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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 21:57

C'est souvent comme ça. Tout simple. Très simple. Envie de bouger. Envie de partir. Besoin d'ailleurs. De jours meilleurs. Problème pourtant. Pas l'argent. Pas le temps. Ou pas suffisamment.

Pas de quoi se lamenter pour autant. Le livre est là. Embarquement immédiat. Destination inconnue. Le livre est fait pour ça. Quel qu'en soit l'auteur. Quel qu'en soit le sujet. Le thème. La forme. Roman. Nouvelle... Le livre est à la fois le compagnon de voyage et le voyage. Le livre, c'est le voyage imprévu. 

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 13:32

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© Jean-Louis Crimon   

 

 

 

 

Je sais, avec un titre pareil, vous pensez déjà, va encore nous faire le coup du Père François. Un petit papier à la gloire de... L'éloge du nouveau Président... Une déclaration d'amour aux idées de gauche...

Eh bien non ! détrompez-vous ! "Place au changement", ça n'a rien à voir avec qui vous pensez. "Place au changement", c'est juste le titre d'un 20 pages de pub, en quadrichromie, qui vient de trouver, je ne sais par quels chemins, le chemin de ma boîte à lettres. Fabuleux. Génial. Génial coup de pub.

Notez, je pense la chose depuis longtemps, mais cette fois, j'en ai une nouvelle preuve. La preuve. Les publicitaires sont des gens incroyables. Extra-ordinaires. Des voleurs. Des piqueurs. Des récupérateurs forcenés. Il n'inventent rien. Ils n'inventent jamais rien. Ils prennent. Ils comprennent. Ils empruntent. Ils copient. Ils détournent. Ils empruntent pour mieux laisser leur empreinte.

Ils détournent. Des mots. Des idées. Des slogans. Payent jamais leurs droits d'auteur, mais, bien sûr, se font payer, à prix d'or, leur forfait. Dans tous les sens du terme. Du détournement permanent. Du piratage de mots et d'idées. Cette fois, ça atteint des sommets. Le sommet. Le sommet de l'Etat.

Ben oui, quoi, le plagiat est flagrant. "Place au changement", ça rappelle immédiatement : "Le changement, c'est maintenant". Voilà, c'est comme ça. Ensuite, chemin classique : boîte à lettres, appartement, maison. Ils rentrent chez vous. Sans sonner. Sans frapper. Sans effraction. Une fraction de seconde suffit. Ils sont dans la tête. Dans votre tête. Comme ça. Presque par inadvertance. Vous, le premier samedi, autrement dit dès demain, vous prenez le chemin du lieu indiqué. Moi, c'est 9, Boulevard de Grenelle. Le catalogue en question, je ne vous cache rien,-d'ailleurs, sans doute, est-il aussi déjà chez vous- c'est le dernier catalogue de Castorama. En titre de "une", en capitales : PLACE AU CHANGEMENT. Sur-titre : du 11 au 28 mai. Sous-titre : des prix à suivre, des idées à vivre. 299 euros le meuble sous vasque. 99 euros le mitigeur lavabo. Ou si vous préférez, ça fait pas forcément marrer, le mobilier "pliant" : 19 euros 55 la chaise. 39 euros 90 la table. Pliante, la chaise. Pliante, la table. Le tout signé "Blooma Papaya". J'en passe et des meilleures. J'oubliais un petit slogan, dans le coin droit de la "une" du catalogue : Castorama, c'est castoche. Casto... castoche. De là à se dire : Castoche... fastoche !

Non, y' a mieux. J'ai une meilleure idée. Mon idée, c'est une contre-pub. Mon idée : c'est "Casto... casse-toi !"

Casse-toi, pôv c...! Non, non, pas ça. C'est déjà fait. C'est déjà pris. D'ailleurs, mal lui en prit. Mal lui en prit à ce mal appris.

Moi, c'est vraiment : "Casto... casse-toi !" J'irai pas dans ton magasin demain. "Place au changement", d'accord. Mais retour à l'original d'abord : "Le changement, c'est maintenant."

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 22:40

 

Le socialiste François Hollande a été, aujourd'hui, officiellement proclamé Président de la République avec 51,6 % des voix, ce 10 mai 2012, soit exactement 31 ans, jour pour jour, après l'élection de François Mitterrand, le 10 mai 1981. Résultats définitifs annoncés, très solennellement, par le président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré qui a déclaré : Au second tour de scrutin, le 6 mai 2012, M. Hollande a recueilli 18.000.668 voix (51,6%) contre 16.860.685 voix (48,4%) à M. Sarkozy.

Déclaration faite au siège du Conseil, au Palais Royal, à Paris. Ce sont donc quelque 1.139.983 électeurs qui ont donné la victoire à François Hollande.

Jean-Louis Debré a également précisé : Ainsi le Conseil constitutionnel proclame M. François Hollande, Président de la République Française. Son mandat de cinq ans, fixé par la Constitution, débutera au plus tard le 15 mai à minuit. D'un commun accord, la passation de pouvoir entre le Président sortant, Nicolas Sarkozy, et le Président élu, François Hollande, a été fixée au 15 mai.

"D'ici-là, y peut s'en passer des choses !", a commenté, ce soir, un vieux monsieur du Bus 72, assis juste devant moi.  "Rien du tout, voyons !", lui a rétorqué sa voisine. Sa femme sans doute. Pas pu m'empêcher de prendre part à la conversation :

Votre épouse a raison, monsieur, vous ne croyez tout de même pas que François Hollande va nous jouer Piccoli dans Habemus papam. Prendre la fuite, au dernier moment, victime d'une peur panique devant l'immensité de la tâche qui l'attend !

Rire général dans le fond du bus. Même dans le seizième, on a de l'humour. Enfin, on fait mine. Pour ne pas trop afficher grise mine.

 

 

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 18:09

 

Retour sur le quai. Retrouvailles avec le quotidien du quai. La fin de cette campagne présidentielle a par trop passionné et détourné les esprits. Ce fut un grand moment. Un moment où lon croit voir l'Histoire s'écrire sous nos yeux. Plutôt sous nos doigts. C'est souvent dans le journal que l'on est témoin de ce qui est, au propre comme au figuré, en train de s'écrire. Dans le journal ou à la télévision, ou à la radio. Même si, pour comprendre, vraiment comprendre, le journal, la presse écrite, c'est beaucoup mieux. On peut relire les articles. Podcaster n'est pas encore dans les us et coutumes de tout un chacun.

 

La femme du Président sorti, elle, est formelle. C'est la faute aux médias. Tous de gauche. Ou presque. C'est ma voisine sur le quai qui me l'a dit. Elle l'a lu dans Le Figaro. Ou dans Le Point. Elle ne sait plus très bien. Carla aurait déclaré quelque chose comme : Si mon mari a perdu, c'est la faute aux journalistes. Incroyable pouvoir du quatrième pouvoir. Incroyable pouvoir du contre-pouvoir. Avoir le pouvoir de renvoyer celui qui détient le pouvoir. 

En fait, la phrase exacte a été prononcée le 17 avril. Cinq jours avant le premier tour. Un coup de fil passé à la rédaction du Point par Carla Bruni-Sarkozy. Un échange courtois avec un journaliste. Un échange qui dérape sur la fin. Avec cette déclaration :"Sachez seulement que si mon homme est battu, c'est la fin de votre métier." Phrase mémorable, même si elle ne restera pas dans toutes les mémoires. Phrase suivie, selon le journaliste du Point par cette autre phrase :"Qu'est-ce que vous allez bien pouvoir raconter sur l'autre ? Il va falloir vous renouveler."

La femme d'un Président en exercice accusant les médias d'avoir fait campagne pour l'adversaire de son mari, insolite et incroyable à la fois. D'autant que la détermination de la première Dame n'avait d'égale que son obsession :"Je sais que la volonté des médias est de faire élire l'autre candidat, mais je pense quand même qu'on va gagner et ça démontrera combien vous êtes déconnectés des Français."

Curieux, y'a comme un air ancien qui me trotte soudain dans la tête. Une chanson douce. Des paroles et une musique envoûtantes.

Quelqu'un m'a dit... quelqu'un m'a dit que...

Les déconnectés n'étaient pas tout à fait du côté où on l'imaginait.

 

 

Le soir, bel éclat de rire de ma libraire de la rue La Fontaine :

- Je vis dans un quartier déprimé, maintenant !

Bon rire de ma libraire, pour ponctuer la belle envolée ! Ma libraire insiste :

- Vous auriez dû venir lundi, tous, ils faisaient une de ces têtes...

Elle nuance :

- Non, tout de même, François Bayrou, ce qu'il a fait, je ne comprends pas... il est fou... on ne lui pardonnera jamais.

Moi, faux derche :

- C'est un long cheminement...

Moi, encore, pour dédramatiser :

- Tiens, vous avez encore vos trois Huma ! Je vais vous arranger ça...

Elle, jubilatoire :

- Mais j'ai vendu tous mes Figaro ! mes 75 Figaro !

Moi :

- Vous savez, moi, Figaro, Trocadéro...

Elle, à nouveau :

- En même temps, y'a plus grave dans le monde, non ?  cinq ans, c'est vite passé ! ça durera peut-être même pas cinq ans...

 Moi :

- J'adore votre humour amer, on croirait un lendemain d'orage au bord de la mer.

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 18:08

 

L'image du jour. Paris, Place de l'Etoile, au pied de l'Arc de Triomphe. La photo. La photo qui fera la une de tous les quotidiens demain matin. Deux Présidents, côte à côte. Un drapeau et deux Présidents. Une image pour l'Histoire. Une image qui offre l'image d'une France apaisée. Réconciliée. Le Président en exercice et le Président élu, ensemble, pour la cérémonie de commémoration du 8 mai 1945. Passage en revue des troupes. Dépot de gerbe devant la tombe du soldat inconnu. Une première pour l'un, une dernière pour l'autre. Nicolas Sarkozy a même offert à François Hollande de raviver la flamme du souvenir. François Hollande a décliné l'offre, estimant que cet honneur revenait au Président en exercice jusqu'au 15 mai.

Excès de délicatesses et de prévenances après des excès de perfidies et de méchancetés ? Même pas. Simple passage de témoin dans le respect des règles républicaines. Retour à des relations correctes à défaut d'entente cordiale. Parenthèse républicaine. Ponctuation bienvenue. Démocratie Française. Toute Française. Bien Française. Armistice. Au nom des pères, au nom des fils. Le Président élu a intelligemment commenté : C'est la France du rassemblement. Nous nous devions d'être ici tous les deux. Le Président en exercice et le Président élu qui va prendre ses responsabilités le 15 mai. L'un et l'autre, nous devions être ici, unis, pour rendre hommage à toutes celles et à tous ceux qui sont tombés pour la France.

 

Juste après la cérémonie de l'Arc de Triomphe, François Hollande n'a pas tout de suite repris le chemin de l' Avenue de Ségur. Il a d'abord déjeuné avec le Président du Sénat. Retour au QG de transition en fin d'après-midi, Au programme, bien sûr, la composition du gouvernement et d'abord le nom du Premier Ministre. Parmi les plus souvent cités pour être le Premier : Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault, Pascal Lamy, Pierre Moscovici et Manuel Valls. Mais au fond, juste pour sourire, une question : pourquoi pas Mélenchon ? Pourquoi pas Bayrou ? Bayrou, pas si fou ! Non, je sais, c'est un peu tôt. Alors, beaucoup mieux : pourquoi pas Ségolène ?

Ségolène ! Ce serait grandiose. Ce serait géant, Ségolène...

Souverain, François Hollande l'est désormais et Ségolène, depuis toujours,  est... Royal.

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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 21:53

 

Juste une impression. Impression matinale. On se sent mieux. On respire mieux. On se sourit. On se parle dans la rue. On s'écoute. On écoute. La libraire de la rue Jean de La Fontaine a son beau sourire du début de semaine. Aujourd'hui est un jour particulier. C'est "Le jour d'après". Le lendemain de la victoire. La victoire du candidat de gauche. La victoire de François Hollande. La nuit a été courte. Ceux de la Bastille se sont couchés vers deux ou trois heures du matin. Levés tôt quand même. La vie reprend ses droits. La France qui se lève tôt, ou un peu plus tard, reprend son rythme. La France des retraités ou des rentiers du XVIème aussi.

Dans la librairie, comme à chaque lendemain d'élection présidentielle, les gens achètent davantage. Simple, me confie la libraire, je vais doubler mon chiffre d'affaires. "Celui qui, d'habitude, achète un journal, aujourd'hui, il en achète deux. Souvent Le Figaro  et un autre titre. Pas comme vous, vous c'est toujours Libé et L'Huma. L'Huma, ici, à part vous, j'en vends pas. Aujourd'hui, y m'en ont mis trois." Tous les quotidiens, forcément, titrent, pleine page, sur la victoire de François Hollande.

François Hollande est allé, lui aussi, pas trop tôt matin, au turbin. Son turbin à lui, c'est avenue de Ségur, dans le 7ème arrondissement. QG de campagne rebaptisé ce matin QG de transition. Les choses sérieuses commencent. Le Président élu a du pain sur la planche. D'abord plancher sur les premières mesures. Baisse de 30% du salaire du Président et des ministres. Au-delà du symbole, vrai geste de solidarité. Partage des efforts demandés au peuple. Geste d'un vrai Chef d'Etat. Loin du Fouquet's et des Rolex. Geste essentiel. Pour rompre avec le superficiel.

 

La nuit dernière, à la Bastille, Noah, Cali, Martine Aubry, Laurent Fabius, Manuel Valls, Stéphane Le Foll, Lionel Jospin, Harlem Désir, Ségolène Royal, Vincent Peillon, Aurélie Filippetti ou Pierre Moscovici, personne n'a chanté Le temps des cerises. J'ai trouvé ça dommage. Marseillaise et Internationale font trop d'un autre âge. Ce matin, toutes les radios nous rejouent Le temps des crises. Sûr, on le sait, on l'imagine, on le devine, la tâche qui attend le nouveau Président ne sera pas facile. Mais, déjà, la façon de procéder est un signe. Discrétion. Efficacité. Quelques mots quand même aux journalistes qui attendent avenue Ségur, devant le QG de transition : "Je dois me préparer. J'ai dit que j'étais prêt. Je dois l'être complétement." Modestie et sérieux. Gentillesse aussi. L'homme se prépare. Il le dit. Simplement. En douceur. Avec détermination.

 

Dès demain, à la demande du Président en exercice, François Hollande co-présidera les cérémonies du 8 mai. Le sortant et l'élu, tous les deux, côte à côte, sous l'Arc de Triomphe : belle image d'une démocratie française enfin à nouveau apaisée. Puis ce sera, dans huit jours, la passation de pouvoir, fixée, d'un commun accord, au mardi 15 mai. Dans la foulée, sera donné le nom du premier ministre. Mercredi ou jeudi, devrait suivre la composition de l'équipe gouvernementale. Le 16 mai, François Hollande doit être à Berlin. L'agenda international est déjà très chargé :  G 8, G 20, Sommet de l'Otan. Sans oublier la réunion des 27, à Bruxelles, le 28 juin, réunion d'arbitrage sur les différentes propositions concernant la croissance. François Hollande n'a pas caché, durant la campagne, sa volonté de renégocier le fameux traité de stabilité budgétaire. "L'Europe austéritaire", selon la formule de Mélenchon a des soucis à se faire. Mme Merkel a fait savoir qu'elle accueillerait le nouveau Président de la République Française "à bras ouverts". De la part de celle qui avait imprudemment affiché un soutien sans nuances au Président sortant, cette soudaine ouverture, des bras, est touchante. Réaliste surtout. Logique en tout cas. François Hollande n'en doutait pas. L'homme fort, désormais, c'est lui. Pas celui de la "France Forte". La belle affiche de la "France Forte" est... morte. Son leader a confirmé sa volonté d'abandonner la vie politique. Une page se tourne. Définitivement. Changement de style. Changement de ton. Changement de fond. Nécessité salutaire : retrouver un peu de profondeur, un peu de légéreté aussi.  Place à ce beau slogan : "Le changement, c'est maintenant". Un slogan à incarner dans le réel. A conjuguer dans la réalité. Dans la réalité de chaque jour.  A faire vivre. Maintenant. Ici et maintenant.

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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 18:26

 

C'est fait. Ou presque. C'est officiel. Ou presque. Sarkozy est battu. Hollande est le nouveau Président. Le septième Président de la République Française. Le septième Président de la Vème  République. C'est "presque" fait. Dans quatre minutes trente... Dans trois minutes... Dans deux... La télévision s'accroche à cette coutume audiovisuelle d'un autre âge. Hypocrise garantie. Aspect officiel-émotionnel maintenu. Pour un rituel convenu. Même si la France des réseaux dits sociaux sait déjà. Depuis une heure ou deux. Ou davantage. Enfin... c'est comme ça.

20 heures ! Premières estimations : Hollande : 51,90 %, Sarkozy :42,10 %.  Estimations "officielles". Bien avant 20 heures, sur la 2, David Pujadas rame comme un fou pour essayer de maintenir un peu de suspens, mais les images de Solférino sont d'une telle évidence que l'artifice du "dimanche 6 mai, 20 heures", comme moment officiel de l'annonce, s'avoue un peu "éventé". Dépassé. Anachronique. Les images de la Concorde déserte,ou déjà déserée, sont aussi très "parlantes". Les médias officiels font semblant, mais l'info, officielle ou pas, est déjà connue. 

Vers 17 heures, les fans de Twitter twittent à qui mieux mieux : "Radio Londres : 5 consonnes et trois voyelles". Le message est clair. Variante : Les Pays-Bas l'emportent sur la Hongrie. Plus précis : 52 % de remise sur le gouda.

 

A l'Elysée, RTB ou Radio Suisse Romande, RG ou pas, en comité restreint, Nicolas Sarkozy a déjà déclaré qu'il était le seul responsable de l'échec. Qu'il ferait tout pour maintenir l'unité de sa famille. Sans pour autant conduire la bataille des législatives. Faut comprendre. L'homme est un homme de parole. D'honneur aussi :"Si je perds, j'arrête la politique !"

20 h 20, Mutualité : Discours de Nicolas Sarkozy. Discours très classe. Très clair. Le battu fait face. Ne tergiverse pas. Comme si, soudain, la défaite, le rendait plus humain. 

"Le peuple français a fait son choix. Sifflets de la Mutualité...Je vous demande d'écouter ce que j'ai à vous dire. C'est un choix démocratique, républicain. François Hollande est le nouveau Président de la République. Je viens de l'avoir au téléphone...et je veux lui souhaiter "Bonne chance", au milieu des épreuves. Je l'ai félicité. Je lui ai souhaité bon courage."

Nouveaux sifflets. Sifflets à nouveau refusés par le Président sortant :
"Il y a quelque chose de plus grand que nous, c'est notre pays, c'est la France. Je voudrais remercier les Français de m'avoir fait l'honneur de présider aux destinées de la France, pendant ces cinq ans. Jamais je n'oublierai cet honneur. Je porte toute la responsabilité de cette défaite.Je ne suis pas un homme qui n'assume pas ses responsabilités. Il me faut en tirer toutes les conséquences...

"Quand on défend des valeurs, il faut les vivre. Laissez-moi cette liberté de dire... une autre époque s'ouvre, je resterai l'un des vôtres... ces idées, ces convictions... Après 35 ans de mandats politiques, après 10 ans de responsabilités au plus au niveau, mon engagement sera désormais différent. Au moment où je m'apprête à redevenir un Français parmi les Français, je veux vous dire : jamais je ne pourrais vous donner tout ce que vous m'avez donné, vous m'avez tellement donné."

Et enfin, mots de la fin : "Soyons dignes, soyons patriotes, vous êtes la France éternelle, je vous aime, merci, bonsoir !"  

 

Pendant ce temps-là, à Tulle, au Conseil Général de Corrèze, le nouveau Président de la République peaufine son discours. Ses discours. Ses deux discours. Celui de Corrèze et celui de la Bastille. Car François Hollande a décidé de venir Place de la Bastille saluer ceux qui déjà font la fête. Des anciens d'un certain 10 mai 81 et des beaucoup plus jeunes qui n'avaient pas l'idée de ce que ça pouvait être, l'alternance. Pas l'idée. Pas le goût, non plus. Incroyable saveur d'un instant que l'on sent, confusément, historique. 

Ce soir, on renoue avec la grande histoire de la gauche au pouvoir. C'est le 10 mai 1981 qui s'en revient faire un  tour dans le siècle 21. C'est François 1er qui dit à François II : Bien joué. Puisqu'il était question de valeurs, puisque tous s'accordaient pour dire que ce n'était qu'un problème de valeurs, eh bien oui, affirmons nos valeurs, car nos valeurs ne sont pas les leurs.

 

21 h 20. Le discours de Tulle, enfin. Place de la Cathédrale. François Hollande a pris son temps.

"Les Français viennent de choisir le changement...Je mesure l'honneur qui m'est fait et la tâche qui m'attend...

J'adresse un salut répubicain à Nicolas Sarkozy qui a dirigé la France pendant 5 ans... Je suis fier d'avoir été capable de redonner l'espoir... Cette émotion doit être celle de la fierté, de la dignité... le changement que je vous propose, il doit être à la hauteur de la France, il commence maintenant...

"Ce soir, il n'y a pas deux France qui se font face. Il n'y a qu'une seule France, une seule nation réunie dans le même destin. Chacun, en France, dans la République, sera traité à égalité de droits et devoirs. Aucun enfant de la République ne sera laissé de côté... trop de fractures, trop de blessures, trop de ruptures, de coupures ont séparé nos concitoyens, c'en est fini. Le premier devoir du Président, c'est de rassembler et d'associer chaque citoyen à l'action commune pour relever les défis qui nous attendent ... la préservation de notre modèle social... la réorientation de l'Europe pour l'emploi. "Je demande à être jugé sur deux engagements majeurs : la justice et la jeunesse. J'ai confiance en la France, je la connais bien, j'ai eu l'occasion de mesurer les souffrances, les difficultés , mais aussi tous les atouts, toutes les chances de notre pays. J'ai évoqué tout au long des ces derniers mois le rêve français... la longue marche pour qu'à chaque génération nous vivions mieux, pour donner à nos enfants une vie meilleure... Servir  la République, la France, les causes, les valeurs, que j'ai portées et qui auront à être entendues ici et partout dans le monde."

 

Belles paroles. Qui tranchent avec tous ces discours de haine et de division, ces éloges de la "frontière" dans sa conception la plus sectaire. Beau discours. Tenu. Retenu. Emu. Emouvant. Beaux mots, simples et beaux comme des mots d'amour. On retrouve l'esprit de celui qui a dit un jour: "J'aime les gens quand d'autres sont fascinés par l'argent."

 

Une journée particulière. Une soirée historique. Dans le rétroviseur, des images, des séquences, d'un dimanche pas comme les autres. Matinée cependant classique, banale. Dans l'attente du premier chiffre de participation. Pour patienter, les infos rituelles du vote des deux finalistes. François Hollande a voté à Tulle, à 10 heures 32. En compagnie de sa compagne, Valérie Trierweller. 

Nicolas Sarkozy  a fait de même à 11 heures 52, au Lycée Jean de La Fontaine, dans le 16 ème arrondissement de Paris. En compagnie de Carla Bruni-Sarkozy. Un service d'ordre impressionnant. De nombreux militants et des familles qui attendent sagement. Pour une photo. Une photo de famille justement.

Midi. Premières indications sur la participation. 30,66 %. Mieux que pour le premier tour du 22 avril : 28,29 %. Un signe. Un signe, oui, mais un signe de quoi ? Le choix de Marine Le Pen de voter "Blanc" et le choix de François Bayrou de voter "Hollande" n'ont rien d'évident, de simple. Leurs électeurs peuvent, doivent, être déroutés. Comment vont-ils se comporter ? Et pour ceux qui ont déjà voté, comment se sont-ils comportés ?

 

17 heures. Second chiffre de la participation : 71,96 %. Près d'un point et demi de mieux par rapport au premier tour du 22 avril, à la même heure. 70,59 % . Sur un plan statistique, les observateurs estiment que l'on est sur une participation proche de celle de 1981.

 

Après-midi paisible, en Corrèze, pour François Hollande. Déjeuner et promenade. D'abord, un bon déjeuner composé d'un vrai repas corrèzien. Terrine de canard, côte de boeuf aux pommes de terre et, en dessert, un fraisier. Réunion à l'Elysée avec l'équipe de campagne, pour Nicolas Sarkozy. Au programme : préparation du discours de ce soir à la Mutualité.

Un visage, un nom, un Président. Edition spéciale... Les radios augmentent la cadence de la diffusion des auto-promos L'attente d'abord, puis à 20 heures précisément, estimation IPSOS.

Soirée électorale à l'heure d'Internet et dans le respect des règles officilles, rappelle David Pujadas, qui réaffirme, comme pour mieux se persuader lui-même : aucune estimation ne sera donnée avant 20 heures parce que c'est la loi et que nous respectons la loi.

Dès 16 heures, plusieurs milliers de militants se rassemblent  à Solferino. Ecran géant. Dans la cour de Solferino, impossible de progresser. Un cortège de Solferino vers la Bastille.

 

A  la Mutualité, ça siffle à volonté.  "Hollande en Corrèze, Sarkozy à l'Elysée". "Sarkozy, c'est pas fini". On annonce la venue de Nicolas Sarkozy vers 21 heures. Pour une déclaration.  Déjà, on parle des législatives. 10 et 17 juin prochains. Le troisième tour promet d'être à la hauteur des deux premiers. L'UMP espère déjà, ouvertement, un vote de "correction". Que la gauche n'ait pas tous les pouvoirs, le Sénat, les Régions... l'Elyése et le gouvernement.

 

En Grèce, les deux partis qui défendaient le plan de rigueur s'effondrent. Les Conservateurs et les Socio- Démocrates en paient le prix. La crise et la rigueur ont pour conséquences l'entrée au Parlement, à Athènes, du Parti néo-Nazi "Aube dorée", 7 % des voix : "L'heure de la peur a sonné pour les traîtres à la PatrieHonte à ceux qui nous ont traîné dans la boue !"

 

A Paris, pari perdu pour Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat sortant doit se faire une raison. Lui qui affichait une énergie et un otimisme à toute épreuve, et qui rêvait d'une surprise possible, sait bien que depuis la fin de l'après-midi, tout est plié. Il n'est plus, il ne sera jamais plus Président de la République. Ses arguments n'ont pas convaincu. La stratégie de sa dernière ligne droite a trop dérouté. Dans tous les sens du terme. Au point de faire traverser la rue au patron du Modem.

Avant 20 heures, pour sauver les apparences du respect des règles et la loi électorale, les journalistes meublent comme ils peuvent. Question : Quel sera le destin du nouveau Président de la République ? Quel que soit le Président. Si François Hollande est élu ? François Hollande ne doit pas s'attendre à un état de grâce. Si c'est lui le nouveau Président, il faut sortir de l'austérité en Europe.

Une autre question, ce soir, mais il encore trop tôt : quel destin attend celui qui perd ? qui a perdu ? qui a tout perdu ? Quel sera désormais le destin de Nicolas Sarkozy ? Ce soir, personne ne pose, ni n'ose poser la question. Tout le monde s'en fout. Personne ne le sait. Bien malin qui pourrait prétendre  le savoir. Nicolas Sarkozy, lui-même, ne le sait peut-être pas. Groggy, k.-o. Classe tout de même, le sortant "sorti", dans la descente au tombeau ! Que n'ait-il été aussi classe et respectueux de l'autre, des autres, beaucoup plus tôt. Pourquoi attendre la défaite pour s'humaniser un peu. La complexité psychologique de l'individu n'a pas fini de surprendre.

Pendant ce temps-là, à la Concorde, on démonte et on remballe. A la Bastille on installe. De Tulle, François Hollande se rendra directement à la Bastille. Sans passer par Solférino.

 

La Bastille, ce soir, il faut en être. Il faut vivre l'évènement. Intensément. Non pas partisan. La Bastille en fête. C'est après minuit que le nouveau Président y arrive : "Je ne sais si vous m'entendez, mais moi je vous ai entendu. J'ai entendu votre volonté de changement. Merci de m'avoir permis d'être votre Président de la République."

Jean-Luc Mélenchon, plus tôt dans la soirée, a estimé qu'avec l'élection de François Hollande, les Français ont brisé l'attelage austéritaire Merkel-Sarkozy. Un beau message aux Européens. Aux Grecs et aux Italiens. Aux Espagnols et aux Portugais. Et d'abord aux Allemands.

Au milieu de ces dizaines de milliers de citoyens, certains, surtout certaines, une rose à la main, comme en 81, rassemblés, réunis, agglutinés, Place de la Bastille, j'écoute la voix de fraise des bois, et je me dis, tout, bas, qu'un éléphant, parfois, ça (se) trompe énormément. Hollande a-t-il pardonné à Fabius ? Ce surnom si peu élégant.  Belle élégance, ce soir, en tout cas, pour le "Président normal". Normal, n'est-ce pas ? La moindre des choses. "Nous devons faire de cette victoire, non pas la victoire de la revanche, de la rancoeur, de la rancune, mais une belle victoire."

Celui que certains observateurs qualifient de "Pompidou de gauche" est un homme droit. Normal, quoi.

 

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 22:14

 

L'un à Paris, en famille. Avec sa femme et sa fille. L'autre, en Corrèze, avec sa compagne. Dans son canton. Silence radio pour les deux héros de la finale. Jour de repos. François Hollande, à Tulle, fait, comme d'habitude, un petit tour de marché. Nicolas Sarkozy, à Paris, 18, rue de la Convention, dans le XVème, remercie tous ceux qui se sont battus pour lui. A  la radio, à la télé, ni parole politique, ni sondage, jusqu'à demain, 20 heures. Journée de réflexion pour les électeurs. Pas pour tous les électeurs. On vote déjà ailleurs. 

Les Français d'Outre-Mer et les Français d'Amérique ont ouvert le bal. Une journée d'avance sur la métropole. A Saint-Pierre et Miquelon, un électeur sur quatre s'était rendu aux urnes à la mi-journée. Même si vient de s'ouvrir la très populaire saison de pêche à la truite. Ici, on ne peut pas dire de ceux qui vont à la pêche qu'ils sont des abstentionnistes.

Ce dispositif de vote anticipé, déjà appliqué en 2007, a été retenu pour éviter que les ultramarins ne votent alors que l'issue du scrutin est déjà connue.

 

Ici, désir de campagne. Même si Mai se déguise en Mars. Soif de vent et de pluie. De soleil aussi. Marcher enfin dans des chemins de terre. Parler aux arbres. Ecouter le chant des oiseaux. Longer le bord de la rivière. Etre à nouveau dans la "vraie vie". Retrouver le sens du silence. Respirer, rire et chanter. Faim de campagne. Pour mieux retourner en ville. De l'air pur plein les poumons. Ou alors, s'en aller au bois ou se balader dans les parcs. La campagne à la ville, c'est aussi possible parfois.

 

Nicolas a sans doute mumuré des centaines de fois : merci Carla. Carla a sans doute répondu : de rien, Nicolas. Quatre consonnes et trois voyelles, c'était vrai pour Raphaël, quatre consonnes et trois voyelles, ça l'est encore pour Nicolas, et c'est toujours Carla qui donne le "la"... Carla, Carla, Carla, quel beau prénom ! mais demain soir, sera bien triste la chanson,

 

Car la soirée ne sera pas facile pour Nicolas, qui va tomber de Charybde en Scylla, 

Car la République semble, cette fois, plutôt choisir François,

Car la crise n'explique pas tout, et parce qu'il ne faut pas faire et dire le contraire de tout,

Car la France mérite mieux que des leçons de morale à deux balles sur la règle d'or,

Car la plaisanterie a trop duré, et ce sont toujours les mêmes qui font les mêmes efforts,

Car la Bastille est à reprendre, ça, au moins, tu aurais pu le comprendre,

Car la France des Droits de l'homme et du citoyen, ce n'est pas rien,

Car la  France des Lumières, Diderot, Rousseau, Voltaire, c'est salutaire,

Car la colère est profonde et, depuis trop longtemps, elle gronde,

Car la fin ne justifie pas tous les moyens, qui va à la chasse perd sa place, tu le sais bien,

Car la fille en Bleu Marine, si belle soit-elle, n'était pas un "bon parti",

Car la fin est proche et c'est bête, d'un côté, on fait la fête, de l'autre, on fait la tête,

Car la roue tourne, et le peuple aspire au changement, et ça n'est pas dément,

Car la bataille était de trop, et Europe ou pas, tu aurais dû te contenter d'un seul quinquennat,

Car la démocratie, c'est François qui l'a dit, doit être plus forte que les marchés, la finance, on doit la dominer, 

Car la raison d'être de l'Etat, ce n'est pas d'équilibrer ses comptes sur le dos des plus faibles,

Car la raison d'être de l'Europe, ce n'est pas de mettre les peuples à genoux,

Car la Grèce et l'Italie qu'on étrangle, ça n'est ni très net, ni très honnête,

Car la chose publique, la res publica, en a assez des privilèges des intérêts privés,

Car la vérité n'est jamais d'un seul côté et ton art du mensonge nous a désespérés,

Car la vie, tu vois, a parfois des envies de revanche, c'est pas tous les jours dimanche,

Car la leçon de l'histoire, c'est que le pouvoir, on le mérite ou on le perd, et alors c'est une autre paire... de manches,

Car la relève est là, un autre chemin est possible, et tu peux faire une croix sur tes rêves de revanche ! 

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 19:35

 

Aux Sables-d'Olonne, ça sent la déconne. En Moselle, à Périgueux, c'est pas dégueu. Mieux: c'est sérieux. A l'Est, à l'Ouest, au Sud, les deux finalistes lancent leurs dernières salves. En Vendée, un fanfaron fanfaronne. En vain, sans doute, mais rien ne l'atteint, rien ne l'étonne. Le président-candidat, c'est drôle, il est mal barré, il est barré, il est... à l'Ouest ! Quand c'est cuit, quid de la méthode Coué ? Quand la grande Union se délite, pas de raisons qu'il hésite, dernière pique pour les petites élites, ces petites élites dévoyées qui travestissent la réalité. Travestissent, mais oui, c'est ce qu'il a dit, le sortant. C'est ce qu'il a sorti. Ces petites élites qui travestissent la réalité. Travestir : déguiser, transformer, falsifier, déformer, trahir. Bien sûr, c'est évident, la "vraie" raison d'être du métier de journaliste ! Etre journaliste, c'est, bien sûr, trahir, déformer, falsifier, transformer, déguiser, les faits, les gens, les idées, le réel, la réalité ! Projection classique. On met sur le dos de l'autre, sur le dos des autres, ce qui pèse tant sur notre propre dos. Grand classique Sarkozien. Nouvelle confirmation du célèbre Ch'est ch'ti qui l'dit qui y'est. C'est celui qui le dit qui l'est !

"Je sens monter la vague", a repris Nicolas Sarkozy, aux Sables-d'Olonne. Monter la vague aux Sables, normal, me direz-vous ! Le président-candidat a martelé à nouveau : "Chacun d'entre vous a l'avenir de son pays dans les mains. Chaque voix comptera. Les choses vont se jouer sur le fil du rasoir. Je sens monter une mobilisation que je n'ai jamais connue et jamais ressentie dans notre pays."

Dernière petite phrase, à double ou à triple sens, confession ou concession, aveu ou mise en garde : la haine de soi conduit toujours à la haine des autres.

A Périgueux, on n'est pas des gueux, et François Hollande a souligné que cela fait très exactement 24 ans que l'on attend une victoire d'un socialiste à l'élection présidentielle. Le dernière victoire, c'était, mais oui, en 1988, celle de François Mitterrand. Ce soir, à Périgueux, le candidat de la gauche a redit, avec force et conviction : "Je représente déjà plus que la gauche. Même si je suis socialiste, même si je vais gouverner avec la gauche, ce sont les républicains qui vont me permettre la victoire de dimanche. Clin d'oeil discret à un autre François, François Bayrou, et à tous ceux qui, ayant réfléchi de la même façon, vont suivre, dimanche, le même chemin.

A partir de ce soir, minuit, c'est fini. A la campagne ou à la ville, la campagne sera finie. Plus de réunions. Plus de rassemblements. Plus de meetings. La campagne pour la présidentielle 2012 aura vécu. Plus d 'analyses. Plus de commentaires non plus. Encore moins de sondages. On va enfin pouvoir parler d'autre chose. On va enfin pouvoir penser à autre chose.

Derniers mots de Sarko sur cette campagne qui s'achève. Première "vraie" note d'humour :" Avec François Hollande, on s'est réparti les choses... l'arrogance pour lui... et... l'humour pour moi !"

Pas mal du tout ! Jolie sortie, monsieur le sortant ! Tous les espoirs sont permis. Tous les espoirs vous sont permis ! Surtout, gardez le même humour pour dimanche soir. Dimanche soir, 20 heures. 18 heures 30 si vous écoutez les radios Belges ou Suisses. L'humour, la seule manière de garder un peu de distance entre "soi" et "soi". Le soi "public" et le soi "privé". Entre nous, soit dit en passant, chez vous, chez toi,  ils ont été bien malmenés, ces deux "soi". Il est temps d'en prendre soin. Prendre soin de soi, c'est la meilleure façon d'être bien avec soi. Avec soi-même. Se sentir bien "chez soi", c'est vital. C'est essentiel quand on veut s'occuper des autres. Je veux te faire un aveu, -tant pis si je te déçois-, je dois te dire que je n'ai jamais voté pour toi. Tu le comprends, ce n'est pas après-demain que ça arrivera, mais permets-moi, ce soir, cette petite familiarité : prends soin de toi ! Tu t'es un peu trop malmené, ces derniers temps, et tu nous as beaucoup trop malmenés, durant ces cinq dernières années. Il est temps, il est vraiment temps, monsieur le Président sortant, de prendre congé. De cesser de penser à nous. Pour commencer à penser  toi. Vraiment à toi. Sans nous. 

Plutôt que de dépenser tant d'énergie à tout faire pour nous diviser, il est temps que tu comprennes que tu dois maintenant  te réconcilier avec toi-même. D'abord régler tes propres problèmes avant de vouloir, à nouveau, prétendre prendre en charge les nôtres. Cesse, une fois pour toutes, de vouloir jouer le bon apôtre. Tu as eu ta part de lumière et de pouvoir, tu peux en laisser un peu aux autres. Tu as tes certitudes, nous avons les nôtres. Il est venu le temps de l'alternance, on veut vraiment changer de gouvernance.

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 18:21

 

L'un, dans le Var, à Toulon, s'en va chercher un peu de réconfort. Précieux quand on sent qu'on n'est plus le plus fort. Sarko, il déconne, il en fait des tonnes, lui entonne la Garonne. L'autre, à Toulouse, Place du Capitole, pour une victoire capitale. L'homme de Tulle jamais ne capitule. Ils l'ont cru faible, il est fort. Ils l'ont cru sans envergure, c'est de bon augure : il excelle dans l'effort.

Toulon: To lose. Toulouse : tout bon. La gauche est là, prête à diriger le pays. Qui va s'en plaindre aujourd'hui ?

Pendant ce temps-là, le MoDem ne se trompe pas. Son Président franchit le Rubicon. Non pas comme César, pour renverser la République. Mais comme François Bayrou, pour sauver la République. Il y a du talent à ne pas se tromper d'ennemi. Il y a de la grandeur à ne pas se tromper de combat. Il y a de la grandeur d'âme à se vouloir l'émissaire qui refuse la stratégie du bouc-émissaire. Ne pas succomber à l'obsession de l'immigration. Ne pas stigmatiser  en zoomant, dans son clip de campagne, sur le panneau Douane, écrit en français et en arabe.

François Bayrou  franchit le Rubicon. Il  annonce qu'il votera François Hollande. Un choix personnel. Un choix d'indépendance. Un choix de citoyen. Sans éprouver le besoin de donner la moindre consigne à ses 3 millions 300.000 électeurs: "Chacun s'exprimera en conscience." Le patron du MoDem se borne à justifier son propre choix. Un choix qui n'engage que lui-même, mais tout lui-même.

"La ligne qu'a choisie Nicolas Sarkozy, entre les deux tours, est violente. Elle entre en contradiction avec les valeurs qui sont les nôtres, pas seulement les miennes, pas seulement celles du courant politique que je représente, mais aussi les valeurs du Gaullisme, autant que celles de la droite républicaine et sociale."  

Cette fois, l'homme Bayrou ne parle pas la langue de bois. Rejet clair et net de ce qu'il qualifie de "course-poursuite", derrière le Front National,  pour cueillir, ou recueillir, les voix de l'extrême. Reste donc un seul chemin, une seule voie : le vote pour François Hollande qui, selon François Bayrou, s'est prononcé de manière claire sur la moralisation de la vie publique. En prime et en substance : la crise est devant nous. Nous nous devons de le dire, de ne pas le cacher, et de nous unir, de nous rassembler pour y faire face. Je pense que devant cette crise inéluctable, le pays a besoin d'un projet qui réunira des femmes et des hommes venu d'horizons différents, pour le reconstruire.

Sans surprise, mais sans doute pas sans amertume, le premier ministre, François Fillon, minimise, de façon méprisante, le choix de François Bayrou : c'est l'avis d'un homme seul. François Fillon oublie un peu vite qu'il faut, en pareille circonstance, un réel courage pour être "un homme seul".

François Hollande salue une certaine conception de la République. Celle d'un homme qui place les valeurs avant tout. Ne confond pas le choix entre deux personnes, qui représentent deux conceptions de la République, avec des logiques d'appareils : "C'est un choix d'homme libre, indépendant... qui a pris conscience que le candidat sortant divisait et que je rassemblais, qu'il y avait un risque pour le pays." 

Décision dictée par le dépit personnel, assassinent déjà les aigris du Centre. Boutin et Morin, dans un bateau... deux destins qui tombent à l'eau ! Dire à ses électeurs ... "Moi, à titre personnel, je vote Hollande !", ne leur  parait pas cohérent. Pour les leçons de cohérence, c'est vrai, Boutin et Morin... 

A Toulon, l'un caricature, une dernière fois, les valeurs morales d'une gauche qui, selon lui, a abandonné les quartiers, les usines. Mauvais perdant. Mauvais orateur. Fustige, encore et encore, une gauche qui condamne la réussite sauf quand c'est la sienne. Cette gauche qui déteste l'argent sauf quand c'est le sien. Oublie en chemin qu'il doit d'abord et avant tout convaincre les indécis. Se perd à nouveau dans des attaques aussi séniles que stériles. Réactions primaires de vrai réactionnaire. D'abord : Avec nous, la rue n'a jamais fait la loi dans la République française. Et encore : C'est toujours pareil avec les  socialistes, il font des promesses à tout le monde . Dans les années 80, il a fallu deux ans pour que les socialistes réalisent, aujourd'hui, il leur faudra deux jours. Deux jours d'illusions pour des années de souffrance.

Discours de trop. Paroles inutiles. Mots de mauvais perdant. Le talent, c'est aussi de savoir reconnaître la valeur de l'adversaire. Dérisoire. Désespéré. Désespérant. Au Zénith de Toulon, celui qui n'est plus au  zénith, donne son chant du cygne.

Parfois, il faut savoir se taire. Faute de n'avoir pas su le faire, le sortant se condamne au silence. Par la petite porte, il sort de l'Histoire. Sort de l'Histoire de France. A la bouche, la morgue de celui qui va finir à la morgue. Pensée mortifère qui va finir en cadavre. L'homme du karcher, de la vie chère, peuchère, de sa peau, ce soir, on ne donne pas cher. Symboliquement parlant, s'entend.

A trop pratiquer la surenchère, sûr, un jour, le peuple, on désespère.

 

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