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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 11:13

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 © Jean-Louis Crimon                                                         Oeuvre signée Alain Mongrenier. 2014.

 

 

C'est devenu comme un rituel. Un rendez-vous habituel. Une jolie coutume. Une tradition nouvelle. Une fois par an, les musées sont ouverts toute la nuit. La nuit de samedi à dimanche. Jusqu'au petit matin, vous pouvez ainsi aller goûter tous les plaisirs que vous vous refusez, la journée, à longueur d'année. Une nuit blanche haute en couleurs. "L'art accessible à tous", selon le souhait de la nouvelle ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti.

Plus de 3000 lieux en Europe, 1200 en France, entrée gratuite le plus souvent. Huitième nuit des musées, depuis 2005,  et en cette année 2012, premier marché aux puces artistique à la Monnaie de Paris. Une idée d'un Américain. Un Américain à Paris. Belle idée pour mettre l'art sur le trottoir, le faire descendre dans la rue. Pas Place de la Bourse mais à la portée de toutes les bourses. Ou presque.

Moralité, en cadeau, pour insomniaques ou noctambules, ce slogan nouveau : Le musée, la nuit, c'est l' en nuit, mais pas l'ennui.La nuit à... musée, c'est la nuit... amusée.

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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 11:32

 

En ces temps où le changement est lueur d'espoir, il y a toujours des raisons d'être inquiet. Lueur a deux syllabes, inquiet en a trois. Je découvre cette curieuse petite phrase dans une vieux livre de classe que je feuillette au hasard. Je viens d'en faire l'acquisition pour un euro. Un euro symbolique. Il s'agit d'un livre destiné aux  élèves des "Cours Moyen et Supérieur". Publié par la Librairie Hachette, en 1931. J'adore ces vieux ouvrages. La manière dont ils sont construits. Les thèmes abordés. La morale induite ou explicite qu'ils contiennent. Ils ont une particularité dont je ne suis pas sûr qu'elle subsiste aujourd'hui. Chaque édition comporte deux sortes d'ouvrages: le livre de l'élève et le livre du maître.

Celui que j'ai entre les mains porte, en sous-titre, la mention "Livre du Maître". L'auteur du livre, Georges Gillard, dans l'avant-propos intitulé  Préface du Livre de L'élève, préface également présente dans Le Livre du Maître, donne très clairement ses intentions.

 

" Le présent volume, destiné aux élèves du cours moyen et du cours supérieur, est avant tout un livre de lecture.

" C'est aussi un livre d'enseignement du français, la leçon de lecture étant, dès le cours moyen, une leçon de langue française. (Instructions officielles du 23 février 1923.)

"Par le choix des textes, par la nature des exercices, par la qualité de l'illustration, nous nous sommes efforcés de justifer notre titre : "Le Français Vivant".

 

De fait, le sous-titre, très détaillé, annonce un menu fort copieux. De quoi vraiment mettre en appétit les élèves des années trente. Lecture et Récitation expressives, Elocution, Composition française, Orthographe. Tout un programme.

De La pêche merveilleuse (un extrait du Roman de Renard) aux Moutons de Panurge, d'après Rabelais, en passant par Le respect du pain, extrait de L'Enfant de Jules Vallès,  La vigne arrachée, extrait de La Terre qui meurt de René Bazin ou encore Nuit de neige de Maupassant, c'est une belle invitation à un double voyage qui est faite : voyage au pays des mots de la langue et voyage dans le pays réel. Juste pour le plaisir, arrêtons-nous sur les quatre pages consacrées à  Maupassant. Le texte à étudier se trouve page122 et page 123 du Livre du Maître et la page 122 précise astucieusement page 88 du Livre de l'Elève.

 

Nuit de neige.

 

La grande plaine est blanche, immobile et sans voix

Pas un bruit, pas un son; toute vie est éteinte.

Mais on entend parfois, comme une morne plainte,

Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

 

Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.

L'hiver s'est abattu sur toute floraison.

Des arbres dépouillés dressent à l'horizon

Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

 

La lune est large et pâle et semble se hâter.

On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.

De son morne regard elle parcourt la terre,

Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

...

 

Page 124, la rubrique Conseils pour la récitation pourrait paraître complétement désuète aujourd'hui. Ces conseils ne sont pourtant pas sans un certain charme. Pour le plaisir à nouveau, lisons-les ensemble :

Récitez lentement, avec émotion.

Les trois premières strophes peuvent être dites avec une certaine monotonie, comme avec lassitude.
La voix devient plus ferme à partir de la quatrième strophe, qui doit produire une impression d'inquiètude un peu mystérieuse (fantastiques lueurs, sinistrement, étranges reflets, clarté blafarde).

Les deux dernières strophes doivent exprimer votre pitié. (Bien détacher : Oh! la terrible nuit ... Un vent glacé frissonne... sur leurs pattes gelées... tout tremblants).

Elargir le dernier vers : Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.

Remarque : Lueur a 2 syllabes; inquiet en a 3.

 

La phrase. The phrase. Lueur a 2 syllabes; inquiet en a 3. Je ne m'en remets pas. Je sais pourquoi je ne suis pas inquiet. Le changement, c'est maintenant. C'est une vraie lueur d'espoir.

 

Pour le plaisir, maintenant, les trois dernières strophes de "Nuit de neige".

 

Et, froids, tombent sur nous les rayons qu'elle darde,

Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant;

Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,

Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

 

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !

Un vent glacé frissonne et court par les allées.

Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,

Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

 

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas,

Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège;

De leur oeil inquiet, ils regardent la neige,

Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.

 

 

Une pièce de Maupassant d'une facture on ne peut plus classique. Cette Nuit de neige a-t-elle ému ou agacé un certain Gustave ? On dit que c'est Flaubert, son tuteur, son mentor, son parrain, qui conseilla au jeune Maupassant de ne pas persister dans la poésie. Sans ce conseil de Gustave au jeune Guy, nous n'aurions jamais eu de nouvelles de Maupassant.

Nuit de neige. Six strophes. Vingt-quatre vers. Des vers de Maupassant. Des vers auxquels Flaubert avait conseillé au jeune Guy de ne plus sacrifier. Des vers, le titre, justement, du seul ouvrage de poésies jamais publié par Guy de Maupassant. En 1880. A l'âge de trente ans. Chez Charpentier, Editeur. 13, Rue de Grenelle-Saint-Germain,13. Avec une superbe et tendre dédicace, police de caractères respectée :

 

A  GUSTAVE  FLAUBERT

A  L'ILLUSTRE  ET  PATERNEL  AMI

que j'aime de toute ma tendresse,

A  L'IRREPROCHABLE  MAITRE

que j'admire avant tous.

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 14:39

 

La plus belle et la plus réussie de toutes les passations de pouvoirs. Sans aucun doute. La nouvelle ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a offert un livre à Frédéric Mitterrand, le ministre qui s'en va. Les gens qui offrent des livres sont des gens attachants. L'ancien ministre avait déclaré, en accueillant  la jeune professeur de Lettres : "C'est un jour de chance pour ce ministère". C'était hier.

Aujourd'hui, relire "Les derniers jours de la classe ouvrière", paru chez Stock, en 2003. Aurélie Filippetti sait de quoi elle parle et d'où elle vient : petite-fille d'immigré italien installé en Lorraine et fille d'un ancien mineur communiste. 

En dédicace du livre de l'Italien Erri de Luca, la Franco-Italienne Aurélie Filippetti a cité le Mexicain Carlos Fuentes : "La littérature est une blessure par où jaillit l'indispensable divorce entre les mots et les choses. Par cette blessure nous pouvons perdre tout notre sang." 

Carlos Fuentes mort depuis peu. Carlos Fuentes toujours vivant dans le coeur d'une jeune ministre qui aime les livres. Qui aime les livres et les écrivains qui les écrivent. Qui sait surtout partager son bonheur.

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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 17:06

 

34 ministres. 17 femmes, 17 hommes. Parité promise. Parité tenue. Parité obtenue. Première promesse tenue. Dans tous les sens du terme, ce gouvernement a de la... tenue.

Le droit de partir à la retraite à 60 ans, pour les personnes ayant cotisé 41 annuités, ce n'est pas rien. C'était une promesse. Une promesse de campagne. Promesse sera tenue. 100.000 à 150.000 salariés concernés chaque année.

Autre promesse de campagne, -exemplarité oblige-, la baisse de 30 % des salaires des ministres et du salaire du Président de la République. Promesse tenue. Adoptée par décret, dès cet après-midi, au cours du premier conseil des ministres. Le Président Hollande percevra un salaire brut de 14.000 euros par mois. Brut mensuel de 10.000 euros pour  les ministres. Paradoxe : durant six mois, -c'est la coutume-, l'ancien Président et les anciens ministres percevront, eux, leurs salaires "plein pot" : 21.000 euros pour Sarko et 14.000 euros pour les ministres du gouvernement Fillon

Bien sûr, si  vous pensez au salaire mensuel de Gignac, à l'OM, cette saison, la mesure peut sembler dérisoire. Aussi dérisoire que les salaires de ceux qui nous dirigent ou nous gouvernent. Vous ne connaissez pas le montant du salaire mensuel de Gignac ?  Moi, si. Je l'ai lu, dernièrement, dans Libé : 350.000 euros. Oui, 350.000 euros pas mois. Moralité : François Hollande gagnera désormais 25 fois moins que le footballeur André-Pierre Gignac. Je sais, ils n'ont pas tout à fait le même niveau de football. Mais tout de même, sans parler de Zidane ou de Ronaldo, bien étrange époque que celle qui veut que les gladiateurs des temps dits modernes soient mieux rétribués de leurs efforts et de leur sueur que les Chefs d'Etat et de gouvernement.

Pour cette fois, je n'évoque pas le montant des salaires perçus, des appointements reçus, des émoluments dûs ou indûs, des grands patrons du CAC 40. C'est d'une autre nature. C'est une autre histoire. Ce qui ne veut pas dire pour autant que ces gens-là méritent leurs salaires exorbitants. Enfin, sans transformer ces quelques lignes en supplique par trop incorrectement politique, petite question également salutaire : quid des salaires des grands patrons des grandes entreprises publiques ?

A la devise de la République Française, Liberté, Egalité, Fraternité, en ces temps d'efforts nécessaires, eux aussi doivent savoir qu'il faut désormais ajouter... Exemplarité.

 

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16 mai 2012 3 16 /05 /mai /2012 19:02

 

Annonce à 16 heures... Annonce en fin de journée... Annonce imminente... Imminente, mais plus tard que prévue... De report en report, et d'annonce imminente en annonce imminente, on se dit que ce n'est pas si facile de faire un gouvernement. Entre l'Elysée et la Croisette, les radios font la causette. Les auditeurs font leurs emplettes. Entre le perron de l'Elysée, à Paris, et la montée des marches, à Cannes, on hésite, on pianote. On s'impatiente.

Finalement, pourquoi pas aller voir Moonrise Kingdom de Wes Anderson ? Film de cet Américain à Cannes pour la première fois ? Moonrise Kingdom avec Jared Gilman, Kara Hayward, Bruce Willis, Edward Norton... ce film qui fait l'ouverture du 65e Festival et qui sort simultanément en salle, dès 20 heures. Même si, du peu que j'en ai vu et lu, son côté remake américain d'une Guerre des boutons très française, encadrée par des chefs scouts attardés, a de quoi dérouter. A Cannes, la cérémonie d'ouverture vient juste de commencer. A L'Elysée, on attend toujours.

La voix familière de France Info ponctue l'attente. Un petit coup de météo. Un petit tour sur la Croisette. 19 heures 13, toujours rien. Toujours suspendu à l'annonce de la composition du premier gouvernement Ayrault. Ayrault, héros discret d'une distribution apparemment pas évidente à distribuer. Casting difficile et délicat.

Relance de la voix d'Info : A 19 heures 23, quels sont les pronostics les plus plausibles ? Réponse immédiate de la journaliste : Vincent Peillon à l'Education, Aurélie Filippetti à la Culture...

Seule information confirmée : Martine Aubry n'en sera pas. Ne fera pas partie du gouvernement. La radio nous refait le coup du bal des égos. Moi, ça m'est égal. Je retourne au Festival...

Moonrise Kingdom et ce court extrait de la chanson de Françoise Hardy, ça me tente bien ... Le temps des copains, le temps de l'amour, et de l'aventure... 

Finalement, ça traine trop, je coupe la radio. Veste, écharpe, je sors. Le Gaumont de ma ville n'est pas très loin. La composition du gouvernement, je verrais ça demain. Ou tout à l'heure, après le cinoche. Filippetti à la Culture et Peillon à l'Education, ça me plaît bien déjà. Le reste peut attendre.

M'attendra bien.

 

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15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 21:36

 

Pluie. Grêle. Cette année, les giboulées de mars nous reviennent en mai. Averse. Coeur à la renverse. Certitudes que le vent disperse. Eclaircies intermittentes. La pluie, aujourd'hui, ne supporte pas l'attente. Bourrasques de vent pour chasser le règne d'avant. Définitivement. Météo insolite ou insolente. Pas de quoi effrayer quelqu'un dont les ancêtres, sans doute, sont venus de Hollande. Aller aux Champs sous une pluie battante, n'a jamais fait fuir un paysan. Paysan, celui qui habite le pays. Celui qui est habité par le pays. Hollande, le bien nommé.

La remontée des Champs sous une pluie battante. Une pluie froide. Tenir pourtant la tête "roide". Le sortant était un battant qui mouillait son maillot. Le nouveau ne craint pas l'eau. Cette façon de braver les intempéries, cette volonté d'être stoïque sous la pluie, cette manière de se tenir debout dans le mauvais temps, message subliminal d'un nouveau Président à son peuple .

Très sobre et très solennel à la fois. Il était une fois. Cette fois. Pour la première fois. Le nouveau dit des choses nouvelles. Essentielles. Justice et confiance, comme double point de départ.

"La première condition de la confiance retrouvée, c'est l'unité de la Nation. Nos différences ne doivent pas devenir des divisions. Nos diversités des discordes."  Dehors, il pleut des cordes. C'est l'ancienne présidence qui peut aller se faire pendre. La confiance est de retour. Avec elle, la République exemplaire.. La séparation des pouvoirs, qui va de pair.

Un Président qui prend la pluie pour que la République ne prenne plus l'eau. Un Président qui se mouille. Immobile comme dans une papamobile. Mais sans toiture. Au risque de signer la déconfiture. Franchie la grille du coq, quelques UMP agitent leurs ergots. Mais n'ergottons pas. Soyons magnanimes. Ils ne savent pas perdre, ces gens de droite. Leur éducation a dû être maladroite. L'alternance doit être renaissance.

"L'Etat n'appartient pas à ceux qui en ont reçu, pour un temps limité, la charge."

En creux, la critique est cinglante. Critique souveraine du quinquennat qui s'achève. Définition du quinquennat qui commence. En ce jour d'investiture, elle a belle allure, la France. Vraiment. Elle et moi, on redevient amants. Même si, tant pis pour la rime, encore un peu trop de frime. Ce parfum d'Ancien Régime. Ce goût de Monarchie Républicaine. Heureusement, beau signe des temps : embrassade féminine. Ces premières Dames qui ne sont pas les dernières à se faire la bise. Résolument modernes.

Place de l'Hôtel de Ville, on embarque dans l'Arche De(la)noë. Mais on n'échappe pas au déluge pour autant. Averse à nouveau et foule maigrichonne que Mai en automne disperse.

 

Plus tard, pour revigorer les amours allemandes, Angela a voulu, au menu du dîner, maintenir des asperges. Pourtant, tout au long de la journée, aspergé, le Président Français l'a suffisamment été. Des asperges ! et pourquoi pas des champignons... à la grecque ! Angela, tu vas te faire... engueuler ! Le coup de foudre sur le nez de l'avion présidentiel, c'était déjà toi, vieille sorcière teutonne ! Attends-toi à ce que François, de rien, ne s'étonne.

Au même moment, dans le vieux village d'Auteuil, dans un bel hôtel particulier, soirée particulière. Celle d'un sortant qui a réussi sa sortie. Qui pense, sans doute, à ce Président "entrant", qui a réussi, lui, son entrée. Dans son premier discours de Président de la République. Dans sa façon de dire comme dans sa façon d'être. Dans ce vieux Palais aux coutûmes compassées, sûr ce matin, c'est pas peut-être, un peu d'air frais est entré par la fenêtre.

Le sortant, pour la première fois depuis dix ans, depuis vingt ans, depuis vingt-cinq ans, redevient... simple citoyen. Quelque part, ça doit lui faire du bien. Un air de grandes vacances. Pour lui souhaiter "bonne chance", le septième Président de la cinquième République n'a pas hésité à prendre les devants. Enumérant les six Présidents qui l'avaient précédé, les gratifiant au passage d'un mot aimable ou, pour Mitterrand, d'un mot aimant, François Hollande a simplement dit :

" Nicolas Sarkozy, à qui j'adresse mes voeux pour la nouvelle vie qui s'ouvre devant lui."

La moindre des choses. Mais, c'est vrai, service minimum.

 

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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 21:07

 

Il y a les badauds qui poireautent des heures sous le soleil et rêvent de la photo qu'ils ne prendront jamais. Il y a les journalistes professionnels qui sont là pour leurs chaînes. Il y a des passants de hasard ou de vouloir. Des gens qui s'arrêtent et qui s'attardent. Qui veulent "le" voir. Le voir de près. Qui ça ? Le nouveau. Le nouveau Président, bien sûr. Le futur. Celui qui prépare la transition. Celui qui va vivre ce soir son dernier soir de "Président élu" et qui, demain, après la passation de pouvoirs, sera le "Président". Le "Président, tout court". Le nouveau Président. Le Président "en activité". En exercice. 

Il y a le service d'ordre. Plutôt sympa, ces jours-ci. Il y a ceux qui anticipent sur le chemin que prendra "Le Patron" quand il sera allé serrer quelques mains sur le trottoir d'en face. Le chauffeur a déjà pris place dans la voiture. Il y a ceux qui s'agitent. Ceux qui restent cois. Il y a moi qui suis là sans vraiment savoir pourquoi.

Si, au fond, je sais très bien pourquoi. Mais ça ne se dit pas. Ou pas comme ça. Et  d'abord, comme j'aime à le dire à mon ami Marcel qui n'habite pas très loin du 59, je suis là pour "La venue de Ségur"  ! Comme dans Beckett, comme dans Godot, je ne sais pas si Ségur viendra. Quoiqu'il advienne. A moins que Ségur ne vienne. Ahah !

L'avenue de Ségur ! L'avenue la plus demandée aux taxis parisiens depuis le 7 au matin. Le QG de campagne devenu QG de transition. Le 59 de l'Avenue de Ségur, le lieu le plus prisé même s'il est, désormais, hors de prix. Ce n'est pas le même charme que la petite rue de Bièvres. C'est différent. C'est un peu la même ambiance pourtant. Un Président qui prend son temps. A chaque sortie. Qui prend le temps d'une photo. Avec un anonyme qui se couvre soudain de célébrité soudaine. Une jolie femme qui veut s'immortaliser, en immortalisant l'instant. L'instant historique où la simple citoyenne tutoie l'Histoire de France en train de s'écrire. Un petit côté touchant et agaçant à la fois.

Je vais vous faire un aveu : je termine ce soir un reportage commencé il y a tout juste 31 ans. Un reportage commencé avec François Mitterrand, en mai 1981, et que je suis heureux de conclure, ce soir,  en mai 2012, avec François Hollande. C'est juste une histoire entre "moi" et "moi". Une histoire de fidélité. Aux deux.  Aux deux François. François 1er et François II.

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13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 21:11

 

- Monsieur, vous rêvez !

- Pardon, madame, je contemplais la forme des nuages. Les nuages, vous savez, pour moi, c'est fascinant...

- Vous feriez mieux de contempler vos ouvrages et vos éventuels clients !

- Vous savez, ces temps-ci, sur cette portion du quai, si les promeneurs sont nombreux, les acheteurs sont plutôt rares.

- Au fond, vous n'avez pas tort, le bleu du ciel et les nuages qui s'y promènent ont des vertus apaisantes...

- Surtout dans cette époque violente où les gens sont très vite agressifs.

- La faute à la politique, monsieur, tout ça !

 

Le dialogue avait quelque chose d'insolite. Le ton de la dame surtout. J'avais l'impression d'avoir été pris en faute par une vieille maîtresse d'école. D'ailleurs, je ne me privais pas, trouvant cette dame plutôt sympathique, de lui raconter l'origine de ma passion pour les nuages.

Enfant, on disait de moi : il est toujours dans les nuages. Les grandes personnes pensaient pouvoir, en toute impunité, stigmatiser, avec cette formule, ma propension à m'embarquer dans des rêveries profondes et légères à la fois. Les nuages m'ont fasciné très tôt. Leur forme, leur aspect, leur texture. Enfin, ce que j'en imaginais. Dans un vieux Larousse, j'avais recopié la définition du mot "nuage". Je l'avais enrichie avec des notes prises sur un livre de Sciences Naturelles. De cette façon, à 10 ans, je connaissais les noms de dix genres de nuages différents. De cumulus à stratus, en passant par cirrus ou nimbo-stratus.

Mon récit, je le sentais, intriguait mon auditrice. Pour ne pas être en reste, elle voulut se lancer dans une énumération des différents noms des nuages : cumulus, cumulonimbus, stradivarius ! Je l'arrêtais net :

- Non, madame, Stradivarius, n'est pas un nom de nuage, c'est le nom d'un instrument de...

- Monsieur, voyons, j'en suis sûre !

- Madame, c'est le nom d'un célèbre luthier italien. Antonio Stradivari, dit Stradivarius. Les plus beaux violons sont sortis de son atelier de Cremone, entre 1700 et 1725. On les appelle depuis des "Stradivarius"... 

- Suis bête, je voulais dire "Stratus" ...

- Bon, vous êtes toute pardonnée, madame... mais promettez-moi de ne plus jamais confondre "Stratus" et "Stradivarius" ! Même si en écoutant le son particulier des cordes du violon, je suis "sur un nuage" ... 

 

La dame éclata d'un petit rire étrange qui me fit prendre conscience qu'en fait, elle devait être très âgée. Beaucoup plus en tout cas que je ne l'avais cru au départ. Je lui proposais de faire, ensemble, à deux voix, l'énumération des dix genres de nuages à ce jour répertoriés. Elle trouva l'idée sympa. On se lança.

- Cumulus, Cumulo-nimbus, Cirrus, Stratus, Cirrostratus, pour les plus faciles parce que les plus courants...

- Altocumulus, Altostratus, Nimbo-stratus, Cirrocumulus, Strato-cumulus, pour prendre un peu de hauteur...

 

Pour terminer notre dialogue de météorologie impromptue, je proposais à ma nouvelle camarade de lire ensemble la définition de "nuage" dans l'édition 2000 du Petit Larousse Illustré que j'ai toujours à proximité. Je le consulte parfois, pour vérifier le sens précis d'un mot.

Page 703, nuage : ensemble visible de particules d'eau très fines, liquides ou solides, maintenues en suspension dans l'atmosphère par les mouvements verticaux de l'air.

Fascinante définition. Simple et complexe à la fois. Précise en tout cas. Une définition comme seuls les dictionnaires savent en faire.

Sur ce, nous décidâmes, moi et la dame, d'aller prendre un café au petit bistrot d'en face. En chemin, elle me dit qu'elle adorait le café noir. Sans crème et sans sucre. Je lui avouais que moi, allez savoir pourquoi, c'est toujours avec... un nuage... de lait.

 

 

 

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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 23:14

 

Le livre est là depuis bientôt deux ans.  288 pages de textes et de schémas. De chiffres et de croquis géométriques. C'est le mot "Arpentage" qui me plait vraiment. Le livre dort dans l'espace réservé aux livres scolaires assez anciens. Des livres d'avant-guerre, aiment à dire mes clients octogénaires. Toujours heureux, et assez fiers, de mettre, parfois, la main sur quelques uns des ouvrages avec lesquels ils ont grandi. Appris. Etudié. Rêvé.

"Arpentage" vient de "Arpent", ancienne mesure agraire divisée en 100 perches et qui varie selon les endroits. 35 à 50 ares selon les localités. Un are vaut 100 mètres carrés.

"Des arpents de neige". L'expression me revient  maintenant en mémoire. Sans que je sache si elle est de Félix Leclerc ou de Gilles Vigneault. Sans que j'arrive à savoir précisément dans quel texte de quelle chanson, elle se trouve. Ce doit être dans "Mon Pays, ce n'est pas un Pays, c'est l'hiver..." de Vigneault. A moins que  ce ne soit dans ce texte de Félix Leclerc où c'est le Pays tout entier qui est à vendre. A vendre à l'encan.

A l'encan, autre expression  très ancienne pour dire "aux enchères". Des arpents de neige. Faudra que je demande à mon ami Marc Legras qui a publié, il n'y a pas si longtemps, un très beau Vigneault.

 

"Traité Pratique d'Arpentage, Nivellement, Levé des Plans", c'est le titre complet de l'ouvrage en question. Un ouvrage au format de Poche. Arpentage. Arpenteur. Chaîne d'arpenteur.

Un jour de juin 1963, je crois, à l'Ecole Primaire, notre Instituteur nous avait appris à nous servir de la chaîne d'arpenteur. On avait mesuré la grand place bordée de tilleuls centenaires. Arpenteur. C'était beau comme une profession d'aventurier. Arpenteur. Je me voyais trappeur des grands espaces. Chasseur d'animaux à  fourrure dans le Grand Nord. Tout ça grâce à la chaîne d'arpenteur.

La chaîne d'arpenteur n'était pas de ces chaînes qui attachent et qui retiennent prisonniers. La chaîne d'arpenteur était de ces chaînes qui libèrent. Qui vous ouvrent le monde. 

Le soir de ce jour-là, en m'endormant, je m'imaginais, ma chaîne d'arpenteur à l'épaule, m'en aller mesurer le tour de la Terre entière. Rêve absurde, aurait dit ma mère, si je lui en avais parlé. Elle qui me disait sans cesse "arrête d'arpenter" quand je tournais en rond dans la petite cour carrée de derrière la maison. Rêve au contraire très sérieux pour l'enfant que je n'étais déjà plus. Rêve tout à fait accessible.  A une seule condition : accepter d'abord de mesurer le tour du jardin et  le tour du village. Le reste viendrait après. Naturellement. Pour qui le voudrait vraiment.

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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 21:57

C'est souvent comme ça. Tout simple. Très simple. Envie de bouger. Envie de partir. Besoin d'ailleurs. De jours meilleurs. Problème pourtant. Pas l'argent. Pas le temps. Ou pas suffisamment.

Pas de quoi se lamenter pour autant. Le livre est là. Embarquement immédiat. Destination inconnue. Le livre est fait pour ça. Quel qu'en soit l'auteur. Quel qu'en soit le sujet. Le thème. La forme. Roman. Nouvelle... Le livre est à la fois le compagnon de voyage et le voyage. Le livre, c'est le voyage imprévu. 

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