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4 juin 2023 7 04 /06 /juin /2023 08:57
Amiens. Rue Millevoye. Sept.2020. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Rue Millevoye. Sept.2020. © Jean-Louis Crimon

Une lettre d'amour, pour moi, dans le camion jaune de la Poste, tu parles ! La belle histoire ! Remarque, la remarque serait un beau début de roman. Roman romantique ou polar. Un roman policier qui débuterait par le vol du camion. Par un type un peu fou qui prend la pub de la Poste à la lettre. Il sort de la ville et se gare en plein champ pour, une à une, parcourir de son regard fébrile toutes les enveloppes, à la recherche de celle qui lui est destinée. Il veut mener l'enquête. Il veut la preuve de cette lettre d'amour à son nom. Faute de la trouver, il s'enfuit pour un road movie impensable. Périple en forme de cavale folle en quête de l'amour fou promis.

 

© Jean-Louis Crimon

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3 juin 2023 6 03 /06 /juin /2023 08:57
Øresund. Vers la Suède. Juillet 2009. © Jean-Louis Crimon

Øresund. Vers la Suède. Juillet 2009. © Jean-Louis Crimon

- Plus de cinq ans que tu n'as rien écrit !

La remarque dépasse l'ordre du constat. Le ton souligne une certaine déception. Avec, à l'intérieur, comme un soupçon de reproche. J'ai dû répondre : Plus de cinq ans que je n'ai rien... publié ! En décomposant bien les trois syllabes du dernier mot : pu...bli....

Mon éditeur a souri. De ce sourire qu'il a quand il ne me croit pas. J'ai aligné les titres et les genres Femme fatale, nouvelles, Du côté de chez Shuang, roman, Voix en impasse, poèmes, paroles, chansons sans musique, et Crimages, livre de photographies. Cri + Image = Crimage. Mes photos sont des cris. Cris d'amour. Cris d'humour. Cris de joie. Cris de peur. Cris de détresse. Cris de tendresse... Crimages, c'est pas dommage.

- Tu me montres ça quand ?

- Demain, si tu veux !

 

Mon éditeur s'est fait silencieux. A fait tourner longuement sa cuillère dans la tasse. Rituel matinal du café en terrasse. 

Ensuite on a parlé "photo". Le fait que, ces dernières années, je me sois remis à la photographie, l'intrigue. Mon éditeur pense que les photos ne sont pas compatibles avec les mots.

Il a peut-être raison, mais je ne suis pas d'accord avec lui. Du reste, nous sommes rarement d'accord. En fait, nous sommes d'accord sur l'essentiel, mais nous nous accrochons souvent sur des questions de détails. Enfin, détails, pour lui, pour moi, ce sont des choses fondamentales. Des questions de sons, de musique. Moi, j'écris avec la voix. Flaubert avait bien son "gueuloir". Dans la phrase, dans "ma" phrase, c'est la voix qui crée le rythme, la petite musique de l'auteur. Ecrire, pour moi, dès le départ, c'est d'abord une mise en voix.

 

Dans mon roman, Oublie pas 36, publié en 2006, mon éditeur avait pris la liberté de modifier une de mes phrases. Sans même m'en informer. Je ne m'en suis rendu compte qu'une fois le livre imprimé. Je ne lui en ai jamais parlé, mais ça m'a fortement déplu. La phrase était devenue :

Au loin , la Suède dans une brume bleutée.

Ma phrase à moi, c'était :

Au loin, la Suède, dans une belle brume bleue.

 

J'ai horreur de la sonorité en "tée" du mot "bleutée", ça ponctue bizzarement, ça ponctue et ça tue. Surtout, ça tue la mélodie de la chanson de ma douce et belle allitération "belle brume bleue". Casse aussi la rime avec la phrase qui suit : Je suis à la fois triste et heureux. Au fond, j'aimerais que mes romans soient des chansons.

 

- Pour la photo, je sais, tu es sceptique sur la valeur de mes images. Dommage. J'ai reçu la semaine dernière de la part d'un grand photographe, le plus beau des compliments. Après avoir longuement regardé mon travail, il m'a dit : toi, tu écris avec les yeux.

 

© Jean-Louis Crimon

 

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2 juin 2023 5 02 /06 /juin /2023 08:57
Paris. Gare du Nord. © Jean-Louis Crimon

Paris. Gare du Nord. © Jean-Louis Crimon

Tout au bout du quai de gare, un titre accroche le regard. Vous êtes en train d'écrire, en train d'écrire en train. Littérature de gare. Gare à la littérature de gare...

 

© Jean-Louis Crimon

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1 juin 2023 4 01 /06 /juin /2023 08:57
 Contay. Ma maison d'enfance. 11 Sept. 2016. © Jean-Louis Crimon

Contay. Ma maison d'enfance. 11 Sept. 2016. © Jean-Louis Crimon

Le mot harcèlement n'existe pas encore. Dès que tu sors de la petite maison blanche aux murs en torchis, pour traverser la rue et entrer dans le périmètre de la cour de l'école, les mots-coups de poing te pleuvent dessus. "Gougnou, Gougnou, Gougnou..." Tu ne bronches pas et tu t'alignes dans la file en baissant la tête. Que faire d'autre ? C'est d'une cruauté rare et d'une bétise crasse. Une torture quotidienne. Personne ne prend ta défense. Calvaire de tes années de primaire. Boule au ventre et rage au coeur, tu te jures qu'un jour, tu reviendras en vainqueur.

 

Tu as toujours 7 ans et ta maison, tu l'aimes toujours autant. Tendrement. Comme une personne. Tu la trouves belle. Sa forme. Sa structure. Ses fenêtres. Pourtant, il n'y a pas l'eau courante. Seulement une pompe dans la cour. Des murs en torchis et un grenier en terre battue. Un couloir étroit. La quitter, quitter le village, quitter la vallée de l'Hallue pour une autre vallée, la vallée de l'Ancre, fut un véritable arrachement. Mais tu n'as rien montré. Rien montré à ton père, rien montré à ta mère, rien montré à ta sœur et rien montré à ton petit frère. Tu  t'es seulement juré, l'année de tes 14 ans, l'année du déménagement, qu'un jour, tu écrirais. Tu écrirais pour que ta maison soit éternellement la vôtre. Qu'elle soit éternelle. De cette belle éternité éphémère des romans.

Septembre 2016. Tu es à nouveau devant chez toi, mais ce n'est plus chez toi. La maison n'est plus ta maison. Tu te retrouves face à tes 7 ans et si un bon demi-siècle de temps humain s'est écoulé, tu t'étonnes d'être dans la peau d'un vieux monsieur à qui l'on dit "vous". Tu n'oses pas dire pourquoi, dans ton coeur, tu habites toujours cette maison. Ses nouveaux habitants ne comprendraient pas. Te trouveraient bizarre. Elle n'est plus ta maison. Tu dois te faire une raison. Elle ne sera jamais plus ta maison.

Vraiment étrange, en partant, en tournant le regard, en tournant les talons, tu as eu la curieuse sensation que la maison te regardait t'éloigner. Qu'elle te chuchotait quelque chose comme... alors, tu m'abandonnes encore.

 

© Jean-Louis Crimon

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31 mai 2023 3 31 /05 /mai /2023 08:57
Saint-Malo. Mardi 26 Mai 2015. © Jean-Louis Crimon

Saint-Malo. Mardi 26 Mai 2015. © Jean-Louis Crimon

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30 mai 2023 2 30 /05 /mai /2023 08:57
Amiens. Rue Lamarck. 26 Mai 2023. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Rue Lamarck. 26 Mai 2023. © Jean-Louis Crimon

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29 mai 2023 1 29 /05 /mai /2023 08:57
Paris. Métro Strasbourg Saint-Denis. Janvier 2018. © Jean-Louis Crimon

Paris. Métro Strasbourg Saint-Denis. Janvier 2018. © Jean-Louis Crimon

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28 mai 2023 7 28 /05 /mai /2023 08:57
Amiens. Place Léon Debouverie. Août 2017. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Place Léon Debouverie. Août 2017. © Jean-Louis Crimon

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27 mai 2023 6 27 /05 /mai /2023 08:57
Oulan-Bator. Mongolie. Sept. 2014. © Jean-Louis Crimon

Oulan-Bator. Mongolie. Sept. 2014. © Jean-Louis Crimon

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26 mai 2023 5 26 /05 /mai /2023 08:57
Pékin. La Cité interdite. 紫禁城. 14 Sept. 2014. © Jean-Louis Crimon

Pékin. La Cité interdite. 紫禁城. 14 Sept. 2014. © Jean-Louis Crimon

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