vrai visage de la Rédaction. Forcément, refus unanime de l'ensemble de mes confrères. "On n'est pas des stars, encore moins des savonnettes. Nous ne sommes pas des journalistes de télévision, nous sommes des journalistes de presse écrite". Je suis le seul à d'emblée dire "oui". A une double condition : j'exige la maîtrise de la composition de l'image et je serai l'auteur du slogan publicitaire. Retour sur la conception d'une photo historique. "C'est vous qui faites le Quotidien", double sens et jeu de mots typiquement Crimonien.

 

© Jean-Louis Crimon

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