La jeune fille qui ressemblait à un cygne. Patrick Reumaux. / Amiens. Juin 2019. © Jean-Louis Crimon
Ce livre-là, j'ai dû l'acheter au début des années 70, dans l'autre siècle, le XXe, ce siècle 20 qu'on avait pris l'habitude, par dérision autant que par lucidité politique, de rebaptiser "le siècle vain". C'était au temps de nos 20 ans turbulants et paisibles à la fois.
C'est le titre qui m'avait accroché d'emblée, un titre plutôt long pour un lecteur qui depuis toujours préfère les titres courts. Un titre d'une beauté rare. Un titre comme une promesse. Une promesse qui dépasse la promesse de lecture de ce petit roman perçu comme flamboyant. Un titre comme une promesse de vie.
L'incipit était superbe. Il disait : "Maintenant que j'ai abandonné la licence de philosophie pour écrire des histoires pour les enfants, j'ai le sentiment que cela seul a de l'importance."
En un instant, "La jeune fille qui ressemblait à un cygne", roman, est devenu "Le livre qui ressemblait à un signe."
Je n'ai pas abandonné pour autant la licence de philosophie. Je ne me suis pas mis à écrire des histoires pour les enfants. J'ai simplement compris que dans ma vie, rien ne serait plus essentiel à mes yeux que l'écriture. Aujourd'hui, je persiste et je signe. Ecrire, j'ai le sentiment que cela seul a de l'importance.
Miracle des hasards de l'existence humaine, comme dans le roman, la jeune fille qui ressemblait à un cygne m'est un jour apparue. Je l'ai vue vraiment. Vraiment vue. Une légéreté soudaine, une grâce incroyable. Aérienne.
Beauté rare de l'instant donné qui serait à tout jamais enfui s'il n'y avait eu, à cet instant précis, la magie de la photographie.
© Jean-Louis Crimon