© Jean-Louis Crimon
Je sais, avec un titre pareil, vous pensez déjà, va encore nous faire le coup du Père François. Un petit papier à la gloire de... L'éloge du nouveau Président... Une déclaration d'amour aux idées de gauche...
Eh bien non ! détrompez-vous ! "Place au changement", ça n'a rien à voir avec qui vous pensez. "Place au changement", c'est juste le titre d'un 20 pages de pub, en quadrichromie, qui vient de trouver, je ne sais par quels chemins, le chemin de ma boîte à lettres. Fabuleux. Génial. Génial coup de pub.
Notez, je pense la chose depuis longtemps, mais cette fois, j'en ai une nouvelle preuve. La preuve. Les publicitaires sont des gens incroyables. Extra-ordinaires. Des voleurs. Des piqueurs. Des récupérateurs forcenés. Il n'inventent rien. Ils n'inventent jamais rien. Ils prennent. Ils comprennent. Ils empruntent. Ils copient. Ils détournent. Ils empruntent pour mieux laisser leur empreinte.
Ils détournent. Des mots. Des idées. Des slogans. Payent jamais leurs droits d'auteur, mais, bien sûr, se font payer, à prix d'or, leur forfait. Dans tous les sens du terme. Du détournement permanent. Du piratage de mots et d'idées. Cette fois, ça atteint des sommets. Le sommet. Le sommet de l'Etat.
Ben oui, quoi, le plagiat est flagrant. "Place au changement", ça rappelle immédiatement : "Le changement, c'est maintenant". Voilà, c'est comme ça. Ensuite, chemin classique : boîte à lettres, appartement, maison. Ils rentrent chez vous. Sans sonner. Sans frapper. Sans effraction. Une fraction de seconde suffit. Ils sont dans la tête. Dans votre tête. Comme ça. Presque par inadvertance. Vous, le premier samedi, autrement dit dès demain, vous prenez le chemin du lieu indiqué. Moi, c'est 9, Boulevard de Grenelle. Le catalogue en question, je ne vous cache rien,-d'ailleurs, sans doute, est-il aussi déjà chez vous- c'est le dernier catalogue de Castorama. En titre de "une", en capitales : PLACE AU CHANGEMENT. Sur-titre : du 11 au 28 mai. Sous-titre : des prix à suivre, des idées à vivre. 299 euros le meuble sous vasque. 99 euros le mitigeur lavabo. Ou si vous préférez, ça fait pas forcément marrer, le mobilier "pliant" : 19 euros 55 la chaise. 39 euros 90 la table. Pliante, la chaise. Pliante, la table. Le tout signé "Blooma Papaya". J'en passe et des meilleures. J'oubliais un petit slogan, dans le coin droit de la "une" du catalogue : Castorama, c'est castoche. Casto... castoche. De là à se dire : Castoche... fastoche !
Non, y' a mieux. J'ai une meilleure idée. Mon idée, c'est une contre-pub. Mon idée : c'est "Casto... casse-toi !"
Casse-toi, pôv c...! Non, non, pas ça. C'est déjà fait. C'est déjà pris. D'ailleurs, mal lui en prit. Mal lui en prit à ce mal appris.
Moi, c'est vraiment : "Casto... casse-toi !" J'irai pas dans ton magasin demain. "Place au changement", d'accord. Mais retour à l'original d'abord : "Le changement, c'est maintenant."