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6 mai 2019 1 06 /05 /mai /2019 09:37
Antoine-Augustin Parmentier. Montdidier, 1737 - Paris, 1813. © DR.

Antoine-Augustin Parmentier. Montdidier, 1737 - Paris, 1813. © DR.

 

Chez nous, on ne dit jamais

"J'ai la pêche" mais... 

"J'ai la frite"

"Punaise" mais...

"Purée"

"Cent briques" mais...

"Cent patates"

 

Equivalences linguistiques nécessaires

à la célébration de la pomme de terre,

Expressions populaires à la gloire de ce camarade Tubercule

Sans qui

Nos assiettes

Seraient bien muettes

Et nos estomacs souvent à la diète.

 

Chips type que ce Citoyen Parmentier

Qui a non seulement réformé

Nos habitudes alimentaires

Mais aussi

notre...

Vocabulaire.

 

 

© Jean-Louis Crimon

(Eloge de la pomme de terre)

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5 mai 2019 7 05 /05 /mai /2019 08:55
Amiens. Quartier Saint-Leu. © Jean-Louis Crimon
Amiens. Quartier Saint-Leu. © Jean-Louis Crimon

Amiens. Quartier Saint-Leu. © Jean-Louis Crimon

 

En ce temps-là

La purée ne s'appelle pas mousseline

Ma mère n'a pas encore appris

A speeder dans la cuisine

Pour faire pleuvoir le lait chaud

Sur des flocons déshydratés...

 

En ce temps-là

Nous ne savons rien de la purée virtuelle

En sachets individuels

Avec doseur !

Produit-sans-sel-ajouté

A-consommer-de-préférence

Avant-la-date-indiquée

Sur-le-dessus-du-paquet !

 

En ce temps-là

( Fin des années cinquante )

J'ai 10 ans

C'est le temps

Du rituel

De la manivelle

Du vieux moulin à légumes

Et des grappes de chair tendre

Des pommes de terre qui fument...

 

La purée était à la fois compacte et douce

Onctueuse comme une première neige

Une noix de beurre,

Un peu de lait,

Suffisaient

A donner vie

A cette purée magique...

 

On mangeait en douceur

Une purée blanche immaculée

Comme si l'on croquait l'hiver

A pleine dents

A pleine bouche gourmande.

 

- Qui en redemande ?

Pour toute réponse, d'un bon coeur,

Se levaient unanimes nos assiettes !

Pas gros le steak,

Mais la purée, ça cale,

Disait ma mère en riant...

 

Je riais tout autant,

Et ma soeur, et mon frère, et mon père

Copieusement !

 

Quand j'y pense

A ce temps-là

De cette purée rustique

Du temps d'autrefois

Je rêve qu'il neige

Dans mon assiette

Tous ces petits bonheurs minuscules

Des repas de mon enfance

 

Mais dans la file

Automobile

Des gens distraits

Je roule

Jusqu'au Supermarché de la ville

Faire provision de pommes dauphines

Et de purée mousseline...

 

Demi-tour, Chérie,

On rentre,

L'épicier du coin de la rue

A de vraies pommes de terre,

Si ce soir, aux enfants,

- On a le temps -

On leur faisait...

Une vraie purée.

 

 

© Jean-Louis Crimon

(Eloge de la pomme de terre)

 

 

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4 mai 2019 6 04 /05 /mai /2019 07:57
La râpe à pommes de terre. © DR.

La râpe à pommes de terre. © DR.

Un jour, c'est sûr

Je ferai un tube

Un super tube

Un tube géant, un méga tube

Un tube qui sera dans tous les hits

Un tube qui aura toujours la frite

Un tube, Ô purée,

A plus de 100 patates

Un tube à forcer le destin

Un tube à la gloire d'Antoine-Augustin

Un tube à jouer au tuba

Un tube à scander en rap

Un tube à danser le mashed potatoes

Le tube du tubercule

Tu poses et tu oses

Le rap de la râpe à pommes de terre

Un tube à se taper le cul par terre

Un tube à affoler les palais

Un tube à en frétiller des papilles

Un tube à en picorer la langue des filles

Un tube à goûter du bout des lèvres

Un tube à enflammer les plus mièvres

Un tube à déscotcher votre dentier

Un tube à la gloire de... PARMENTIER.

 

© Jean-Louis Crimon

(Eloge de la pomme de terre)

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3 mai 2019 5 03 /05 /mai /2019 07:17
Routes de pommes de terre buttées. © DR.

Routes de pommes de terre buttées. © DR.

 

 

Les soirs de juin,

au fond du jardin,

quand l'été est sec,

mon père écoute

pousser ses pommes de terre.

 

On peut,

c'est vrai,

les entendre,

si l'on sait s'y prendre,

si l'on sait avoir l'oreille.

 

La terre, gentille,

se fendille,

et craque sous la douce pression

des tubercules qui grossissent,

et les fanes, bien sûr, applaudissent !

 

Avez-vous jamais entendu les fanes applaudir

les tubercules qui s'épanouissent ?

 

Car les pommes de terre,

comme les chanteurs célèbres,

ont des fanes !

Je sais, ça ne s'écrit pas pareil

que les fans des chanteurs,

mais ça sonne pareil à l'oreille,

 

et moi, je suis fan des fanes

de pommes de terre,

quand mon père, planté bien droit

au milieu des routes

me dit : fiston écoute... 

 

Alors il siffle l'air,

extraordinaire,  

de la chanson des pommes de terre,

qui poussent, qui poussent,

et qui grossissent,

et les fanes applaudissent !

 

 

© Jean-Louis Crimon

(Eloge de la pomme de terre)

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2 mai 2019 4 02 /05 /mai /2019 18:18
La récolte des pommes de terre. 1879. © Jules Bastien-Lepage

La récolte des pommes de terre. 1879. © Jules Bastien-Lepage

Cher petit paysan,

 

Tu ne sais pas si c'est l'âge, le fait de vieillir, ou le fait de grandir en âge, - pour ceux qui, comme toi, n'aiment pas le verbe vieillir-, mais ces temps-ci te reviennent souvent des images, des idées, des mots, des paroles et des phrases, des bruits et des sons de ton enfance. Des odeurs aussi. L'odeur des pommes de terre grillées dans la vieille cocotte en fonte. Un mets de prince pour toi. Pommes de terre coupées en petits dés et cuites en douceur avec des petits lardons. Plat unique pour famille pauvre. Non, modeste, rectifie ta mère qui a toujours le sens de la nuance. 

 

Tu te souviens de ces douze poèmes écrits à la gloire du camarade tubercule ? celui sans qui ton assiette serait restée perpétuellement muette ! Indispensable éloge de la pomme de terre ! 

Tu as égaré ton cahier de brouillon mais tu les connais par coeur ces petits poèmes en prose ou en rimes. Tiens, - va savoir pourquoi ? - le premier qui te vient à l'esprit, c'est celui-là:    

 

 " Cuites sous la cendre, elles ont une saveur particulière, un goût indéfinissable, inégalable, elles sont un cadeau plus qu'un repas. Proust ne m'en voudra pas, cette pomme de terre toute chaude que mon père me glisse dans la main, avec sa croûte brune pareille à une croûte de pain qui aurait cuit dans le centre du ventre de la Terre, cette pomme de terre-là, avec son croquant, sa chair tendre, son goût sucré-cendré, c'est ma petite madeleine à moi, c'est un petit bonheur tout chaud à n'avoir pas peur de l'hiver et notre jardin, le paradis sur Terre. " 

 

12 poèmes inédits. Pourtant pas sans titre. Le titre est beau. Beau titre vraiment. Superbe titre. S'est imposé dès le début. Titre lumineux. Titre limpide. Un titre à faire des envieux.

Le titre, c'est : 

 

Poèmes de terre.

 

 

© Jean-Louis Crimon

(Eloge de la pomme de terre.)

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1 mai 2019 3 01 /05 /mai /2019 07:39
Amiens. Comédie de Picardie. 4 Oct. 2017. © Florence Crimon © Juliette Crimon
Amiens. Comédie de Picardie. 4 Oct. 2017. © Florence Crimon © Juliette Crimon

Amiens. Comédie de Picardie. 4 Oct. 2017. © Florence Crimon © Juliette Crimon

 

Haut comme trois pommes

Derrière la bêche de mon père

Je plante des pommes

Des pommes de terre.

 

On les dépose

Délicatement

Religieusement

Dans un petit lit rond

De terre fine

Par trois ou quatre

De quoi faire un beau pied

De pommes de terre.

 

Les pommes de terre

Nous sont familières

On a pour elles de la tendresse

Elles sont notre seule richesse

Notre seul revenu

La nourriture de toute l'année.

 

Comme dit mon papa

Le pain de ceux qui n'en ont pas.

 

 

© Jean-Louis Crimon

(Eloge de la Pomme de terre.)

 

 

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30 avril 2019 2 30 /04 /avril /2019 21:27
De l'art de la conduite de balle avant le dribble court. Contay. © Juliette Crimon

De l'art de la conduite de balle avant le dribble court. Contay. © Juliette Crimon

Pourquoi t'as pas botté en touche ? Au lieu de répondre direct à la question sur la vocation ? Au lieu de leur dire carrément NON. T'avais qu'à laisser filer. Comme les autres. La jouer un peu faux derche. Beaucoup faux-cul. Sans mentir vraiment. Que tu pensais que OUI, mais que tu avais besoin d'approfondir. Chez les Curés, la franchise est une bêtise. Dans ce milieu-là, tu sais, ou tu ne sais pas, ça buse et ça ruse. 

De l'art de la conduite de balle avant le dribble court, intérieur pied gauche, extérieur pied droit... ou l'inverse. T'avais qu'à transposer ta science du football à la mystique de la vocation future. 

Moralité : le Père Supérieur a brandi le carton rouge. Exclusion définitive. Même pas un petit coup franc à l'intérieur des 18 mètres. La surface de réparation n'a rien réparé du tout. Péno direct et sans gardien. Retour aux vestiaires. Retour au village. Si c'est pas dommage...

 

Deux années de purgatoire jusqu'au Certif'. Certificat d'Etudes Primaires qui, pour les curés du Petit Sém', serait ton seul Diplôme. Bien suffisant pour un petit paysan. 

 

© Jean-Louis Crimon

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29 avril 2019 1 29 /04 /avril /2019 07:50
Eglise de Contay. Enfant de choeur. 1957. © DR

Eglise de Contay. Enfant de choeur. 1957. © DR

Dès mes 7 ans - l'âge de raison - sur la pression de Tante Laure, que tout le monde considérait comme très pieuse, j'ai commencé ma carrière de petit enfant de choeur. Les réticences maternelles furent de peu de poids face aux arguments de la Tante. Marraine de mon père de surcroît. De sûre croix. Pour la Tante Laure, il y allait du salut de mon âme. Pour moi, en tout cas, Christ fils de Dieu ou pas, ce fut le début de mon chemin de croix. 

 

© Jean-Louis Crimon

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28 avril 2019 7 28 /04 /avril /2019 12:07
Amiens. Le serment solennel de la Profession de foi. Avril 1961. © DR.

Amiens. Le serment solennel de la Profession de foi. Avril 1961. © DR.

"Je jure fidélité à Dieu et je renie Satan pour l'Eternité". La phrase que l'on devait prononcer, solennellement, le bras bien tendu, à l'horizontale, et la main bien ouverte sur le livre Saint.

Dommage que mon voisin, dans un geste mal maîtrisé, donne l'impression de confondre le serment chrétien avec le salut fasciste. 

 

© Jean-Louis Crimon

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27 avril 2019 6 27 /04 /avril /2019 07:51
Classe de 6ème 2 de l'Abbé Guisembert. Année scolaire 1960-61. © DR.

Classe de 6ème 2 de l'Abbé Guisembert. Année scolaire 1960-61. © DR.

Au premier rang, assis en tailleur, de gauche à droite : Jean-Louis Crimon,  Christian Trefcon, Hervé de Bretagne... Ne me souviens plus des noms des autres. Paul Jeanson, fils du créateur du domaine du Marquenterre, doit être aussi au premier rang de cette photo. Possible qu'il soit en cinquième position. 

Que sont-ils devenus les élèves de cette classe de sixième 2 de l'année scolaire 60-61 du Petit séminaire d'Amiens ? Je n'en sais rien. Sont-ils tous devenus prêtres ? Pas si sûr. Quels métiers ont-ils exercé ? La vie professionnelle m'a fait croiser le chemin de Christian Trefcon, sérigraphiste renommé, qui m'a fait le cadeau de cette copie de la photo de classe. Photo de classe que mes parents n'avaient sans doute pas pu acheter. Je ne me souviens pas l'avoir vue dans les photos de l'album familial. Une boîte à chaussures en carton dans laquelle on rangeait soigneusement les photos où nous étions. 

Aucun des visages des deuxième et troisième rangs ne me parle. Incapable d'y mettre un nom ou un prénom. Ou alors peut-être, au troisième rang, Froissard. Bruno Froissard, le petit beau mec, qui bombe le torse, bras croisés, l'air plutôt satisfait. Devenu médecin, d'après ce que m'avait dit Christian Trefcon. 

Au dernier rang, dépassant les élèves d'une bonne tête, l'Abbé Guisembert, notre Professeur Principal qui était aussi  futés les curés, sacrément futés notre Confesseur. 

 

© Jean-Louis Crimon

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