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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 11:29

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Sichuan. Paysan de la petite montagne. Janvier 2012.                                  © Jean-Louis Crimon 


 

Le portrait. Exercice difficile. Délicat face à face. Risqué. Casse-geule. Vrai casse-tête. Casse-tête chinois. Parfois. Souvent. Photographe. Photographié. Pas le même statut. Pas le même pouvoir. Pouvoir de celui qui a le pouvoir de dérober une image. Pouvoir de celui qui a le pouvoir de se dérober à l'image. De ne pas se livrer. De dire non. De fuir. De s'enfuir.

Celui qui regarde doit avoir un peu d'amitié ou un un peu d'amour pour celui qui est regardé. Il faut, d'emblée, savoir installer un minimum de confiance. De complicité. S'apprécier. S'identifier. S'accepter. Au premier regard.

Premier impératif. Se reconnaître. Sans se connaître.


Au-delà de l'objectif, il y a deux subjectivités. Deux regards qui s'affrontent. Se toisent. S'opposent. Se refusent ou s'acceptent. Celui qui va "prendre" ne doit rien "saisir"qui ne lui soit "donné". Consenti. Senti et consenti. Sinon, c'est du vol. La photo, c'est plutôt du côté de l'envol.

La photo, c'est trois fois rien. C'est aérien. C'est un échange. Je te donne cette image que tu vas prendre. Que tu vas me prendre.

J'accepte. Je te prends. Je te prends ton image et je veux que cette image soit, peut-être, la meilleure définition de tout ton être. Sois en confiance et l'image ne te trahira pas. Fais-moi confiance.

Si j'osais, je te donnerais mon boîtier, et tu ferais la même chose de moi. Pour moi. Photographe photographié. La boucle serait bouclée. Le dialogue parfait. L'échange complet.

 

Faute de quoi, on peut toujours jouer vraiment au Portrait chinois.

Si j'étais une saison, je serais... Si j'étais une chanson, je serais... Si j'étais une couleur, je serais... Si j'étais un roman, je serais... Si j'étais une légende, je serais... Mais c'est déjà le début d'une autre histoire.

Pour ce soir, je préfère en rester à : 

Si j'étais photographe, je serais... Cartier-Bresson ou bien... Depardon. Même si une petite voix intérieure très immodeste me murmure : tu es photographe, sois... Crimon.

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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 21:10

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Paris. 28 septembre 2012.                                                                         © Jean-Louis Crimon  

 

 

Sans paroles.

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 22:10

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Paris. Septembre 2012.                                                                               © Jean-Louis Crimon 

 

 

Souvent je me demande ce que disent les mains dans le dos. Ce qu'elles pensent. En silence. Tout bas. Elles sont inertes. Patientes. Elles ne voient rien. Elles ne touchent pas. Ne caressent pas la couverture du livre ancien que le propriétaire des mains regarde. Pourtant, si l'homme se décide, alors les mains vont lui être précieuses. L'homme va se souvenir qu'il a deux mains. Il va cesser de les ignorer. Il va gentiment les remettre à l'honneur : la gauche et la droite. Ils va les convoquer pour leur exercice favori. Elles vont prendre le livre. L'ouvrir. Le parcourir. Le feuilleter. Le poser. Le reprendre. Dans la poche intérieure de la veste, la main droite, toujours aussi leste, va prendre le portefeuille, pour le délester d'un billet ou deux. A moins que la gauche ne fasse soudain l'appoint avec la monnaie qui se trouve, -l'homme est organisé-, dans la poche de gauche.

Pour l'instant, l'homme caresse avec les yeux ces titres déjà vus, déjà lus, la veille. Il enveloppe du regard cette bibliothèque inattendue. Impromptue. Classée par association d'idées davantage que par ordre alphabétique des auteurs. L'homme est un rêveur. Pas forcément un acheteur. Les mains dans le dos, signe de l'homme qui rêve dans sa tête. Dans cinq minutes, sûr, il se remet en marche. Les mains toujours dans le dos. Parfois les mains se lassent. Elles en ont marre. Mais elles ne savent pas comment le dire. Comment l'exprimer. Elles en ont assez de cette balade sur le quai où on les ignore. Elles en ont...

plein le dos.

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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 17:13

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Chengdu. Octobre 2011. Université Normale du Sichuan.                                © Jean-Louis Crimon 

 

 

Parfois, c'est la forme d'ensemble qui attire l'oeil. Le sens n'est pas premier. La forme a pris le pas. La forme s'impose. D'elle-même. Il y a juste à trouver l'angle. Le mouvement. C'est simple. C'est complexe. C'est limpide. L'histoire se joue entre deux concepts. Evidence. Transparence. Il faut que ça transparaisse. Que ça s'impose. D'emblée. Que ça sonne. Que ça résonne. La photo, c'est du son. Du son avant le sens. Une photo, ça doit s'entendre. Avant de se voir. Pour ne pas décevoir. Puis, enfin, se laisser voir.

La moindre des choses, pour une... image.

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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 16:49

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Paris. Quai de la Tournelle. Septembre 2012.                                                © Jean-Louis Crimon 


 

Souvent, le soir, des filles superbes traversent le quai, comme un seul homme. Non pas au pas de course, mais c'est tout comme. A grandes enjambées. Comme dans un défilé  de mode. On les regarde à la dérobée. Dérobée. Mot amusant. De robe, il n'est pas question. Elles sont en pantalon. Ballerines. Chaussures plates. Rarement en talons. Elles marchent, tête droite, vers leur destin du soir. Un resto, un cinoche. Un amoureux, un mec, un blanc-bec. Un fiançé pas trop moche. Un ami, un amant. Elles marchent élégamment.

A peine un coup d'oeil aux façades de livres des libraires de plein air. Pas un regard pour celui qui les regarde passer. Le bouquiniste se demande où s'en vont vraiment, d'un pas si décidé, ces belles à la démarche compassée. D'aussi jolies créatures qu'il aimerait bien faire rimer avec littératures. 

Elle, ce serait Manon. Manon Lescaut. Elle, la Princesse de Clèves. Elle, Emma Bovary. Elle, la maîtresse de Julien Sorel. Elle, la Dame aux camélias. Tant de femmes. Tant de femmes félines. Tant de femmes coquines. Tant de personnages de roman. Sans oublier celle qui affirme, bien haut, bien fort : Je suis moi-même un personnage de roman. Admirable formule qui fera plus d'une émule. Romantique qui ne se sait pas encore romancière.

Personne sur le quai ne se hasarde à entreprendre ces passantes particulières sur leurs goûts en matière d'écriture. Leurs préférences. Sur les noms de leurs trois écrivains adorés. Sur leurs livres de chevet. Sur le seul poème qu'elles connaissent encore par coeur. Sur le titre du roman qui a changé leur vie. 

Certains soirs pourtant, j'en meurs d'envie.

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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 14:48

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Paris. Saint-Michel. Soir de septembre.                                                       © Jean-Louis Crimon 

 

 

Voir ce que les autres ne voient pas. Toujours. Construire, pas à pas, ce regard incroyable. Etonnant. Etonné. Décoder la ville. La lire en transparence. Lire la ville cachée dans la ville évidente. Montrer ce qui se cache. Dans cette partie de cache-cache.

Nous sommes des Lilliputiens. Des géants nous observent.

Ce soir, je l'ai vue, la matronne en tissus. Démasquée. Prise en flagrant délit. Elle comptait les passantes. Chemisier en bérets et casquettes. Longue jupe en foulards. Talons à roulettes et béret rouge sur la tête. A même gardé le prix du béret sur l'étiquette. Boucle d'oreille très coquette.

Vue, madame. Je vous ai vue.

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 16:30

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Paris. Passerelle des Arts.                                                                          © Jean-Louis Crimon 

 

Ce talent de savoir s'exprimer par la danse, le geste ou la mimique, sans recourir au langage, oui, vraiment, souvent je l'envie. Ecrire avec son corps, danser sa vie, calligraphier ses sentiments, et publier la chose en un instant. A même le pavé de la ville. Pleine page. Poème dérisoire et pourtant essentiel. Simple, ça me fascine.

Je n'ai que des mots. De pauvres mots. Des images. De plates images. Des photos que je n'ose même pas rêver en 3 D. Quelle idée ! Pauvre de moi. Je rêve d'être l'acteur et je suis le témoin.

Je photographie la scène quand d'autres photographient... la Seine.

Chacun son essentiel. 

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 12:15

DSCN2476-copie-1© Jean-Louis Crimon 

Amiens. Place de la gare.

 

Ce bel Oiseau bleu qui vient de se poser dans l'immensité grise, mériterait de composter son billet pour un train de la couleur de sa robe céleste. Céleste, d'ailleurs, doit être son prénom.

Autrefois, ici, ou pas très loin d'ici, on prend Le Train Bleu. Train de luxe qui circule entre Calais et Vintimille. Via Paris, Dijon, Marseille, Toulon, Saint-Raphaël, Cannes, Juan-les-Pins, Antibes, Nice, Monaco, Monte-Carlo et Menton.

C'est en 1886 que la Compagnie des wagons-lits lance un train de luxe, d'abord baptisé Calais-Méditerranée-Express, puis Méditerranée Express. La circulation de ce train sera suspendue en 1914. Train pas encore Bleu suspendu pour cause de soldats en Bleu horizon. Des bleus dont l'horizon ne sera pas franchement tout bleu. Quatre ans de guerre durant lesquels de rêves de Train Bleu, on n'a que faire.

Nouvelle mise en service le 16 novembre 1920. Les nouvelles voitures en acier sont inaugurées le 9 décembre 1922. Le train est d'emblée surnommé Train Bleu. Surnom qui ne deviendra officiellement le sien qu'en 1947. La raison de ce nouveau nom se trouve dans la couleur de ses nouveaux wagons-lits métalliques bleus et or. Fréquenté par une clientèle aisée, il est composé de voitures-lits, d'une voiture-restaurant, et d'une voiture-bar très raffinée, qui en font sa célébrité. Parmi ses habitués: Sacha Guitry, Jean Cocteau, Marlène Dietrich, le prince Aga Khan, Coco Chanel et la princesse Grace de Monaco.

Avouez que le bel Oiseau bleu de la gare d'Amiens, mériterait de goûter aux plaisir du Train bleu. Si on ne l'avait supprimé. Définitivement. Fin 2007. Paraît que c'est le TGV qui est cause de la mort du Train Bleu. Le TGV a tué le Train bleu. Morbleu.

 

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 18:39

DSCN2354-copie-1© Jean-Louis Crimon 

Amiens. Abribus.

 

Le triangle toujours. Jeu de miroir en prime. Miroir déformant. J'adore ces paradoxes du quotidien. Ces oppositions soudaines. Ces absurdités contemporaines. Face à face inattendu entre deux femmes : celle de l'affiche et celle qui attend son bus. L'une, en tenue de plage. L'autre, en tenue de ville. L'abribus en tenue de... cabine d'essayage.

Le jeune homme, adossé au mur, en baisse la tête. Les parois de la cabine sont transparentes. La ville est déroutante.

La rue est droite mais nous sommes à un... Carrefour. 5 euros le haut ou le bas. Trois tickets de bus, tout au plus. 

Le bus en bikini, ça ne se fait pas. L'abribus en bikini, c'est permis.

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24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 11:26

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Paris. Quai de la Tournelle. 23 septembre 2012.                                            © Jean-Louis Crimon 

 

Instant fugace. Qui passe comme elle passe. Je la trouve jolie. Elle s'arrête. Feuillette un de mes ouvrages. Le repose. En prend un autre. Le remet en place. Puis s'en va, d'un pas déterminé. Jusqu'au bout du quai. Au loin. Trop loin. Je pense qu'elle ne reviendra pas. Elle est passée. L'instant est passé. Il s'en est allé avec elle. Evanoui. Dommage. L'ensemble faisait une belle image.

 

Plus tard, plus loin, au loin, on dirait qu'elle fait demi-tour. Elle revient sur ses pas. Je l'aperçois qui revient. Elle repasse. Elle revient. Je n'en crois rien. Elle a l'air pressé. Elle arrive à ma hauteur.

Dans ma poche, mon boîtier Nikon. Je n'ose. Elle pose. Elle propose. Ce geste délicat de la main sous le menton. Subtile mise en valeur de l'ovale parfait du visage. Une vraie pro. Une pro de l'impro. Touchée par la grâce. Une seule crainte : qu'elle ne me dise, bien en face, monsieur, efface

Elle ne dit rien. Elle n'en fait rien. Poursuit son chemin. J'ai volé l'image. Sans dire un mot. Elle n'a rien dit non plus. Elle est d'accord. Incroyablement complice.

Elle devient le pendant très romain du visage du roman de Françoise Chandernagor La première épouse. En bas, à gauche de la photo. Clin d'oeil extraordinaire. Symétrie parfaite.

Je la regarde. Elle me regarde. Mais c'est la dame de la couverture du livre qui nous contemple. Le triangle des regards restitué par l'angle de la prise de vue. La photo, c'est souvent voir ce qui ne se voit pas.

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