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24 juin 2021 4 24 /06 /juin /2021 09:47
Paris. France Culture. Studio 168. Déc. 2003. © François Crimon

Paris. France Culture. Studio 168. Déc. 2003. © François Crimon

Se lever, chaque nuit, au beau milieu de la nuit, du lundi au vendredi, pour une prise de service au quatrième étage de la grande Maison Ronde, à 3 heures du matin, la dure condition du matinalier. Le matinalier, celui qui présente les premiers journaux de la journée. 7 heures et 7 heures trente. Une vie à l'envers. Qui vous prive de toute vie véritable. Un rythme qui exige une très bonne condition physique. Le refus de toutes les invitations ou les tentations de sortie du soir. On ne peut pas être du soir et du matin. Le matinalier ne le sait que trop bien. Même s'il a très vite appris à dormir en "fractionné". Quand on est speaker, on dort comme un skipper

Que se passe-t-il dans la tête de celui qui vit à contre-temps, juste avant la prise d'antenne ? Juste avant le "Bonjour" du premier micro ? Pour ceux qui écoutent, c'est le matin, mais pour lui, c'est déjà le milieu de sa journée.

Une pensée d'une fraction de seconde pour les proches, la famille, les enfants, les parents, les amis fidèles qu'on imagine à l'écoute, et ces dizaines de milliers d'auditrices et d'auditeurs qu'on ne connait pas, mais qui, eux, ont le sentiment de bien vous connaître, vous, la voix familière de chaque matin. Pensée à chasser très vite. Ne pas se laisser distraire. Au contraire, concentration intense et une bonne respiration. C'est parti pour un round up de 15 ou 20 minutes. Sans hésitation, sans faute de diction, avec une voix bien timbrée, sans trop de "graves" pour plonger dans la gravité des affaires du monde. L'actualité est rarement rose ou enjouée. Le porteur de nouvelles est souvent le speaker des mauvaises nouvelles.

 

© Jean-Louis Crimon

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