1 novembre 2012
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Paris. 31 octobre 2012. © Jean-Louis Crimon
C'est un problème philosophique. Comment traduire le mouvement par la photographie ? Instant du mouvement et mouvement de l'instant. La question est aussi : comment rendre compte du mouvement dans l'instant arrêté ? Ou bien : comment la photo peut arrêter un instant et, pour autant, ne pas tuer le mouvement. Le mouvement qui s'opère dans l'instant ? Dans cet instant.
Quand le photographe arrête l'instant, le mouvement se fige dans une netteté exemplaire. Comme s'il n'était pas dans la réalité. Comme s'il n'était plus dans la réalité. L'instant, hors du temps, devient parfait. Trop beau pour être vrai. L'instant semble irréel. L'instant, dans la réalité, ça bouge. Sur la photo, c'est figé. Cette fois, exploit : j'ai réussi à traduire le mouvement. Mais, à raison, on me dira : votre photo est floue.
Problème, c'est justement le flou qui est signe du mouvement.
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31 octobre 2012
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Paris. 31 octobre 2012. © Jean-Louis Crimon
Je sais, ce n'est pas vraiment la Tour de Babel, mais la tentative, ou plutôt la tentation de l'escabeau, j'ai trouvé ça beau. Dérisoire et ambitieux à la fois. Pardon : dérisoire et ambitieux à la... foi. Plus près de toi mon Dieu est un vieux cantique qu'on nous forçait à chanter autrefois. Pardon : autre foi...
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30 octobre 2012
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Paris. 2012. Bruno. © Jean-Louis Crimon
Premiers froids. Première gifle de l'hiver. Histoire de nous ramener au réel. Le réel, c'est quand il gèle. Quand ça pèle. Alors, on prend conscience. De la dureté des temps. De la froideur des nuits. C'est vrai, on avait oublié. Pourtant, celui qui dort dehors... dehors, il y dort aussi en été. Je sais, l'été, c'est pas pareil. C'est connu : La misère au soleil...
Dormir dehors. Mourir de même. La radio t'annonce le premier mort de l'hiver. A peine si ça t'étonne. On est encore en automne. Mourir dans la rue. Mourir sur le trottoir. Comme si c'était naturel. Normal. Banal. Les vendanges de la mort. Chaque année, la même rengaine. Quand le froid dégaine, dehors, c'est mortel. Le froid est un bandit cruel. Le bandit n'est pas manchot. L'oubliez pas, vous qui êtes au chaud.
Pensez à ceux qui ont froid. Qui meurent de froid. Tellement que, parfois, souvent, ils en meurent vraiment. Pensez à ceux qui vivent et s'endorment dehors. Ceux que l'hiver embrasse. Baiser de la mort. Sur des lèvres déjà bleues. Des lèvres déjà froides. Pour n'avoir pas trouvé un peu de chaleur. De chaleur humaine. Chaleur d'autres lèvres. Chaleur d'une bouche. Bouche à bouche salvateur. Du bout des lèvres, ils vous l'avouent : leur malheur, c'est d'abord manque de chaleur.
Unique réconfort de celui qui vit dehors : la chaleur... d'une bouche... de métro.
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29 octobre 2012
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Chine. Chengdu. Chenglong. Octobre 2011. © Jean-Louis Crimon
Un jeune homme. Une jeune femme. Jeu de dames. Cases noires. Cases blanches. Damier. Jeu de Dame ou Dame de coeur. Dame de coeur et son Cavalier. Cavalier ou Chevalier. Chevalier servant. Dame de coeur servie. Amour en vie. Amour qui fait envie. Damier ou Echiquier. Jeu de dames ou jeu d'échecs. Souffler n'est pas jouer. Tel est pris qui n'a pas vu qu'il pouvait prendre. Apprendre à prendre. Pour ne pas se faire prendre. Faut savoir ou faut comprendre.
Aller à Dames. Perdre sa Tour. Coucher sa Reine. Echec au Roi. Alternance de cases noires et de cases blanches. Avec ou sans revanche.
Métaphore de l'existence.
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28 octobre 2012
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Paris. Septembre 2012. © Jean-Louis Crimon
Se retournant, dans un demi-sourire, presque timide, elle dit : Por favor. Prière délicate. Demande discrète. Prière de ne pas la photographier. Por favor. S'il vous plaît. Justement, il me plaît. Ou plutôt, elle me plaît. La photo me plaît. La personne que vous êtes me plaît. Votre façon de survoler le trottoir. Cette démarche souple, féline. Légère. Aérienne. Vos couleurs. La robe longue. Le mouvement de la robe. Le sac. Les couleurs de votre sac. L'allure d'ensemble. Por favor. S'il vous plaît. Laissez-moi arrêter cet instant. Bel instant. Simple et beau. Simplement beau.
Elle a souri. S'en est allée. Abandonnant l'image... Sans s'abandonner vraiment. Por favor... Fausse pudeur. Semblant de pudeur. Pudeur simulée ou vraie pudeur. Qu'importe. La photo est un petit bonheur.
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27 octobre 2012
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Paris. 2012. © Jean-Louis Crimon
Ce soir, le balayeur semble à son aise. En partance vers un ailleurs meilleur. Se rejoue, dans sa tête, ou dans son coeur, des fleuves impassibles. Des rêves d'Italie. Des rêves d'eau. Le geste léger. Tout en souplesse. Glisse son embarcation à fond plat sur une mer de bitume.
Paris soudain devient Venise. Dans la lumière grise que la Seine tamise. Mais pas de pot, la Seine n'est pas le Pô. Ce n'est pas sa moindre lacune. La Sérénissime a les siennes. Venise a sa lagune. Ce soir, le balayeur s'imagine chanson vénitienne.
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26 octobre 2012
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Amiens. Picardie. 2012. © Jean-Louis Crimon
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25 octobre 2012
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Paris. Quai de la Tournelle. © Jean-Louis Crimon
Beau bleu de ciel. Beau bleu de ciel bleu. Beau bleu de ciel bleu dans les yeux. Bleus. Des feuilles d'or sur les branches des arbres. Belle journée d'automne. Demain, l'hiver frappe à la porte. Selon le prévisionniste météo, dix degrés de moins sur le paletot. Surtout pour ceux qui se lèvent tôt. De 14 degrés, on passerait à 4 petits degrés. Si c'est vraiment vrai, a dit mon voisin, de quatorze à quatre, pour aller sur le quai, on va pas se battre.
Une dernière fois, ou presque, jolie fresque, de belles passantes jouent les élégantes. Certaines offrent leurs épaules au soleil qui les frôle. Encore un peu d'été dans l'automne.
Deux gamins en skate squattent d'un coup le trottoir. Deux turbulents. A ne pas avoir la langue dans la poche. L'un des deux stoppe pile face à l'endroit des Poches.
- Liliane est au Lycée ? vous l'avez ?
- Liliane est au lycée ?
- Oui, c'est écrit par un Grec !
- S'rait pas plutôt... L'Iliade et l'Odyssée ?
- Ah, ouais, c'est p't'êt' ça !
- Vérifie le titre, mon gars, et reviens me voir quand tu seras sûr de toi ! Je te le mets de côté jusqu'à lundi !
Le métier de bouquiniste est parfois homérique. Homérique. A la fois héroïque et comique.
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24 octobre 2012
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Paris. Octobre 2012. © Jean-Louis Crimon
J'aime la ville. Les images de la ville. Temps de pause et temps de pose. La pause et la pose. Manière dont on se pose. Façon dont on se repose. Avant de repartir au turbin. Qui n'est pas de tout repos. Turbin urbain. Turbine. Parfois, faut comprendre, on lambine.
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23 octobre 2012
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Paris. Octobre 2012. © Jean-Louis Crimon
C'est comme ça. On les regarde à peine. S'en donnent, pourtant, de la peine. On ne les voit pas. Ou si peu. Ils construisent la ville. Ils portent des habits de couleurs. Mais à nos yeux, ils sont transparents. Clowns dérisoires de la perpétuelle mise en scène urbaine. Pour les promotteurs, la bonne aubaine. La chose dure des semaines, des mois, des années.
Un jour, ils démontent le décor. Inversent les rôles. S'en vont installer ailleurs leur châpiteau de tôles. Le cirque continue. Sans eux.
Ailleurs, ils partent écrire une histoire semblable. Des centaines, des milliers de mètres cubes de sable, du ciment, du béton, de la ferraille. La vie duraille. Sans que ça déraille. Le tour est bien rodé. Comme sur un coup de dés. A l'horizon, déjà, sur ciel d'azur, du siècle, les nouvelles masures. De nouveaux immeubles. Pour que le citadin soit bien dans ses meubles.
Un beau matin, à nouveau, ils plient bagage. Démontent les échafaudages. S'en vont poursuivre ailleurs le voyage. Emportent tout sur leur passage. Font place nette. Ne laissent rien derrière eux. Pas le moindre morceau de ferraille. Le moindre boulon. Le moindre clou. Sauf un. Un seul.
Le clou du spectacle.
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