© Jean-Louis Crimon Amiens. Fin des années 1970.
En ce temps-là, les murs avaient la parole. En ce temps-là, nous écrivions sur les murs. Because Les paroles s'envolent. On nous l'avait dit, parole, et on l'avait cru, parole. Sur parole. La parole s'envole. L'écrit reste. On écrivait, la nuit souvent et du reste, le scribe nocturne, fier de son geste, se cavalait sans demander son reste. En ce temps-là, on n'avait pas encore inventé le verbe taguer. On disait bomber. Comme bomber le torse. Pour se donner la rage. Pour se donner la force. Se donner courage. Hiéroglyphes militants. Slogans déroutants. Alphabet latin et mots français. Lettres capitales et message magistral.
Au fronton du bâtiment de la Sécurité Sociale : On perd sa vie à la gagner. Rue des trois cailloux, en guise de mauvaise herbe, ce pavé superbe: Vivre, c'est inhumain.