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14 juin 2021 1 14 /06 /juin /2021 08:57
Amiens. Radio France Picardie. Saison 1988-1989. © DR

Amiens. Radio France Picardie. Saison 1988-1989. © DR

La radio : un apprentissage redoutable. La manière d'écrire, - à la radio, le journaliste écrit son texte avant de le parler -, la façon de construire l'information, le style et le ton, la forme, tout était aux antipodes de ce que j'avais cru maîtriser au cours de mes trois années de presse écrite.

A la radio, il faut très vite comprendre tout l'intérêt de dire "La vie est dure" plutôt que "L'existence est difficile". Même si renoncer au beau concept d'existence, pour le professeur de philosophie que j'avais été, c'était à la fois triste et motivant. Motivant d'accepter l'idée qu'une écriture efficace passe par le choix des mots. Une écriture efficace pour une parole immédiatement compréhensible. Préférer le monosyllabique aux trois ou quatre syllabes. Dire au micro :  "Bonjour, La vie est dure", c'est être tout de suite compris par tout le monde. Dire : "Bonjour, L'existence est difficile", c'est déjà se situer à un autre niveau. Les auditeurs d'une radio régionale, même appelée Radio France, ne sont pas les auditeurs de France Culture. Je le vérifierai vingt ans plus tard. Par un nouveau très beau hasard.

Débuter, presque par hasard, dans le grand Quotidien de presse écrite de sa ville, faire ses gammes dans la radio régionale, apprendre le métier en région, avant de passer au national, puis à l'international, ce fut une chance inouïe. Il y a "ouïe" dans "inouïe". Il fallait juste savoir être à l'écoute. Être à l'écoute et avoir l'oreille. Le bon chemin pour se forger un destin. 

 

© Jean-Louis Crimon

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13 juin 2021 7 13 /06 /juin /2021 08:57
Amiens. Rédaction du Courrier Picard. Juillet 1979. © Gérard Crignier

Amiens. Rédaction du Courrier Picard. Juillet 1979. © Gérard Crignier

Avant la radio, avant de parler au micro, me fallait apprendre à écrire. A écrire comme un journaliste. Georges-Louis Collet, le rédacteur en chef historique du Courrier Picard, m'a donné cette chance. Celui qui, arme au poing, avec René Lamps, avait arraché Le Progrès de la Somme aux mains des collaborateurs, pour en faire Le Courrier Picard, Grand Quotidien issu de la Résistance.

A peine avais-je poussé la porte de son Bureau, Georges-Louis me lança : Parait que vous savez écrire, vous avez deux mois pour me montrer de quoi vous êtes capable. Trois mots, trois mots fantastiques, avaient conclu notre court entretien : sentez-vous libre ! Fallait pas me le dire deux fois. Libre, je l'étais dans ma tête depuis mes 10 ans, libre je le serai dans mon écriture. Tout le temps.

Dès ma première semaine au journal, les dernières lignes de mon reportage sur le départ, en gare d'Amiens, des pélerins Picards pour Lourdes, en furent la preuve éclatante. Je m'en souviens comme si c'était hier. 

" Dans les voitures des différents trains, la prière utilise les techniques du temps. Juste avant le départ, avec la complicité des haut-parleurs, la première prière du pélerinage est reprise par tous. Moment insolite en ce lieu quotidien et banal du bout du quai. Dis donc, Dieu, as-tu composté ton billet ? "

"Dis donc, Dieu, as-tu composté ton billet ?" Grandiose, grand dieu, la chute de mon papier sur ces 3300 pélerins picards en partance pour Lourdes. Diabolique pirouette. Fulgurence qui a failli me valoir une excommunication immédiate du monde des journalistes et pour laquelle j'ai dû faire pénitence. D'abord repentance. L'Evêque du diocèse avait, dès la première heure, appelé le rédacteur en chef pour exiger que le mécréant de journaliste qui avait osé "faire passer Dieu pour un passager clandestin", vienne s'agenouiller devant lui pour expier sa faute. Bien sûr, je n'obtempérai pas. Au téléphone, je tentais d'éviter les foudres du ciel en expliquant au représentant de Dieu, le sens sacré de mon humour païen. Je fus poli, courtois, mais convaincu de mon bon droit. Convaincant peut-être aussi. L'Evêque ne mit pas à exécution sa menace d'interrompre les abonnements au Courrier Picard de toutes les paroisses du diocèse. 

Face à un tel esprit d'ouverture et, de mon côté, dans un parfait œcuménisme, il fut convenu que l'année d'après, je ferai le pélerinage de Lourdes, au milieu des pélerins, pour voir de près, la réalité de la chose et de leur foi.

Non pas comme pélerin, mais comme journaliste.

 

© Jean-Louis Crimon

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12 juin 2021 6 12 /06 /juin /2021 08:57
Amiens. Avec Léo Ferré. Mardi 12 Juin 1979. © DR.

Amiens. Avec Léo Ferré. Mardi 12 Juin 1979. © DR.

12 Juin 1979 - 12 Juin 2021. Pile, 42 ans que Léo et moi, on sourit d'un même beau sourire sur cette si jolie photo. Photo signée Philippe Callot ou Pascale Lavergne. Je ne sais plus. Je me souviens seulement qu'ils étaient présents tous les deux pour ce grand moment. L'interview vient tout juste de se terminer. Léo a été charmant, charmeur et charmant. Centre de nos regards, la rééditon de son recueil "Poète, vos papiers !" et sa couverture orange.

Une Préface qui percute. Qui uppercute. Ferré boxe les mots et les idées. A chaque phrase, et bien avant l'invention de l'expression Punch line. " La poésie contemporaine ne chante plus. Elle rampe." Mais aussi "A l'école de la poésie, on n'apprend pas : on se bat !" et puis surtout " Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte de pieds, ne sont pas des poètes : ce sont des dactylographes !" Publié pour la première fois à La Table Ronde en Décembre 1956. Dépot légal du 1er trimestre 1957. Imprimerie Sévin-Dessaint, à Doullens, Somme. Doullens, Somme, Picardie. Déjà un signe.

Ferré, mon idole depuis mes 14 ans. Celui qui est pour moi le plus grand chanteur de tous les temps. Même si le mot "chanteur" semble dérisoire pour un tel homme. Incapable à dire l'immensité du talent de cet-homme-là. 

 

© Jean-Louis Crimon

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11 juin 2021 5 11 /06 /juin /2021 10:07
Amiens. Hélène et Claude Nougaro. © DR

Amiens. Hélène et Claude Nougaro. © DR

A la radio, très vite, pour l'émission "Picards, vous avez dit Picards", dont Alice Petit est la créatrice et la principale animatrice, je suis devenu celui qui ose aller rencontrer les chanteurs. Déconcertante hardiesse des timides, je ne recule devant aucune mission. Fin des années 70, début des années 80, ils passent presque tous par Amiens. Le Nagra en bandoulière, facile de se glisser aux balances, aux répétitions, et même dans les loges du Cirque Municipal, pas encore baptisé Jules Verne. Ferré, Renaud, Mouloudji, Nougaro, Glenmor, Tachan, Souchon et Voulzy, Vigneault, seront mes plus belles prises... de son. Sans oublier Julos Beaucarne, Joan-Pau Verdier ou Leny Escudero. Graeme Allwright et Maxime Leforestier. Véritable encyclopédie sonore de la chanson vivante.

 

© Jean-Louis Crimon

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10 juin 2021 4 10 /06 /juin /2021 09:57
Longueau. Avec Pierre Barlatier et Christian Petit. © DR

Longueau. Avec Pierre Barlatier et Christian Petit. © DR

Photo de 1978 ou 79. Une rencontre au micro, comme une émission de radio qui n'existe pas encore. Rencontre voulue par Christian Petit, dans une salle de restaurant de Longueau, près d'Amiens. Christian Petit, croisé à la Fac, dans ce tronc commun Philo-Psycho-Socio. Passionné de chansons, de Jacques Brel surtout. L'invité, Pierre Barlatier, auteur de livres consacrés à Brassens, Brel et Piaf, mais pas seulement. Christian Petit cosignera avec lui, et avec Dominique Arban, "Jacques Brel, un homme au large de l'espoir". Ouvrage publié à compte d'auteur, chez Paillart, à Abbeville. Début des années 80. Introuvable aujourd'hui. Comme la bande magnétique de cette fausse émission de radio. Pourtant vraie belle rencontre. 

 

© Jean-Louis Crimon

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9 juin 2021 3 09 /06 /juin /2021 09:57
Amiens. Cirque Municipal. Mai 1979. © DR

Amiens. Cirque Municipal. Mai 1979. © DR

Renaud, mon frangin, mon poteau. Belle rencontre. Belle complicité. La réussite d'une interview, c'est d'abord dans le regard. Tout se joue dans les yeux, comme si la première question importait peu. En fait, dans cet exercice particulier, c'est surtout l'interviewé qui fait le talent de l'intervieweur. Ses premiers mots, sa première phrase, sont déterminants. Avec Renaud, ça a marché d'emblée. 

 

© Jean-Louis Crimon

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8 juin 2021 2 08 /06 /juin /2021 09:57
Sur le Mermoz. CharlElie Couture. OFQJ. 1534/1984. © DR

Sur le Mermoz. CharlElie Couture. OFQJ. 1534/1984. © DR

"Comme un avion sans ailes..." Juste avant l'interview, j'ai vu - superbe moment - CharlElie jouer au cerf-volant, à l'arrière du Mermoz. L'image était belle. Un cerf-volant, c'est vraiment un avion sans ailes. 350 jeunes Québécois et 350 jeunes Français sur ce navire de luxe pour célébrer ce que, faute de mieux, on appelle encore à l'époque "La découverte du Canada par Jacques Cartier" ! Cette traversée, une idée géniale de l'OFQJ, l'Office Franco-Québécois pour la Jeunesse. CharlElie Couture, comme moi, on avait largement dépassé l'âge limite de l'embarquement, mais, chanceux, on était de la traversée. Québec-Saint-Malo. En passant par Saint-Pierre et Miquelon. Séjour Québécois extraordinaire, rencontre des descendants des Premières nations, dans un pow wow mémorable, avec danses et chants des peuples autochtones. On ne le sait pas ou on l'a oublié, mais au Canada, jusqu'en 1951, La Loi sur Les Indiens était faite pour limiter les festivités autochtones. Les politiques coloniales et assimilationnistes ont la vie dure. Les Pow Wow doivent se tenir en secret pendant la première moitié du 20e siècle. Heureusement, dans les années 60, Times are changing.

 

Comme un avion sans ailes

J'ai chanté toute la nuit

J'ai chanté pour celle

Qui m'a pas cru toute la nuit

...

Même si j'peux pas m'envoler

J'irai jusqu'au bout

...

Oh libellule

Toi, t'as les ailes fragiles

Moi, j'ai les ailes fragiles

Moi, moi, j'ai la carlingue froissée

 

.

© Jean-Louis Crimon

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7 juin 2021 1 07 /06 /juin /2021 09:57
Dargnies. Armel Depoilly. Eté 1979. © DR

Dargnies. Armel Depoilly. Eté 1979. © DR

"M'paur' grand-mère, al pérchouot des cleus... Le plus beau poème jamais écrit en picard. Mis en musique par Marc Monsigny. Poème devenu chanson. Logique. Le titre du recueil publié par Armel Depoilly, c'était justement "Canchons d'no poéyis". Chansons de notre pays. Année 1970. 300 exemplaires numérotés. Imprimerie Delattre. Saint-Valery-sur-Somme.

Une photo, unique, a gardé mémoire de ce jour-là. Sur le mur, une clef. La clef. Sans doute une des dernières clefs fabriquées par la grand-mère d'Armel Depoilly. Magie de l'enregistrement magnétique. Avec nos magnétophones qui se souviennent des voix qui se sont tues... Léo Ferré dixit. 

 

Ma pauvre grand-mère, elle perçait des clefs... 

 

Armel Depoilly, Marius Devismes, Alphonse Pasquier et Casilda Vilbert, mes premiers grands entretiens pour FR3 Radio. En ce temps-là, le slogan de France 3, c'était : FR3, c'est aussi la radio ! 

 

© Jean-Louis Crimon

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6 juin 2021 7 06 /06 /juin /2021 09:57
Amiens. Loge du Cirque Municipal. Eté 1979. © DR

Amiens. Loge du Cirque Municipal. Eté 1979. © DR

Alice Dona. Chanteuse yéyé. Pas seulement. Pas très nombreux sont ceux qui se souviennent de Mademoiselle Donadel. Son vrai nom, raccourci à la demande du directeur artistique de sa maison de disques. Donadel, c'est trop long. Dona, ça passe mieux. Tous les noms des artistes d'aujourd'hui ont deux syllabes. Bécaud. Vartan. Sheila. Lama. "Alors Aznavour, Dalida, ça ne marchera jamais !", risque la jeune effrontée. Avant d'accepter. Le soir, en rentrant chez ses parents, elle déclare "je suis Alice Dona !" Son père en a les larmes aux yeux. La même chose lui était arrivée quand, musicien amateur, il donnait de petits spectacles. Tony Dona était son nom d'artiste. En novembre 1962, au petit Conservatoire de la chanson, où Françoise Hardy, Pierre Vassiliu, Daniel Prévost, et même Hallyday, sont tous passés, Mireille présente "Mademoiselle Donadel, auteur-compositeur-interprète" et celle qui n'est pas encore Dona donne ce jour-là "Les prétendus prétendants", une de ses créations paroles et musique. Mais très vite, la musicienne prend le pas sur l'auteur. Compositeur lui suffit. Même si mélodiste lui convient mieux. Compositrice, c'est excessif pour celle qui confie simplement traduire "des choses qui chantent dans sa tête". 

 

Faire l'interview d'Alice Dona, un beau défi pour l'apprenti journaliste que je suis en ce début d'été 1979, au Courrier Picard. Un beau moment. Même si je ne sais plus ce qu'est devenu l'enregistrement de cette interview-là. En revanche, chantent toujours dans ma tête les paroles de la chanson de Serge Lama...

 

" Elle arrive à huit heures, personne n'est encore là
Elle ferme à double tour sa loge, et la voilà
Qui d'un air attendri, sourit à son miroir
Ça fait bientôt trente ans qu'elle fait ça tous les soirs..."

 

 

© Jean-Louis Crimon

 

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5 juin 2021 6 05 /06 /juin /2021 08:57
François Mitterrand à Amiens. Samedi 4 Avril 1987. © Gérard Crignier

François Mitterrand à Amiens. Samedi 4 Avril 1987. © Gérard Crignier

987-1987. Naissance de la France en Picardie. Charles Baur accueille François Mitterrand pour la célébration du Millénaire capétien. Pas évident de réussir à glisser le micro au bon moment au bon endroit. Classique bousculade pas très confraternelle quand l'invité prestigieux surgit. Il faut juste en souplesse sortir vainqueur de la mini mêlée. Le Président de la République accueilli sur le parvis de la Cathédrale d'Amiens par le Président du Conseil régional de Picardie, est un évènement important de la vie locale. 

Le 1er juillet 987, à Noyon, Hugues Capet a été élu roi de France par les grands seigneurs du royaume, exaspérés par la faiblesse des derniers héritiers de Charlemagne. Sacre, deux jours plus tard, dans la cathédrale de Reims, par l'évêque Adalbéron. Hugues Capet devient roi des Francs sous le nom de Hugues Ier. Ses descendants régneront sans discontinuer jusqu'en 1792 et l'abolition de la royauté. L'avènement et le sacre du premier des Capétiens, davantage que le baptême de Clovis, marquent la véritable naissance de la France. Une France née en Picardie. Charles Baur n'est pas peu fier de rappeler la chose au Président Mitterrand. 

 

© Jean-Louis Crimon

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