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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 15:05

 

Le jour où le "Prix des bouquinistes" sera relancé, son rôle, sa raison d'être, pourrait être de (re) mettre en lumière un roman, un écrivain, tombés dans l'oubli. Pourquoi pas, en partenariat avec une radio amie, republier en Poche le texte oublié et devenu pratiquement introuvable ?

Ce jour-là, je vote pour André Billy et son Approbaniste, que je viens de relire avec un indicible bonheur.

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 13:32

 

Un roman de Georges Simenon commence sur le quai. L'Enterrement de Monsieur Bouvet. Intéressant au plus haut point de repérer le cadrage toujours très cinématographique de l'écriture de Georges Simenon. Texte écrit en février 1950 et publié aux Presses de la Cité en juin 1950. Réédité, cet été, par Pierre Assouline et Le Monde. Pierre Assouline qui a cette jolie formule "Le Paris de l'Enterrement de Monsieur Bouvet est celui des quais des bouquinistes, où, le romancier ne l'a jamais oublié, le fleuve coule entre des livres."

Le fleuve coule entre les livres. Superbe formule pour les marins en partance que sont, à perpétuité, les bouquinistes. Casquettes au vent, debouts devant leurs ambarcations de fortune. Souvent pour pas une tune. Déchirés entre deux attirances : l'ancre et... l'encre. Un jour, je mettrai mes boîtes sur une péniche et je m'en irai vendre au fil de l'eau. Je léverai l'ancre. Mais c'est une autre histoire...

Pardon, mais je vais zapper volontairement les quatre premiers paragraphes du début du roman de Simenon et je taille allégrement ce qui ne concerne pas directement notre sujet. Tout en vous invitant à lire au plus tôt, dans son intégralité, ce roman de Simenon, et, bien sûr, dans l'édition de votre choix.

 

Lecture.

...

 

"Une brise légère communiqua un frémissement au feuillage d'un marronnier, et ce fut, tout le long des quais, un frisson qui gagnait de proche en proche, voluptueux, une haleine rafraîchissante qui soulevait les gravures épinglées aux boîtes des bouquinistes.

...

 

"Le vieux monsieur à la veste claire avait ouvert un carton rempli d'images et, pour les regarder, appuyé le carton sur le parapet de pierre.

...

 

"La marchande, assise sur un pliant, remuait les lèvres, sans regarder son client, à qui elle parlait comme une eau coule. Elle tricotait. De la laine rouge glissait entre ses doigts.

...

 

"Il y avait d'autres boutiquiers, sur des pliants, et d'autres encore qui arrangeaient les livres dans leurs boîtes, car il n'était que dix heures et demie du matin. On voyait l'heure, deux aiguilles noires, sur le cadran blanc de l'horloge, au milieu du pont.

- Monsieur Hamelin ! Venez-vite !

C'était le bouquiniste voisin, aux grosses moustaches et vétu d'une blouse grise. L'étudiant au Leica avait braqué son appareil sur le vieux monsieur couché parmi les images d'Epinal.

...

 

"La bouquiniste, Mme Poncet, qui avait soixante-cinq ans, restait au premier plan.

- Je vais téléphoner pour l'ambulance municipale, disait le sergent de ville.

- Ce n'est pas la peine. Il habite à deux pas.

- Vous le connaissez ?

- Depuis des années. C'est M.Bouvet, un bon client. Il habite un peu plus loin, quai de la Tournelle, la grande maison blanche où il y a un marchand de musique au rez-de-chaussée."

 

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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 17:47

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La mise en bière.                                                                                       Photo Antoine Marette

 

 

Il y a des jours sans vie où le bouquiniste traîne un ennui pas possible. Les rares passants des après-midi de ciel gris et d'averses jettent à peine un regard à l'homme qui vend des livres en plein air. Comme s'il n'existait pas. Comme s'il n'était qu'une gargouille de pierre descendue prendre la pose sur le parapet. Histoire de voir la Seine d'un peu plus près. Ces journées grises, même le grand fleuve charrie une mélancolie liquide où l'on peine à noyer cet incroyable chagrin. Face à tous ces livres endormis et à tous ces auteurs morts, le bouquiniste rêve à sa fin prochaine et à son épitaphe future. Trois ou quatre mots. Pas davantage. Tout ça pour ça, lui irait très bien. Oui, simplement ça. Tout ça, toute cette vie, tout ce parcours de détours et de chemins de traverse, tout ce temps passé, à bosser, à rêver, à gamberger, à inventer, toute cette vie, toute cette énergie, tout cet enthousiasme et tout ce désespoir... pour finir, un beau soir, en allongé pour toujours. En gisant, même pas de cathédrale. En statue sans statut. Toute cette vie minuscule et dérisoire, avec ses trois ou quatre pas de géant, pour rien, ou presque. Oui, vraiment, désespérant. Déprimant. Quatre mots pour point final.

Tout ça pour ça.

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19 juillet 2011 2 19 /07 /juillet /2011 15:56

 

L'homme s'est approché de mes boîtes avec grâce et lenteur. Il avait traversé à hauteur de la rue de Pontoise. Plutôt grand. Beau visage et beau regard. Beaux cheveux blancs. Tout du sage. Il a d'abord survolé assez rapidement l'ensemble des ouvrages de chaque boîte avant de se mettre à chercher plus méthodiquement. Négligeant le coin des nouvelles et des romans, mais s'attardant, avec un plaisir manifeste, du côté des Essais. N'y tenant plus, il  risque: avez-vous des ouvrages sur la Chine ? Je lui indique l'endroit de la troisième boîte où quelques ouvrages sur "Chine, Japon, Mongolie" sont réunis. J'ai vécu dix ans en Chine, vous savez, il y a très longtemps, reprend l'homme, tout en poursuivant sa recherche.

Je le laisse chercher à sa guise. C'est bien de laisser leurs aises aux acheteurs éventuels. Je le sais d'instinct. Ou plutôt d'expérience. Du temps où c'était moi l'acheteur familier des bouquinistes. Quand je n'aimais pas trop qu'on me colle. Qu'on me serre de trop près.

 

- Je suis en quête d'un ouvrage qui a été publié dans les années trente, chez Payot. Bleichsteiner en est l'auteur. Son titre L'Eglise jaune. Si vous le trouvez, monsieur, vous ferez de moi le plus heureux des hommes. Je veux absolument relire ce livre avant de mourir.

- Qui parle de mourir ?

- Vous savez, j'ai plus de 85 ans, alors, à cet âge, à la mort, on y pense !

- Interdiction de mourir avant que je vous trouve le livre, monsieur, et en bon bouquiniste, soyez-en persuadé, je vais prendre tout mon temps, pour mener mon enquête et ma quête. Laissez-moi votre adresse ou votre téléphone, et je vous informerai de la progression de mes recherches.

 

L'homme m'a tendu la main. Bonne poignée de main, ferme et franche. Contrat signé. Vie prolongée. Livre vendu. Quand je mettrai la main dessus.

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18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 15:31

 

Dans la famille Delerm, je demande le père, la mère ou le fils ? Philippe, Martine ou Vincent ? de la maman, Martine, publié chez Fayard, en 2002, j'ai un très beau Paris l'instant, subtile ponctuation photo d'une déambulation romantique. Photos signées Martine Delerm. Textes de Philippe Delerm.

Du père, Philippe Delerm, j'ai toujours à portée de main, table de nuit, cabane de jardin, bureau mansardé ou chambre d'été, La tranchée d'Arenberg et autres voluptés sportives, (Panama, 2007) et Sundborn ou Les Jours de lumière,(Le Rocher, 1996) mais aussi, forcément, le best-seller de mon coeur, acheté dès la première édition, avant qu'il ne devienne un succès fou La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules (Gallimard, L'Arpenteur, 1997). J'oubliais Le Miroir de ma mère (Le Rocher, 1998) et encore La Sieste assassinée (Gallimard, L'Arpenteur, 2001).

Mais assez parlé du père, c'est le fils, Vincent, qui est convoqué ici, pour son hommage Quatrième de Couverture, dans son album Kensington Square, paru en 2004. Quatrième de Couverture où l'étal du bouquiniste fait la Une.

 

Ecoutez plutôt:

 

"23 juillet, Paris s'éteint

Et sur le Quai des Grands-Augustins

Nous tournons les pages à l'improviste

Devant l'étalage d'un bouquiniste

Je ne vous connais pas, je vous frôle,

Là, sur le Quai, épaule contre épaule.

 

"Nous jetons en même temps un oeil sur

Les quatrièmes de couverture,

Une biographie de Signoret

Voilà le genre de choses qui vous plaît,

Un storyboard de Fellini

Le genre de truc qui vous fait lever la nuit.

 

"Je vous devine à Juan-les-Pins

Un Press-Pocket entre les mains

Emportez-vous à Maisons-Laffite

Ce Boris Vian en 10/18  ?

Je connais bien votre poignet

Je connais vos mains, votre bracelet.

 

"J'aime la manière dont vous reposez

Tristan Corbière sur le côté

Qu'allez-vous donc penser de moi si

J'attrape en rayon " Les années Platini" ?

Finalement, je préfère me rabattre

Sur la NRF de cinquante-quatre .

 

"Trois cents pages sur la guerre d'Espagne

Le genre de chose qui nous éloigne

Un vieux Sempé en Livre de poche

Le genre de truc qui nous rapproche

Guide du Routard du Sri-Lanka

Dieu soit loué, on ne se connaît pas.

"Hitchkock-Truffaut: les "Entretiens"

Nous avons tant de choses en commun...

23 juillet, Paris s'éteint

Et sur le Quai des Grands-Augustins

Nous tournons les pages à l'improviste

Devant l'étalage d'un bouquiniste

 

"Je ne vous connais pas, je vous frôle,

Là, sur le Quai, épaule contre épaule.

Sur les Quatrièmes de Couverture

Nous cherchons la même aventure.

Sur les Quatrièmes de Couverture

Nous cherchons la même aventure..."

 

 

 

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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 19:46

 

C'est un roman d'André Billy, publié en 1937, chez Ernest Flammarion. L'Approbaniste. Je l'ai lu il y a longtemps. On y parle de Montières et de Saint-Acheul. Deux quartiers d'Amiens que je connais bien. Je me souviens que l'histoire se termine par un gros plan très cinématographique sur la couverture d'un livre qui se trouve dans une boîte de bouquiniste. Je ne résiste pas au plaisir de relire ici ces quelques lignes, pour moi doublement émouvantes. Le passage se trouve à la toute fin du roman. Page 211 et page 212.

 

"Feuvée qui, sur les instances du P. d'Erlincourt, put achever ses études au collège de Saint-Dizier, ne devait jamais revoir le P. de Maulny. Quelques années plus tard, entre deux reportages - car, tout en collaborant aux petites revues de la rive gauche et y publiant des vers qui ne passaient pas pour meilleurs que d'autres, il faisait du journalisme - sa main rencontra dans une boîte de bouquiniste, sur le quai des Grands-Augustins, un livre cartonné sur lequel son regard se porta machinalement; il y lut le nom de son ancien confesseur. C'était un exemplaire des Auteurs français, du P. Farnel, revisés par le P. de Maulny. Feuvée acheta le livre dix sous et le soir, dans la petite chambre qu'il occupait près de celle de sa mère, rue de Sèvres, en face de l'Abbaye-au-Bois, en lut le dernier chapitre, relatif à la poésie moderne, qui lui parut insuffisant, écourté, timide. Le lendemain, il écrivit au P. de Maulny chez l'éditeur, pour lui dire l'affectueux souvenir qu'il lui gardait et lui demander de ses nouvelles. Le Père de Maulny ne reçut jamais cette lettre. Il était mort en Belgique peu de temps auparavant."

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16 juillet 2011 6 16 /07 /juillet /2011 22:03

 

"Comme l'eau qui goutte à goutte tombe du toit,

Pleure mon triste coeur..."

 

Me reste juste en mémoire, en ce samedi de pluie froide sur la ville, ce début de poème raturé en classe de troisième. Lis tes ratures était pour moi Littérature. La Prof de Français se prénomme Claire, je m'en souviens très bien. Elle a pris en affection le cancre que je dois être. En tout cas, je le crois. Je l'ai cru.  Longtemps. Sans le savoir, c'est elle qui m'a sauvé la vie. Ma vie d'élève et ma vie tout court.

 

En cours, elle semblait prendre un malin plaisir à m'obliger à réciter, chaque semaine, devant mes camarades pas franchement médusés, mes dernières trouvailles. D'ailleurs, elle disait "mes compositions". Compositions poétiques. La faute à Dudule, Dufresnoy, mon voisin de salle d'études, qui m'avait piqué un jour - le traître- mon cahier de poèmes pour le glisser dans le cartable de la Prof. Composition Française était ma matière préférée, la seule avec Dessin Artistique où je manifestais quelques qualités. Ou plutôt, formule du conseil de classe, quelques dispositions.

 

Mon "Gouttagouttetombedutoit" avait plu d'emblée à la petite Claire -elle n'était pas plus grande que nous. De l'estrade -c'était avant mai 68- elle s'était exclamée, faussement solennelle, mais vraiment convaincue : "allitération en T". Elle qui désespérait, depuis un bon mois, de nous faire trembler d'effroi devant le fameux "pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes" venait de trouver, dans ma dernière trouvaille, de quoi nous convaincre des bienfaits du style et de l'allitération. Elle avait pris toute la classe à témoin :

- Voyez l'importance du son dans le sens de ce début de poème très réussi "Comme l'eau qui goutte à goutte tombe du toit" ! On perçoit vraiment la musique de cette goutte d'eau et le second vers "Pleure mon triste coeur" est très annonciateur de cette mélancolie soudaine qui frappe le poète... On a envie d'entendre la suite, on a envie de savoir ce qui va arriver, ce qui va se passer... dans la vie de ce poète si... mélancolique...

 

Je ne savais plus où me mettre. Derrière qui me cacher. J'avais honte. Vraiment honte. Honte de fierté. Fier, je ne le suis plus. J'ai perdu mon cahier de poèmes de ce temps-là et je n'arrive pas à retrouver la suite de mon début de poème de troisième...

 

Comme l'eau qui goutte à goutte tombe du toit

Pleure mon triste... moi.

 

© Jean-Louis Crimon

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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 20:50

 

Juste un double Poche à 4 euros. C'est dingue. Six heures sur le quai pour quatre euros. J'ai rarement été aussi peu payé de l'heure. Bien sûr, comme à chaque fois, de beaux regards, de beaux sourires, de beaux dialogues et de belles conversations. De véritables échanges. Mais le commerce des mots, s'il aide à vivre, n'est pas vraiment le commerce des livres. Le libraire de plein air ne peut pas vivre seulement de l'air du temps. Pensez-y, vous qui dépensez, facile, 30  ou 50 euros, chez Quick ou chez Mac Do, et qui hésitez à vous offrir un beau livre au même prix ! Même pour un cadeau.

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14 juillet 2011 4 14 /07 /juillet /2011 21:54

 

"14 juillet des bouquinistes

C'est le défilé des touristes,

Sans fin, on passe en revue,

Les vieux livres et les revues,

A la fin, c'est le bouquiniste

Qui est ... d' la revue !

 

"Un instant, on s'arrête,

On ouvre, on feuillette,

On cause, on s'renseigne,

O la belle enseigne,

Puis le livre on pose ou on jette

Rarement on... achète !

 

"Semblant d'un renseignement,

Oui, promis, mais on ment,

Sûr, ce soir, on repassera,

On vous promet qu'on reviendra,

Mais en fait, c'est la fête, le soir,

C'est trop bête, on va s'asseoir

 

"En terrasse, on prend un verre,

D'eau fraîche, de vin ou de bière,

C'est pas donné, mais ça désaltère,

Sauf que l'argent du livre est par terre

Le prix du bouquin, on oublie,

Bouquiniste, tu boieras jusqu'à... la lie.

 

 

J'étais sur le quai, fredonnant, obstinément, les paroles absurdes d'une chanson obsédante, impossible à écrire, quand, derrière moi, un gamin de quinze ans s'est exclamé merveilleusement "Ô Chateaubriand !" D'un geste précis, il a montré à sa mère la biographie de Ghislain de Diesbach, publiée chez Perrin.

Sa mère, spontanément: "tu veux que je te l'offre ?" Le garçon,  déjà très mûr, sourit et dit "Faut peut-être que je commence par lire ce qu'il a écrit !"

Du coup, je manque une vente, mais trouve superbe la réponse du jeune lecteur. Guillaume de son prénom, élève de 3ème. En seconde l'an prochain. Sa petite soeur, Pauline, qui vient de boucler sans enthousiasme sa sixième, caresse un instant le beau visage de Chateaubriand. Reproduction d'un tableau célèbre. Pour rire, je lui lance :"tu vois, en ce temps-là, les photographes, tiraient vraiment le portrait. Le visage de Chateaubriand, c'est l'oeuvre d'un peintre !"

Et Pauline, très belle et très vive, de dire dans un beau sourire: "ça fait super longtemps que j'ai pas touché un livre !"

 

Cet après-midi de Fête Nationale, sûr, j'ai pas gagné grand chose, mais sûr aussi, j'ai gagné deux lecteurs à la cause !

 

 

 

 

 

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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 21:31

 

Il y a des jours, sur le quai, c'est vraiment zéro. Zéro euro. Que dalle. Même pas dix euros pour casser la dalle. Déprimant. Désespérant. Mon dernier bouquin vendu, ou plutôt à vendre, je l'ai... donné ! Pas un radis, j'vous dis ! Pas un radis rose. Pas un  radis rouge. Pas un radis vert. Au sortir de l'hiver. Du coup, sur le banc, banc public, pas loin de mes boîtes, je relis, mais oui Les Radis bleus. Publié au dé bleu, en 1990. Auteur: Pierre Autin-Grenier. J'adore. Les textes. L'homme. L'écrivain. Le poète. L'auteur de nouvelles. Le chroniqueur. Un type, j'en suis sûr, au bon coeur.

 

Page 9, je partage avec vous, cette manière de dire, cette façon d'écrire. Moi qui blogue, ou qui voudrait bloguer, tous les jours,  je prends ma dose d'humilité. D'amour aussi. Ecoutez plutôt.

 

" Le temps qu'il faut pour faire une phrase ! S'imaginer capable d'en faire une chaque jour... Délire d'orgueil ! Folie de poète, peut-être...

 

"Ou, plus vraisemblablement, attrait du vide; volupté de l'échec pressenti comme certain.

 

"Et qui prendrait avantage ensuite à la découverte de ton rien-du-tout quotidien; à tes sentances raides autant que dérisoires portées d'un coin de chambre, pantoufles aux pieds, sur l'univers entier et ses vertiges ? ! ...

 

"Toute mon enfance se passa à la recherche de ce grand pot de confiture de radis bleus dont, pour m'humilier sans doute, on m'avait fait miroiter l'extrême douceur.

 

"En somme, je continue ma quête."

 

Allez rêver d'écrire après ça ! Allez vous dire que sur le quai, chaque jour, chaque soir, vous serez capable de traduire le temps qui passe. Qui passe au milieu des passants qui, parfois, s'arrêtent. Un temps. Le temps d'un instant. L'instant d'après, tout s'efface. Le temps, lui aussi, céde la place.

 

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