476
Je me souviens que dans cette arrivée d'étape sur la très longue ligne droite de 1700 mètres, c'est l'Allemand Erik Zabel qui avait lancé le sprint.
477
Je me souviens que les Hortillons qui ont le verbe facile et parfois le verbe haut, ont aussi le proverbe pertinent sinon déroutant, c'est selon. Exemple : " Qui veut bon navet le sème en juillet." ou bien : "Ciel pommelé, fille fardée, ne sont pas de longue durée." Ou encore " Temps qui se fait beau la nuit, dure peu quand le jour luit."
478
Je me souviens avoir cherché longtemps, dans le petit cimetière de Renancourt, la tombe de Sebastian Sanz, l'Espagnol avec qui je travaillais comme manutentionnaire à La Ruche Picarde et pour qui j'ai voulu écrire Oublie pas 36. Devant sa tombe, mon manuscrit à la main, je lui ai dit : "Tu ne le sauras peut-être pas, mais c'est pour toi, Sebastian, que j'ai écrit ça, pour toutes les conversations que nous n'avons jamais eues, et aujourd'hui, trente années plus tard, je le regrette encore." Sebastian ne m'a pas répondu, mais au fond de moi, je persiste à penser que ça lui a fait plaisir de m'entendre.
479
Je me souviens qu'il y a "Amie" dans Amiens. Cette ville est mon amie. Je suis le sien.
480
Je me souviens d'Amiens
FIN
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
471
Je me souviens de la voix de Paul Léautaud dans ses entretiens radio avec Robert Mallet, diffusés sur Paris-Inter. Robert Mallet aussi malicieux dans ses questions que le faux cynique de Léautaud dans ses réponses. Mallet souvent envoyé sur les roses par le vieux grigou de Fontenay-aux-Roses.
472
Je me souviens des coquillettes du Pèr' Lustucru, les pâtes aux œufs frais dont mon père raffolait. Lustucru ? L'eusses-tu cru ?
473
Je me souviens de Paul Briois, boxeur talentueux des années cinquante, reconverti en chef du rayon fruits et légumes du Saveco de l'Hôtel de Ville, qui disait souvent : "La gloire n'a pas voulu de moi."
474
Je me souviens de l'affaire des fausses statuettes gallo-romaines d'Amiens et de la façon dont Tahar Ben Redjeb avait, le premier, clairement contesté leur authenticité.
475
Je me souviens de Mario Cipollini vainqueur au sprint de la cinquième étape du Tour de France 1999. Cipollini, déjà victorieux la veille à Blois, signe sur le Mail Albert 1er d'Amiens sa deuxième victoire depuis le départ, sa dixième dans le Tour de France, auquel il participe pour la septième fois.
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
466
Je me souviens de la route vers Boves et de ch'câtieu brûlé.
467
Je me souviens d'une photo d'herbe sauvage, bien verte, qui prend son aise entre deux briques, bien rouges, du mur de la maison de mon voisin et de la légende que la chose m'inspire : si on se faisait un joint.
468
Je me souviens du jour où mon fils a composé sa première chanson, métrique et musique parfaites. Sensation étrange de se dire : il a trouvé. Pas évident de savoir faire une chanson.
469
Je me souviens des bourrasques de vent qui m'assaillent au coin des rues, un automne qui n'en peut plus de pluies qui ont trop plu.
470
Je me souviens de cet air composé un matin d'été très tôt à la fin d'une nuit de travail au Labo Qualité de Philips-Laden, un air lancinant et entraînant, fredonné lèvres fermées, avec Michel Bertin, le plus musicien de nous quatre. En sourdine, les paroles de la chanson de l'usine... " Où est-ce, où est-ce, le temps des O.S." ?
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.
461
Je me souviens de Catherine Ribeiro au grand théâtre de la MCA. Début des années soixante-dix. Vraie diva populaire. Terriblement impressionnante sur scène. Si simple et si fragile, dans sa loge, après le spectacle.
462
Je me souviens des photos de Pékin de Marc Mangin. Une dizaine de voyages dans l'empire du Milieu, entre 1991 et 2006, et plus de 7.000 photos. Une première expo, en 2009, sous le titre En passant par la Chine. Puis un retour aux sources,en 2015, à la Maison de la Culture d'Amiens, pour une présentation de son travail en noir et blanc sous une nouvelle approche : Vagabondages.
463
Je me souviens du jour où j'ai rendu copie blanche au partiel de philosophie générale. Une simple question pour sujet de réflexion : Qu'est-ce que l'idéalisme ? J'ai répondu : C'est ça ! En laissant neiger quatre heures durant sur ma copie. Beau silence blanc. La semaine suivante, notre Professeur, Florence de Mèredieu, m'a gentiment recadré en me rendant ma copie zéro pointé, et en me disant simplement : " Vous valez mieux que ça".
464
Je me souviens d'une double ligne de gendarmes mobiles barrant le bas de la rue de la République. Pour empêcher les manifestants d'aller chahuter le Préfet dans sa Préfecture.
465
Je me souviens d'une confidence de René de Obaldia qui, enfant, habitait chez sa grand-mère, dans un petit village près d'Amiens, et qui devait prendre le train, chaque matin, pour se rendre au collège. Trajet très court, trajet trop court, qui faisait dire au petit René : "Un jour, je prendrai un train qui ne s'arrête jamais".
© Jean-Louis Crimon / Le Castor Astral. 2017.