Cher diariste,
Tu viens de relire ta lettre du 1er Janvier dernier. Celle où tu annonces la couleur. D'abord le constat. On ne t'écrit plus. On ne s'écrit plus. On ne reçoit plus de lettres. On ne s'en envoie plus non plus. Ensuite, la décision: tu vas t'écrire à toi-même. Tu vas t'écrire une lettre à toi-même. Chaque jour. Sans déroger. Une lettre par jour. 366 lettres en une année, puisque l'année est bissextile. Aujourd'hui, mais oui, c'est la centième. "Lettre à moi-même", réminiscence du célèbre "Pensées pour moi-même" de Marc-Aurèle.
En ces temps SMS, Texto, Twitter, Instagram, Whatsapp ou autre Snapchat, s'écrire cent lettres en cent jours, s'écrire à soi-même, tient d'une belle abnégation ou d'une jolie folie.
Faut dire que tu lèves les yeux au ciel quand on te dit que ça n'a rien d'essentiel. Tu ne manquerai pour rien au monde ce rituel absurde. Absurde si on croit que tu ne t'écris qu'à toi. Comme pour Marc-Aurèle, ton faux journal intime n'est écrit que pour tes lecteurs, ces autres toi-même, si semblables et pourtant si différents.