Je te dirai Verlaine en verlan
On se baladera déambulant
Bras dessus, bras dessous, ou bras ballants
Le long des quais des bouquinistes
A se rêver la vie d’artiste
On traînera tant que le jour traîne
Nos foutus rêves à la traîne
D’une nouvelle vie qu’on étrenne
Ton incroyable dégaine
Et mon éternelle rengaine
On marchera jusqu’à la fraîche
Pour bien savoir où le soir crèche
Quand la nuit le laisse sur la dèche
Même si dans la poche on a que dalle
On ira grailler quand ce sera trop la dalle
Devant les restos, on fera du lèche-vitrine
Histoire de saliver des babines
Pour adoucir la rudesse de la bibine
Sur un banc, nocturne, on fera la sieste
La nuit, sans doute, nous fera un geste
Au petit matin, si on a dû faire tintin,
Des poubelles des repus, putain,
On se fera un vrai festin
S’il en reste, on finira les restes,
Et on s’taillera sans demander not’ reste.
© Jean-Louis Crimon / Traverses