Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 08:57
Paris. Montparnasse. Avril 2019. © Jean-Louis Crimon

Paris. Montparnasse. Avril 2019. © Jean-Louis Crimon

 

     Je parle aux oiseaux du bord de l’eau

     Je connais les accents de la rivière

     Je sais le sens du vent

     La course des nuages

     L’heure de la pluie

 

     Je marche tard dans le soir

     Sans jamais m’asseoir

     Je n’ai pas peur du noir

     La nuit est mon amie

 

     J’étudie les mots du silence

     Pour en connaître le sens

     Je n’ai pas peur de la solitude

     Je ne crains pas l’absence

     On n’est jamais seul quand on est seul avec soi-même 

 

     La grille du cimetière donne sur les champs

     Les paysans ont mis le feu à l’herbe sèche des talus

     J’aime l’odeur âcre de la fumée du mois de mars 

     Les giboulées vont venir ponctuer l’écriture du printemps

     Mettre un point final à l’hiver

 

     Toi, déjà, tu rêves à la musique des feuilles des arbres

     Quand le vent joue de l’harmonica dans les branches qui grincent pour ne pas pleurer

     Les larmes, ça attire la pluie

 

     Tu ne ressens jamais aucune fatigue, aucune douleur

     Tu n’as jamais mal aux pieds, mal au dos, mal aux dents,

     Ou si tu as mal, tu ne te plains pas

     Se plaindre, c’est mal, se plaindre, ce n’est pas normal,

     On ne se plaint pas d’être vivant.

     Les morts n’ont plus mal aux dents.

 

     Toi, tu rêves et tu dérives

     Tu rêves tes rêves à la dérive

     Tu vas dire : j’arrive quand on t’appelle de l’autre côté de la rive

 

     Tu dis parfois Il pleut dans ma tête ou J’écoute la respiration de l’eau.

     Tu penses que tu as le même arbre généalogique que la pierre.

     Tu parles de ta sœur la pluie.

 

     Tu voudrais laisser des messages aux générations futures

     Tu dis qu’un écrivain, c’est un pêcheur à la ligne

      Il amorce

      Il lance ses gaules et il attend que ça morde

 

      Tu prétends que les mots sont des poissons d’argent

      Pourtant tu dis : Le silence est d’or.

      Tu n’as pas ta langue dans ta poche

      Tu dis : Les idées, c’est comme les chaussures, celles qui ne sont pas à votre pointure

      risquent de vous empêcher de marcher.

 

      Moi, pour t’ennuyer, je te réponds : 

      Un penseur est un va nus pieds.

 

      J’invente des titres impossibles pour des livres que je n’écrirai jamais.

 

       « Voyage au bout de l’ennui » et « Rêveries du promeneur solidaire »

      sont mes deux préférés.

 

       « Traverses » 

      sera le plus beau.

 

       © Jean-Louis Crimon 

Partager cet article
Repost0

commentaires