Le Grand Meaulnes. Alain Fournier. Emile-Paul Frères. 1913. Lettre du 6 sept. 1908. © Jean-Louis Crimon
"Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189... Je continue à dire "chez nous", bien que la maison ne nous appartienne plus. Nous avons quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n'y reviendrons certainement jamais. Nous habitions les bâtiments du Cours Supérieur de Sainte-Agathe. Mon père que j'appelais M. Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours Supérieur, où l'on préparait le brevet d'instituteur, et le Cours Moyen. Ma mère faisait la petite classe."
A tout jamais imprimées dans ma mémoire les premières lignes du roman d'Alain-Fournier. Le Grand Meaulnes est vraiment le roman qui m'a donné envie de lire. Envie de lire et envie d'écrire.
De découvrir qu'Alain-Fournier avait porté en lui pendant huit ans, huit longues années, ce projet de roman, avant de pouvoir vraiment l'écrire, m'a conforté dans l'idée d'écrire un jour. Entre ses vrais souvenirs d'enfance et ses premières tentatives, ses premiers écrits, journalistiques ou poétiques, et le roman achevé, je mesurais toute l'importance du travail d'écriture. Toute la patience et la persévérence. J'y voyais comme une correspondance et j'y puisais une tranquille assurance.
François Seurel, Augustin Meaulnes, Yvonne de Galais, le domaine mystérieux, la fête étrange, Frantz de Galais... Fabuleux compagnons de voyage ou de rêveries... De la mélancolie du Grand Meaulnes jamais on ne guérit.
© Jean-Louis Crimon