Cette année-là, puisque la photo de rue m'était interdite, - premier confinement oblige - je me suis réfugié dans la véranda qui donne sur le jardin et j'ai découvert toute une vie que je ne soupçonnais pas. Bien sûr, depuis mon enfance campagnarde, je savais distinguer un merle d'un moineau, une tourterelle d'une pie, mais l'ornithologie m'était une science parfaitement inconnue. De mes années d'Université, en philo-psycho-socio, j'avais gardé le souvenir de l'expérience de Konrad Lorenz avec les oies. Cette question de l'attachement m'avait à l'époque vraiment fasciné. Dans les années trente, - 1930 -, l'éthologue Lorenz avait démontré que les oiseaux, notamment les oies cendrées, suivent le premier repère qu'elles voient après l'éclosion. Logiquement, les oies s'attachent à leur mère, mais il peut très bien s'agir d'un humain ou d'un objet en mouvement. Konrad Lorenz avait même mis en évidence que cette "imprégnation" se réalise sur une période de temps donnée, 36 heures après l'éclosion pour les oies, l'oiseau s'attachant à la sensation ressentie à ce moment-là. La perception des sensations, l'odeur, la vision, le son, pouvant différer selon l'espèce et l'apparition de la sensation.
© Jean-Louis Crimon