© Jean-Louis Crimon
Le hasard encore. Le hasard toujours. Le bol. La chance. Le bol d'être là. Au bon moment. Bol d'être là pour la bulle. Plateau Beaubourg. Février de cette année. Un homme se fait des ronds en faisant des bulles. Se fait des euros en faisant des heureux. Deux enfants s'arrêtent et s'attardent. Sous le regard complice des parents. Clin d'oeil. Des bulles de l'enfance, ne jamais faire le deuil. Curieux culte. Exulte la joie de l'adulte. Miracle païen du quotidien. Tout se fige. La place, les gens, les passantes, les passants.
Retour en enfance. Destin de bulle. Bulle et muet conciliabule. Du destin de bulle de savon, rien ne savons. Souvent bulle ne vit guère sa vie de bulle. A peine née, elle explose et s'efface. Très vite, une autre la remplace. Une autre qui veut vivre à sa place. Une seule veut vivre davantage. Davantage que cette unique magique seconde. Fière de voir tout ce beau monde. Eternité de l'instant. Les deux enfants semblent fascinés. Tout s'arrête. Même le sourire se fige. A la bulle, le silence fait la pige.
Deux visages, ravis, pris, surpris, dans une bulle. Une bulle heureuse d'être en vie.
Une vie de rêve.
D'autant qu'on la sent si brève.
Sourire aussi du faiseur de rêve.
Toujours, c'est l'enfance que l'adulte envie.
A n'en pas douter, la vraie naissance de l'expression... coincer la bulle.