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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 20:25

428122 10150580704379726 1818171805 n © Jean-Louis Crimon

 

 

 

 

Il  est le premier des professeurs. Elle exerce le dernier des métiers. Quatre mois que mes collègues et mes étudiants me l'affirment en coeur. De bon coeur. Moi, ça me fait mal au coeur. Chengdu, 2000 km au sud-ouest de Pékin. Université Normale du Sichuan. J'y enseigne le français. On m'appelle Laoshi. Professeur. Mais en Chine, je me sens perpétuel étudiant. Je veux comprendre. Comprendre comment on est passé ici de la Révolution Culturelle au pays du capitalisme rouge.  

Dans ce campus de 20000 étudiants, dès les premiers jours de l'automne, je me suis pris d'amitié pour les balayeurs. Pris d'amitié aussi pour Confucius.

Le soir, je vais souvent m'asseoir au pied de la grande statue du Grand Maître. Un Grand Maître de dix-huit mètres. Je le salue parfois par la fenêtre du bureau des professeurs. Du quatrième étage. Confucius est le premier des professeurs. La balayeuse exerce le dernier des métiers. 

Le pédagogue balaie les idées fausses. Il a un travail énorme. C'est qu'il y en a des idées fausses dans la tête des gens. Des idées fausses aussi dans la tête des étudiants.

Qui balaiera les idées fausses dans la tête de mes étudiants ? J'ai eu beau leur dire que mon père était jardinier. Que lorsque j'ai eu l'âge de travailler, il m'a dit, en riant : du balai !

M'a dit aussi, très sérieusement, qu'avant de critiquer les idées fausses des voisins, fallait d'abord balayer devant sa porte.

 

La balayeuse dessine des mots et des idées que le grand Sage ne sait peut-être pas déchiffrer. Des idées légères. Des idées qui ne pèsent pas lourd. Des idées au gramme.

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