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5 janvier 2019 6 05 /01 /janvier /2019 16:37
Amiens. Lisa Balavoine. Librairie Martelle. Mars 2018. © Jean-Louis Crimon
Amiens. Lisa Balavoine. Librairie Martelle. Mars 2018. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Lisa Balavoine. Librairie Martelle. Mars 2018. © Jean-Louis Crimon

 

D'abord ce fragment...

  

" J'ai huit ans. La barque de mon grand-père glisse le long des hortillonnages. Les rames qu'il manie habilement la font avancer à coups de soubresauts réguliers. Assise à l'avant, je contemple l'étendue devant moi. La surface est recouverte d'une pellicule de lentilles d'eau d'un vert presque phosphorescent. Les branches des saules pleureurs frôlent mes épaules et s'agrippent à mes cheveux. Alors que nous approchons d'un rieu, il me semble que ses deux rives s'écartent pour nous frayer un passage. J'ai l'impression d'être Alice au pays des Merveilles. "

 

 

Pour une entrée en douceur dans l'univers des Hortillonnages, ce fragment du premier livre d'une Amiénoise. Beau souvenir d'enfance. Bel instant sépia de la mémoire. Flash-back côté coeur.

Lisa Balavoine, née en 1974, est une romancière particulière qui publie, chez Lattès, en janvier 2018, "Eparse", un livre inattendu, surprenant, dans sa forme et dans son style. Un très beau texte construit sur une accumulation de fragments faussement dérisoires et souvent malicieux. Quadra, divorcée, trois enfants, mère imparfaite revendiquée, éparpillée, la narratrice fait de sa vie un récit faussement "épars" dans lequel beaucoup se reconnaissent. Au beau milieu de cette multitude d'instants saisis comme des photographies, fixés comme des brèves, captés comme des sons, fredonnés comme les couplets d'une chanson, instants de mots, instants de phrases, ce flash-barque superbe : 

 

" J'ai huit ans. La barque de mon grand-père glisse le long des hortillonnages. Les rames qu'il manie habilement la font avancer à coups de soubresauts réguliers. Assise à l'avant, je contemple l'étendue devant moi. La surface est recouverte d'une pellicule de lentilles d'eau d'un vert presque phosphorescent. Les branches des saules pleureurs frôlent mes épaules et s'agrippent à mes cheveux. Alors que nous approchons d'un rieu, il me semble que ses deux rives s'écartent pour nous frayer un passage. J'ai l'impression d'être Alice au pays des Merveilles. "

 

Les héritages, la transmission, l'amour impossible, toujours à fuir, toujours à conquérir, sont autant d'instants fixés par Lisa Balavoine. Mémoire sépia, mémoire s'épia, certitudes en forme de doutes, rires sous-cape et fou-rires sonores, joies et peines mêlées, fugaces ou durables, sentiments, sensations, tous ces fragments de Lisa/Lison qui sont exactement les nôtres quand nous la lisons. Belle écriture quadri de la quadra, quand la mélancolie se glisse sous les draps.

 

Je ne résiste pas à l'envie de vous lire et de vous relire :

 

J'ai huit ans. La barque de mon grand-père glisse le long des hortillonnages. Les rames qu'il manie habilement la font avancer à coups de soubresauts réguliers. Assise à l'avant, je contemple l'étendue devant moi. La surface est recouverte d'une pellicule de lentilles d'eau d'un vert presque phosphorescent. Les branches des saules pleureurs frôlent mes épaules et s'agrippent à mes cheveux. Alors que nous approchons d'un rieu, il me semble que ses deux rives s'écartent pour nous frayer un passage. J'ai l'impression d'être Alice au pays des Merveilles. "

 

 

Alors, un seul conseil : lisez Lisa, et pas seulement pour ce fragment-là. 

 

 

 

 

© Jean-Louis Crimon

 

 

 

Eparse. Lisa Balavoine. Jean-Claude Lattès Editeur. Paris. Janvier 2018. 

 

 

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