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23 juin 2021 3 23 /06 /juin /2021 12:58
Amiens. JDA. Journal des Amiénois. 1994. © DR

Amiens. JDA. Journal des Amiénois. 1994. © DR

Devenir le Directeur, le patron, le boss, de cette radio où j'avais débuté, douze ans plus tôt, comme simple pigiste, forcément, ce fut une expérience assez particulière, le côté "clin d'oeil du destin" en prime, pour pimenter la chose. Parcours insolite, comme toujours. Humainement enrichissant. Même si, DS, DP, CHSCT ou CE, pas toujours très fraternels et parfois franchement conflictuels. De fait, mettre entre parenthèses sa carrière de journaliste, en Scandinavie, pour une fonction administrative, en Picardie, était une décision pas évidente à prendre. Courageuse, peut-être, mais surtout risquée. Dans la vie, privée, ou professionnelle, le retour aux premières amours ne paye pas toujours.

La mission que le Directeur des radios locales de Radio France, le grand Jean-Pierre Farkas, m'avait confié reposait sur trois points. Un : ramener la paix sociale dans l'entreprise. Deux : développer les partenariats payants. Trois : augmenter l'audience.

En prime, la direction comptable des budgets des radios locales me demanda de mener une enquête discrète pour comprendre pourquoi - cas unique en France, ou plutôt "en Radio France" -, on était capable à Amiens, de faire un plein de 80 litres d'essence dans un réservoir de 40. 

Dès ma première semaine, je pris rendez-vous avec le pompiste attitré de la Station. Une rencontre courtoise et éloquente. L'homme me déclara tout bonnement que mon prédecesseur avait coutume, à chaque plein de sa voiture de fonction, de faire aussi le plein de la voiture qui le suivait, la voiture de sa femme. Le pompiste facturant les deux pleins sur une même facture. Elémentaire, mon cher Watson. Elémentaire mais stupide. L'affaire fit grand bruit à Paris. Avec ironie, de bonnes âmes me surnommèrent Sherlock Holmes. D'autres m'imaginaient plutôt en Columbo avec sa phrase fétiche "Quand je vais dire ça à ma femme..."

Dans mon esprit, je n'étais pas nommé Directeur de Radio France Picardie, à vie. C'était une fonction, un rôle social. Limité dans le temps. Périssable. Mais sans y laisser sa peau. Mon quinquennat me parut suffisant.

Le jour où j'ai fait part, au cours du déjeuner d'un CCE houleux sur le passage aux 35 heures, à Jean-Marie Cavada, PDG de Radio France, de mon intention de quitter un poste où je réussisais plutôt bien, pour reprendre mon métier de journaliste, ma démarche ne l'a pas surpris. Au contraire. Il m'en félicita. N'hésitant pas à me citer en exemple au cours d'une réunion de tous les Directeurs et Directrices des radios locales de Radio France. Ce qui me valut quelques inimitiés dans la confrérie et l'hostilité définitive de ceux qui considéraient que leur rôle de Directeur était une fonction à vie. Un acquis définitif. A ne jamais remettre en cause. Les nominations successives, à la préfectorale, ponctuant logiquement les années de Direction. Sans jamais y mettre un terme. Sauf quand l'âge de la retraite était atteint.

 

© Jean-Louis Crimon

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