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11 octobre 2021 1 11 /10 /octobre /2021 08:57
Amiens. Le Courrier Picard. 27/28 Sept. 1980. Page 13. © Jean-Louis Crimon
Amiens. Le Courrier Picard. 27/28 Sept. 1980. Page 13. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Le Courrier Picard. 27/28 Sept. 1980. Page 13. © Jean-Louis Crimon

L'article écrit, je le transmets moi-même au secrétaire de rédaction, le journaliste chargé de la mise en page. Mon premier lecteur. Depuis mon arrivée au journal, selon les jours de la semaine, la période l'année, les congés, vacances ou maladie, j'ai eu à travailler avec six ou sept secrétaires de rédaction différents. A chaque fois, sans problème. Plutôt intéressés par les sujets que je traite et l'originalité du traitement, la qualité de l'écriture. Première lecture rapide, le titre, l'accroche, la chute, le nombre de lignes, les photos, transmises par le photographes. Simple formalité la plupart du temps. Confiance réciproque. Je quitte la salle des sec de red', comme on les appelle et je retourne au bureau des localiers. 

Cette fois, coup de fil du secrétaire de rédaction, visiblement agacé. "Il y a un problème avec ton papier, un passage qui est carrément une incitation à la violence, tu peux venir le modifier... "

Je repars dans la salle où se font les mises en page. Le sec du réd' pointe du doigt le passage en question. Une citation d'un des gars rencontrés :" Si ça continue, on va prendre le Préfet en otage ! " Phrase vraiment prononcée, telle quelle, texto, traduite in extenso. Je n'accepte pas de la retirer. Ce serait trahir la sincérité de l'échange avec le groupe de personnes rencontrées autour du prospecteur-placier de l'A.N.P.E., l'Agence Nationale Pour l'Emploi. Devant mon refus, le problème doit se régler dans le Bureau du rédacteur en chef, en fait déjà au courant par le secrétaire de rédaction. 

 Tu ne peux pas écrire ça, on ne peut pas publier ça, le Journal risquerait un procès pour "incitation à la violence" !

– Sauf que cette phrase, ils l'ont vraiment dite, et ce serait bien que du côté de la préfecture et du côté des pouvoirs qu'on dit publics, ils soient au courant de la lassitude et de l'agacement de ces jeunes gens...  vraiment au bord du désespoir...

– Tu as cinq minutes pour modifier ton texte, reviens me voir avec le papier modifié !

– Trente secondes me suffiront... je fais ça tout de suite devant vous, monsieur le rédacteur en chef et monsieur le secrétaire de rédaction... 

– C'est bon, tu deviens raisonnable...

 

Je barre la citation contestée :"Si ça continue, on va prendre le Préfet en otage !" et je la remplace par : " On ne va tout de même pas prendre le Préfet en otage !"

Regards interloqués de mes deux confrères, sidérés devant ma façon de sortir de l'impasse où ils pensaient sans doute m'avoir acculé.
Mon article, légérement modifé, est paru dans le journal du lendemain. Il a reçu un bon écho du côté du quartier et a été apprécié par le prospecteur-placier de l'Agence Nationale Pour l'Emploi. Comme quoi...

Problème : 41 ans plus tard, mon reportage est on ne peut plus d'actualité. Me faut seulement modifier légèrement le titre : "Les petits-fils de harkis en ont marre".

A moins qu'il ne me faille titrer  honte absolue sur ceux qui ont gouverné pendant 40 ans et qui n'ont rien fait : "Les arrière-petits-fils de harkis en ont marre".

 

 

© Jean-Louis Crimon

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10 octobre 2021 7 10 /10 /octobre /2021 08:57
Amiens. Le Courrier Picard. 9/10 Août 1980. Page 9. © Jean-Louis Crimon
Amiens. Le Courrier Picard. 9/10 Août 1980. Page 9. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Le Courrier Picard. 9/10 Août 1980. Page 9. © Jean-Louis Crimon

– Il manque une page en locale ! Traduisez : il faut un reportage pour ce soir. File au square, paraît qu'il y a des choses à voir. Tu as une heure pour ramener ta copie.

 

J'adore ce genre de défi. J'obtempère. Je file. Le square, c'est à moins de dix minutes du journal. C'est l'été. Ecrire chaque jour est un plaisir quotidien, un vrai bonheur. Etre lu, apprécié, aimé, le comble du bonheur. Le papier "magazine", la "tranche de vie", le reportage "gratuit", sans enjeu d'actu sociale ou politique, sans conséquence immédiate ou attendue, c'est vraiment un exercice très agréable. Juste à aller sur place, ouvrir grand les yeux, et les oreilles, se faire discret et rester concret. C'est du "Choses vues" sans se prendre pour Hugo. A ce genre d'invite, je réponds sans hésiter : no prob', I go !

Sur place, d'abord s'asseoir, comme un simple passant qui passe, laisser le photographe choisir son cadre, ses angles et ses personnages. D'un regard ou d'un sourire, prendre contact avec le voisin le plus proche, le plus disponible aussi. Lier conversation. Le papier est déjà en train de s'écrire. Le square est un mini théâtre de plein air. Les répliques s'enchaînent toutes seules. A l'entrée, dans sa guérite, la marchande de billets de la loterie nationale est fidèle à son rôle de sentinelle du bonheur au conditionnel.

La chute, presque Verlainienne, me plait toujours autant : "... Dans Amiens-Square, quatre bancs, soudain délaissés, soliloquent dans le soir."

 

Sans doute impossible d'écrire comme ça aujourd'hui. 

 

© Jean-Louis Crimon

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9 octobre 2021 6 09 /10 /octobre /2021 08:57
Amiens. Le Courrier Picard. Vendredi 24 août 1979. Page 9. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Le Courrier Picard. Vendredi 24 août 1979. Page 9. © Jean-Louis Crimon

Dans la vie de localier, journaliste attaché à une locale, une ville de plus ou moins grande importance, pas forcément la locale du siège du journal, il y a des journées plus ou moins calmes, des journées où l'actualité est comme en sommeil. Surtout l'été. Il faut profiter de ces rares moments pour se lancer sur des papiers d'initiative. Faire des propositions au chef, au rédacteur en chef. Sur ce plan-là, j'ai toujours été chanceux. Toujours bénéficié d'une bonne oreille, d'une bonne écoute et d'un bon accueil. La moindre de mes idées se concrétisait facilement. Juste à l'écrire et donner la copie dans les délais au secrétaire de rédaction. 

Les mots de la rue, petit papier sans prétention, est paru dès le lendemain. A l'origine, une maison en bois aperçue de la vitre du bus, en direction du campus. La maison qui semble inhabitée porte un joli nom. ESPERANCE. Un signe comme une évidence. J'écris dans ma tête en silence. De retour au journal, juste à confier au clavier de ma machine à écrire le sentiment du moment.

 

Aujourd'hui, au bord de la rue, la maison n'existe plus. Son nom s'est effacé avec elle. ESPERANCE a disparu.

 

© Jean-Louis Crimon

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8 octobre 2021 5 08 /10 /octobre /2021 08:57
Amiens. Courrier Picard. Page 4. Lundi 6 Octobre 1980. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Courrier Picard. Page 4. Lundi 6 Octobre 1980. © Jean-Louis Crimon

Faire le portrait de ce géant qui fait métier de clown et qui porte nom Zavatta, Achille Zavatta, faut être gonflé, ne reculer devant aucun challenge, aucun défi. En deux mots : faut oser. D'abord oser frapper à la porte de sa caravane, posée parc de la Hotoie. Rencontre mémorable. Juste après son premier spectacle de la journée. Encore en tenue de clown. Avec sur les épaules son visage de clown. Zavatta ne se démaquille pas. Il rejoue dans quelques heures à peine.

 

Paroles saisies au vol, mots-clé griffonnés à la hâte sur un petit calepin, phrases notées très vite presque intégrales, quand on sent la citation qui va faire mouche. Le mot à mot, quand les mots sortent de la bouche, Zavatta, c'est du petit lait.

Propos d'une incroyable actualité, du prix du mazout à celui du gaz ou de l'électricité, des hommes politiques de ce temps-là à ceux d'aujourd'hui, comme si rien n'avait changé. "Ils attendent toujours qu'il y ait une catastrophe pour réagir et faire quelque chose. Pourtant, diriger, c'est prévoir..." Paroles de vrai sage qu'on aimerait entendre plus souvent dans la bouche des gouvernants.

 

Jouer juste et vivre de même. 41 ans plus tard, Monsieur Zavatta, vos mots me vont plus que jamais droit au coeur.

Un seul regret : je suis désormais plus vieux que vous ne l'étiez quand nous nous sommes rencontrés. Je ne pensais pas alors qu'une vie d'homme, ça pouvait passer si vite. Je me demande où vous pouvez bien être depuis que vous n'existez plus. Question sans réponse. Sans doute inutile. Vous êtes toujours vivant tant que vous êtes vivant dans le souvenir des vivants.

 

© Jean-Louis Crimon

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7 octobre 2021 4 07 /10 /octobre /2021 08:57
 Rubempré. Casilda. 16 Mars 1980. © Miguel Benadès / PMHP. © Gérad Payen. Amiens. Rue de Cagny. 1988.
 Rubempré. Casilda. 16 Mars 1980. © Miguel Benadès / PMHP. © Gérad Payen. Amiens. Rue de Cagny. 1988.

Rubempré. Casilda. 16 Mars 1980. © Miguel Benadès / PMHP. © Gérad Payen. Amiens. Rue de Cagny. 1988.

 

L'affiche avait son slogan. Manquait l'essentiel : l'image. La photo. Ma gueule en quatre par trois, hors de question. Je n'étais candidat à aucune élection. Avec les gars de la pub, on se dit que pour ne pas se couper du lectorat quelque peu âgé, le journaliste étant, lui, à cette époque, plutôt jeune, ce ne serait pas mal de choisir une rue de village, le journaliste dialoguant avec une personne d'un certain âge. Une femme puisque le journaliste était un homme. Côté pub, déjà plutôt heureux d'avoir, gratuitement, un bon slogan, on me charge aussi du casting. A moi de chercher et de trouver, dans tous mes contacts et dans toutes mes rencontres, la personne qui ferait l'affaire et qui surtout serait d'accord pour la photo de l'affiche.

 

Casilda. Le prénom déjà vous embarque. Prénom comme une chanson d'Espagne. En fait, Casilda viendrait du latin casella qui signifie maisonnette. C'est dans sa maisonnette que Casilda m'accueille ce dimanche matin de la mi-mars. Casilda et moi, on se connait depuis plus d'un an. Depuis nos premiers enregistrements pour la radio, Radio France Picardie. Casilda est un personnage. Une femme originale. Qui n'hésite pas à aller à la ville en auto-stop. A près de 87 ans. Qui le dit avec des mots bien à elle, des mots picards, pour elle, une langue naturelle, une langue vivante, non pas un patois moribond. Faire de l'auto-stop, en picard, Casilda dit ça comme ça : " J'm'in vo à l'sortie d'ech villache, pis j'foais l'pouce !" Faire le pouce, lever le pouce, faire signe. Les gens s'arrêtent. Casilda monte dans la voiture. L'aventure commence.

Casilda raconte : L'auto-stop, j'en foais tout le timps, je n'ai coère foait hier. J'avoais envie d'aller à Amiens. J'vais donc jusqu'au bout du villache, l'dernière moéson à droète, celle d'ech' notaire. Pis j'voés éne bielle voéture qui s'amène, avec éne dame tout' seule au volant. J'foais l'pouce, l'dame all' s'arrête, all' dit : où ch'est equ'vos allez, madame ? ej' dis : "à Pierregot" ! Pis, ej'monte dins s'voéture, et pis ej'd'vise avec l'femme. Gintimint. All' étoait bien gentille, l'femme-lo, pis all' causait bien. Elle m'a plu tout de suite. O causons, o causons... Pis elle me red'minde : allez-vous à Pierregot ou ailleurs. J'li dis : marchez, j'e m'rinvos qu'au soèr, j'ai l'timps, j'déchindrai plus loin, j'descendrai à Rainneville. Ch'étoait por êt' plus longtimps avec elle dins l'voéture. Pour causer davantage."

 

Elle est comme ça, Casilda. Ce qu'elle aime, c'est parler avec les gens. A tout jamais, elle est l'une des plus belles rencontres des mes débuts de journaliste. Je me souviens du chapeau, de l'accroche rédigée pour la Une du Courrier Picard, à l'occasion de la publication de son interview : "Ils n'écrivent pas, ils parlent, et s'ils écrivent parfois, c'est quand l'heure de la retraite a sonné et que leurs mains, enfin libres des outils, prennent le temps de dessiner des mots et des idées, pour dire cette terre picarde. Ils nous donnent alors avec des "mots-paroles", des "mots-images", non pas de la littérature, mais de la "vie livrée", liant à la perfection le vivre et le livre. Ils sont des livres vivants."

...

La campagne de pub vit le jour à l'automne. Un dimanche soir, Casilda rentre en voiture sur Rubempré en passant par Amiens. Son fils, Léonce, conduit. Surprise soudaine : Mais c'est toi sur l'affiche, maman

– Gonflés ces journalistes, est-ce qu'ils t'on fait signer un contrat ?

– M'ont rien fait signer du tout. Sont venus boire un café à l'moéson in diminche matan, pis z'ont voulu qu'ej' mette min châle sus m'z'épaules pour foaire trés quat' photos dins l'rue princhipale... in marchint pis in d'visant. J'ai trouvé ça drôle et fin amusint !

 

Perplexe, le fils au volant s'amuse à compter le nombre de panneaux où sa maman est en photo. De la dizaine on bordure vite la vingtaine...

 

– T'ont payé pour ça ?

– Pinses-tu ! n'o rin rchu ! 

 

La question du contrat et de l'indemnisation de l'héroïne bien malgré elle remonta très vite jusqu'à la Direction du journal. Le Directeur Général trouva la plaisanterie un peu saumâtre. Le patron de Picardie Matin Havas Publicité  aussi. Le gestionnaire des panneaux publicitaires, le rédacteur en chef et le Président de la coopérative ouvrière de production tout autant. Côté Bureau technique de la pub, on joua tête basse. Forcément, le "délinquant" était tout trouvé.

 

– Vous, le beau gosse, l'artiste, le poète du slogan, vous qui inventez "C'est vous qui faites le Quotidien !", sortez-nous de cette embrouille ! 

Chaque chef de service n'hésitait pas à surenchérir. Chacun y allant d'un clin d'oeil appuyé.

– On n'va tout de même pas la payer ?

 On pourrait lui offrir un abonnement de 3 mois !

 Pardon, trois mois, mais ça me semble mesquin...

 Quoi de mieux qu'un abonnement au journal ?

 Six mois alors... Un an ?

 

Comme souvent, refusant l'impasse et l'échec, je trouve la formule et la formulation. Sans hésiter, je leur balance ma trouvaille :

 Un abonnement... à perpétuité !

 

Le DG n'hésite pas :

 Génial ! Voilà l'idée géniale qu'on attendait de vous ! vous pouvez retournez à vos travaux d'écriture ! Je m'effaçai, assez fier d'avoir sauvé la face. Celle du journal, bien sûr, et puis, charité bien ordonnée, la mienne aussi et surtout. Même si, sur l'affiche, je dois être... de profil.

 

Casilda fut très fière d'être la seule abonnée au Courrier Picard... à perpétuité ! En prime, le journal lui offrit trois exemplaies de l'affiche.

 

 

© Jean-Louis Crimon

 

 

Articles disponibles aux archives de la Bibliothèque Louis Aragon, rue de la République, à Amiens. 

Courrier Picard. 11/12 Août 1979. (En Une et page 3.)

Courrier Picard. 13 Août 1979. (Page 3.) 

 

 

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6 octobre 2021 3 06 /10 /octobre /2021 08:57
Amiens. L'ouverture de la chasse. Courrier Picard. 6 Octobre 1980. © Jean-Louis Crimon
Amiens. L'ouverture de la chasse. Courrier Picard. 6 Octobre 1980. © Jean-Louis Crimon

Amiens. L'ouverture de la chasse. Courrier Picard. 6 Octobre 1980. © Jean-Louis Crimon

Je ne sais plus comment cette façon de faire du journalisme m'est devenue naturelle. En deux ans, de fait, bon an, mal an, j'avais dû écrire mille et un papiers sur mille et un sujets. Pas vraiment épuisé la diversité et la richesse de la vie locale, mais se retrouver face à face avec la même actualité, de semaine en semaine, de mois en mois, de marronier en maronnier, la grande brocante d'Avril, appelée "réderie", les grandes manifestations syndicales du 1er Mai, fête du Travail et fête des travailleurs, le Tour de France qui fait étape dans la ville, la grande enquête sur le prix des chrysanthèmes pour la Toussaint, la qualité des sapins de Noël, la semaine du blanc début janvier,

 

Faire les choses, les vivre, partager un peu de temps et d'espace, vivre l'événement avec les gens, non pas se contenter de les regarder vivre pour les décrire, mais au contraire faire un bout de chemin avec eux pour les raconter de l'intérieur. Etre dans la manifestation et pas derrière le cordon de gendarmes mobiles ou de CRS, faire le pélerinage de Lourdes dans les pas des pélerins. Être parmi eux, au milieu d'eux, et témoigner de ce qu'on voit et de ce qui se vit, pour eux, fabuleux métier. Faire l'ouverture avec les chasseurs relevait sinon de l'exploit, du moins d'une certaine inconscience. Relative, mesurée ou calculée. Le journaliste ne serait pas bredouille.

 

La journée fut grandiose. Franches tranches de rigolade entre de bons camarades. Quelques coups de feu, forcément. La mort à l'orée du bois ou à la lisière du champ. Le soir, à la rédaction, le papier s'écrit tout seul. Un rien malicieux, pour ne pas dire ironique. Le titre déjà indique l'angle. Traiter le chasseur de "drôle d'oiseau" est pour le moins "osé". La chute, un peu moralisante ou naïve. Rêver de convertir un chasseur à la chasse photographique, rêver de voir un chasseur cesser d'appuyer sur la gachette pour préférer le déclencheur de l'appareil photo, le voir renoncer pour toujours à son fusil pour se mettre à la photo, c'était fou, complétement fou. Mais je l'avoue, en ce temps-là, je me plaisais, je me complaisais, dans les idées de cette folie-là. 

L'encadré avec les paroles de la chanson de Tachan, Henri Tachan, rencontré et interviewé lors de son concert au Cirque, sans doute, c'était trop.

La chasse, c'est le défoul'ment national, c'est la soupape des frustrés,

La chasse, c'est la guéguerre permise aux hommes en temps de paix..." 

 

Insupportable. Intolérable pour la Fédération des chassseurs du département. Cependant, cette fois, pas de menace matinale, sitôt la lecture de l'article dans le journal, pas de menace de rupture des abonnements de la Fédération et de tous les chasseurs, pas de coups de fil de protestation indignée au rédacteur en chef, rien non plus auprès de la rédaction d'Amiens. Parfait silence radio. Une réaction en différé peut-être... 

C'est vers 18 heures que le rédacteur en chef m'a appelé, visiblement inquiet. Sa mise en garde était désarmante : surtout ne sors pas du journal, ils t'attendent, rue de la République et rue Lamarck, ils barrent les deux entrées de la rue Alphonse Paillat, ils sont en tenue et avec leurs fusils, ils veulent t'intimider, mais on ne sait jamais...

 

J'ai attendu jusqu'à 22 heures à la rédaction, rédigeant quelques brèves, réécrivant quelques communiqués, avant de descendre à l'atelier et d'aller saluer les monteurs et les rotativistes. La première édition sortait peu après minuit. C'était toujours fascinant pour le débutant que j'étais de rentrer chez moi avec un exemplaire du journal qui portait déjà la date du lendemain. A minuit passé, on était toujours mentalement dans la temporalité de la journée d'hier. Seul, le journaliste de la presse écrite palpait déjà la journée de demain. Prenant un plaisir non dissimulé à relire, en page 3, son article, son bel article, dans le journal tout juste imprimé. Titre mémorable : Le chasseur était un drôle d'oiseau.

 

 

© Jean-Louis Crimon

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5 octobre 2021 2 05 /10 /octobre /2021 08:57
Amiens. Courrier Picard. 19 avril 1979. Rapport d'inspection. 15 Mars 1978. © Jean-Louis Crimon
Amiens. Courrier Picard. 19 avril 1979. Rapport d'inspection. 15 Mars 1978. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Courrier Picard. 19 avril 1979. Rapport d'inspection. 15 Mars 1978. © Jean-Louis Crimon

Je ne sais plus précisément comment je suis devenu correspondant de quartier pour Le Courrier, Le Courrier Picard. Quelqu'un avait dû me dire que le journal essayait d'étoffer sa rédaction et surtout sa couverture de l'actualité de la ville, en engageant des pigistes, des rédacteurs payés à la pige, traduisez "à la ligne" ou "à l'article". Suffisait de proposer des sujets au Chef de la Locale, la rédaction chargée d'Amiens-ville. A cette époque, je suis professeur de philosophie à la Cité scolaire et j'enseigne en Terminale A, B, C et D. J'en suis à ma seconde année d'enseignement et je suis plutôt bon prof. J'ai été inspecté en mars 78 et le rapport rédigé par l'Inspecteur Régional de Philosophie, Georges Laforest, m'a vraiment donné confiance. " L'enseignement de ce jeune professeur, qui n'en est qu'à ses débuts, m'est apparu extrêmement solide et sérieux, et c'est pourquoi je lui adresse mes encouragements." La note pédagogique qui m'avait été attribuée sidéra mes collègues qui enseignaient, eux, la philosophie, depuis 8 ou 10 ans, et plafonnaient à 11 ou 12. Dans le petit rectangle prévu pour la note, juste en bas de son rapport d'inspection, Georges Laforest avait écrit: 14.

 

"Rue du Bout du Monde, une rue d'un autre temps" fut le titre de mon premier papier de correspondant du quartier Montières-Etouvie. J'y parlais de la dure vie des habitants qui n'avaient pas encore l'eau courante et dont la rue n'était pas encore goudronnée. Nids de poule en pagaille dans un chemin de terre caillouteux à volonté. 

Les journalistes professionnels de la rédaction d'Amiens saluèrent la qualité de ce premier papier. Je venais de m'inventer mon prochain métier.

 

© Jean-Louis Crimon

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4 octobre 2021 1 04 /10 /octobre /2021 08:57
Amiens. Courrier Picard. 4/5 août 1979. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Courrier Picard. 4/5 août 1979. © Jean-Louis Crimon

Ces deux mois de l'été 79 furent déterminants. Pratiquement carte blanche chaque matin. Quand l'agenda n'impose pas le sujet du jour, le chef de la locale, la rédaction des journalistes qui couvrent l'actualité de la ville, s'exclame : "sujet libre !", ajoutant pour que ce soit bien clair : File en ville avec un photographe, et ramène-nous un bon papier !

Ce genre d'invitation, fallait pas me le dire deux fois. L'avantage que j'avais sur mes confrères, plus anciens dans le métier et dans la maison, tenait justement à ma jeunesse dans l'exercice. Tout m'apparaissait comme potentiel sujet de reportage. A la signature de mon contrat, les trois mots du DG du journal, "Sentez-vous libre ! ", m'avaient totalement décomplexé.

Les ramasseurs de cartons d'emballage déposés sur les trottoirs par les commerçants, le journal n'avait sans doute jamais publié la moindre ligne sur eux. J'avais la chance de pouvoir leur consacrer une page entière. Avec, luxe suprême, un peu de social dans la carte postale. Les conditions de leur travail, le prix du kilo de carton, le regard des passants, en faisaient pour moi des êtres à la fois à part et pourtant au coeur de la vraie vie. Mon accroche, sous le titre "Chés Cartonneux, les ramasseurs de cartons, en dialecte picard, plaçait d'emblée l'enjeu du papier. La relire aujourd'hui est un vrai bonheur. De lecteur.

" A les voir passer, chaque jour, soir ou matin, poussant ou traînant, c'est selon, leurs pettites charrettes chargées de cartons, on les croit du paysage. Sans s'étonner ou même se demander ce qui se cache derrière l'image. "

 

Le corps du reportage - le coeur ? - a aussi de beaux moments. " Entre eux, chés ramasseux ed' carton s'amusent assez des courses folles des citadins dits "normaux". Le rythme "toto-boulot-dodo" ne semble guère les tourmenter. Encore moins les attirer. On les croit à contre-courant, mais au fond, ils ont peut-être, malgré eux, des parcours en forme de question. Et pas mal de points d'interrogation au fond des poches. Chaque jour, à notre insu, ils jouent Arrabal ou Beckett dans la rue. Aveugles que nous sommes, nous les cherchons parfois au "Grand théâtre" d'une Maison de béton, sans comprendre que Fando et Lis, ou Godot, sont en permanence dans ce "petit théâtre" des ramasseurs de carton."

 

La chute aussi me semble assez jolie. La fin est bien vue. " Solitudes et détresses mêlées, solidarité du milieu, et dérision du quotidien. Témoin cette façon de dire leur manière de ne pas vivre, un rien lucides ou résignés : les idées, c'est moins lourd que les cartons, mais ça a plus de poids ! "

 

Relire fait du bien. De cette forme de journalisme de la fin des années 70, les années 2020 auraient sans doute grand besoin.

 

© Jean-Louis Crimon

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3 octobre 2021 7 03 /10 /octobre /2021 13:00
Amiens. C'est vous qui faites le Quotidien. Fin 1980. © Miguel Benadès /Mathias Duhamel. "Pourquoi pas ! " Journal du PSU. Janvier/Février 1981. © Jean-Louis Crimon
Amiens. C'est vous qui faites le Quotidien. Fin 1980. © Miguel Benadès /Mathias Duhamel. "Pourquoi pas ! " Journal du PSU. Janvier/Février 1981. © Jean-Louis Crimon

Amiens. C'est vous qui faites le Quotidien. Fin 1980. © Miguel Benadès /Mathias Duhamel. "Pourquoi pas ! " Journal du PSU. Janvier/Février 1981. © Jean-Louis Crimon

Se retrouver en "Quatre par trois", sur tous les panneaux d'affichage du département, franchement, ce n'était pas mon ambition première. Comme souvent, la chose est arrivée par hasard. PMHP, Picardie Matin Havas Publicité, la structure qui gérait la publicité du journal, trouvait que le Grand Quotidien Régional issu de la Résistance s'était quelque peu endormi, vivant et même vivotant sur sa situation de quasi monopole dans sa zone de diffusion. Ce n'était pas faux. Donner un visage, un nouveau visage, à ce journal qui passait pour être "un journal de vieux", fut le point de départ de la réflexion du patron de la pub. Pour donner un visage, il fallait montrer les visages de ceux qui écrivaient dans le journal, donner à voir les visages des rédacteurs. Montrer ainsi que Ch'Courrier, comme on l'appelait affectueusement, n'était pas un "canard de vieux", puisqu'en majorité fait par des journalistes plutôt jeunes.

Proposition fut donc faite aux journalistes de construire avec eux une campagne publicitaire jamais envisagée. Tous les journalistes du siège refusèrent, unanimes, l'invitation à "collaborer avec la pub". Collaborer, un comble pour un journal issu de la Résistance ! Je fus contacté dans les derniers. Sans hésitation, j'acceptai. A une condition, je voulais être l'auteur du slogan. Attitude forcément critiquée par mes collègues au nom de la sacro sainte séparation entre publicité et information. Je tentais d'expliquer que c'était aussi défendre l'info que de se prêter un tant soit peu à la pub. Que je ne me transformerai pas en marchand de savonnettes ou de pâtes Lustucru. Se "prêter" à la pub étant le bon terme, puisque, de fait, la stricte vérité : je ne serai pas rétribué pour ce travail.

Un journal qui parait tous les jours se désigne par le mot "Quotidien". La vie de tous les jours, en ces années 70/80, on la désignait aussi par ce mot, mais avec une minuscule. La vie des gens, notre vie, c'était le quotidien, notre quotidien. Un journal qui prétend rendre compte de la vie des gens doit parler de leur quotidien. Le Quotidien doit rendre compte du quotidien. Ma réflexion avait la simplicité de l'évidence. Mon slogan n'en serait que plus évident : C'est vous qui faites le quotidien. Le patron de la pub fut enthousiaste. C'était exactement ce qu'il recherchait.

Les lecteurs, touchés plein coeur, téléphonèrent dès la sortie de l'affiche. "Puisque c'est nous qu'on fait le quotidien, venez donc faire un reportage chez nous... " Gratuite, ma démarche devenait "payante". Je glanais dans l'affaire un paquet de supporters et d'informateurs. J'ouvrais mon agenda à des sujets de reportages inattendus et souvent très pertinents.

 

La section locale du PSU ne manqua pas de m'égratigner à la Une de son bimensuel, avec un contre-slogan dialogué assez drôle. Un chameau et son chamelier pour base de départ. "Le quotidien, c'est vous qui le faites", dit le chameau, le chamelier qui le fouette lui répond: "Avance, bourrique, au lieu de répéter bêtement tout ce qu'il y a dans Le Courrier". Le chien, témoin de la scène, conclue: "Autrefois les chameaux se contentaient de blatérer, maintenant ils déblatèrent... "

Le chameau, c'est toujours l'autre. Le PSU, pourtant, j'y avais eu de bons copains au temps où le Parti Socialiste Unifié faisait sa fête annuelle à La Courneuve. 

 

Ma série "Est-ce ainsi que les hommes vivent ?" sur la vie dans les quartiers déshérités de la ville, souvent dans des baraquements construits juste après guerre, fut ma meilleure réponse.

Marc Kravetz, qui, par hasard, lira ma série de reportages, dira du Courrier Picard : "C'est le Libé des campagnes". Mon plus beau titre de gloire.

 

© Jean-Louis Crimon

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2 octobre 2021 6 02 /10 /octobre /2021 08:57
Amiens. Rédaction du Courrier Picard. Juillet 1979. © Gérard Crignier.
Amiens. Rédaction du Courrier Picard. Juillet 1979. © Gérard Crignier.

Amiens. Rédaction du Courrier Picard. Juillet 1979. © Gérard Crignier.

C'était ma première semaine au journal. Troisième reportage en cinq jours. Sans compter les brèves, les faits-divers et la réécriture des communiqués. J'avais débuté dans la carrière avec la fête des anars dans le parc du château de Montières, le dimanche, publié dans l'édition du lundi, et je terminais la semaine avec les cathos en partance pour leur pélerinage annuel. Après la grève chez Cosserat, publié jeudi, ça donnait un bel éventail de la diversité des sujets qui m'attendaient. Un test grandeur nature de mes qualités d'écriture supposées. Premier vrai passage à l'acte d'écrire un papier par jour. Pas encore vraiment journaliste, mais en bonne voie pour le devenir.

 

Le grand reportage - j'en avais la conviction, commençait au coin de la rue. Mon rêve allait être exaucé avec ce rituel incontournable du mois de juillet : le départ de milliers de pélerins picards pour Lourdes. Le traitement de la chose, depuis des années, se limitait à la traditionnelle photo devant la gare, avec un maximum de têtes identifiables qui ferait le lendemain un maximum de journaux vendus. Logique et efficace. Je savais, bien sûr, qu'on ne faisait pas un  journal, simplement pour être lu, mais surtout vendu, donc acheté. L'entreprise économique "journal", statut coopérative ouvrière de production ou pas, devait avoir ses comptes en équilibre. L'achat du Quotidien, l'achat quotidien du Quotidien, était la première des clés de la survie de l'entreprise. La publicité venait en plus. Et surtout ne devait pas devenir plus importante que les ventes. Auquel cas, argument souvent martelé dans les conférences de rédaction, nous cesserions d'être un Quotidien d'information pour devenir un support publicitaire.

 

Face à la gare, Gérard, le photographe qui m'accompagne, visualise déjà son cadrage pour faire entrer un maximum de têtes de pélerins dans sa photo qui fera forcément la Une. L'exercice lui semble à lui aussi, pas mal artificiel et superficiel. Comme nous avons un bon quart d'heure devant nous avant les premiers départs, on décide de faire un tour dans le hall de la gare : religieuses en cornette et curés de campagne en longues soutanes noires vont et viennent dans la salle des pas perdus. Portraits tombés du ciel pour illustrer la page départementale prévue toutes éditions. 

– On a encore un peu de temps, si on allait jeter un oeil sur le quai...

Ma proposition plut au photographe. Le spectacle en vaut la peine. Une effervescence particulière régne sur les quais. Cinq trains étaient annoncés au départ. Des couleurs leur avaient été données.  Train vert pour le Santerre, train bleu pour les paroisses du bord de mer, train violet, train rose et train blanc pour les malades que les brancardiers, de jeunes volontaires, aidaient à s'installer dans les compartiments. Insolite et émouvant. Sûr que parmi tous les pélerins, de nombreux fidèles de la campagne vont vivre là leur premier grand voyage. Certaines femmes très âgées n'hésitent pas, entre deux franches rigolades, à affirmer : "C'est nos premières grandes vacances !" De vraies gamines à leur premier départ en colo.

– Gégé, il reste trois minutes avant le départ, je veux sentir l'eau bénite ou l'encens dans les compartiments, laisse-moi le temps de traverser les couloirs du train bleu !

Gérard, à peine surpris, se contente de me dire : moi, je reste sur le quai, si le train démarre et qu'on se retrouve tous les deux embarqués avec les pélerins, pas sûr que le rédac chef trouve la plaisanterie à son goût !

 

Je m'engouffre dans le train déjà bondé, plonge dans le couloir, joue des coudes en donnant ça et là du "Pardon, ma soeur !" ou "Toutes mes excuses, monsieur l'abbé !", pour finalement atterrir dans un compartiment où une place assise me tend les bras. Je m'y laisse tomber, ne serait-ce que pour le bonheur de vivre trente secondes dans la peau du pélerin qui attend que ça démarre. Providentiel. Providence et ciel font le mot "providenciel" ! J'allais en avoir pour ma peine et ma volonté de sortir des sentiers battus. Une vraie révélation.

Je ne m'en suis pas rendu compte d'emblée, pourtant le fond sonore n'était plus celui. du quai, avec cette ambiance de paroles, de cris, de rires, quand les gens, ceux qui partent et ceux qui restent, s'interpellent à l'heure du départ. L'idée me parut lumineuse : on avait sonorisé tous les compartiments du train et les Pater noster, les Ave Maria, sortaient des haut-parleurs pour être repis en choeur par les pélerins. Le train n'avait pas encore quitté le bout du quai que déjà le pélerinage avait commencé.

Gégé cogna à la vitre du train avec le pied de son appareil photo : je ne devais plus traîner, le départ était imminent. Le coup de sifflet du chef de gare signa la fin de ma partie, je sautai du train en marche. Cette fois, j'en étais sûr, je tenais la chute de mon papier. 

Le retour au journal fut triomphal. Nous avions vu ce que personne n'avait jamais vu. On allait voir ce qu'on allait voir. L'écriture de mon article ne me prit pas plus de vingt minutes. Le titre était strictement informatif, comme le secrétaire de rédaction me l'avait conseillé. L'accroche, petit paragraphe entre le titre et l'article proprement dit, mettait l'accent sur la diversité des pélerins et leur point commun : l'assurance tranquille de ceux qui croient.

Le chef de la locale, la rédaction de la ville, dut me chambrer comme il en avait pris l'habitude depuis mon premier papier : " Alors l'anar, comment tu t'en tires avec tes Saintes écritures ? " Je ne me forçai pas pour confesser qu'avec ce reportage, j'allais expier une partie de mes fautes passées, présentes et à venir. Ce qui le fit sourire et le mit même en appétit. Il ne me le dit jamais, mais je sais que la fin de mon papier le subjugua.

 

" Dans les voitures des différents trains, la prière utilise les techniques du temps. Juste avant le départ, avec la complicité des haut-parleurs, la première prière du pélerinage est reprise par tous. Moment insolite en ce lieu quotidien et banal du bout du quai. Dis donc, Dieu, as-tu composté ton billet ? "

 

"Dis donc, Dieu, as-tu composté ton billet ?" Grandiose, grand dieu, la chute de mon papier sur ces 3300 pélerins picards en partance pour Lourdes. Diabolique pirouette. Fulgurence qui a failli me valoir une excommunication immédiate du monde des journalistes et pour laquelle j'ai dû faire pénitence. D'abord repentance. L'Evêque du diocèse avait, dès la première heure, appelé le rédacteur en chef pour exiger que le mécréant de journaliste qui avait osé "faire passer Dieu pour un passager clandestin", vienne s'agenouiller devant lui pour expier sa faute. Bien sûr, je n'obtempérai pas. Au téléphone, je tentais d'éviter les foudres du ciel en expliquant au représentant de Dieu le sens sacré de mon humour païen. Je fus poli, courtois, mais convaincu de mon bon droit. Convaincant peut-être aussi. L'Evêque décida de ne pas mettre à exécution sa menace d'interrompre à tout jamais les abonnements au journal pour toutes les paroisses du diocèse. 

 

Un tel esprit d'ouverture de la part de l'Evêque impliqua de mon côté un parfait œcuménisme. Il fut donc convenu, à condition que Dieu me prête vie jusque là, que pour bien comprendre, de l'intérieur, le sens sacré du pélerinage, j'irai moi aussi à Lourdes, l'an prochain, au milieu des pélerins. Manière d'expier ma faute vénielle, et de voir de près la réalité de la chose et de la foi de ces Chrétiens des années 80. Non pas comme pélerin, mais comme journaliste. A leurs risques et périls. Ainsi soit-il.

 

© Jean-Louis Crimon

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