Une lettre signée Colette de Jouvenel pour plaider la cause de Mes Amis, le roman d'Emmanuel Bove. Lettre autographe signée, sur papier bleu garance, avec pour en-tête une adresse 69, Boulevard Suchet et un téléphone Auteuil 06.27 . Le document est intéressant, même s'il ne comporte pas de date précise: la lettre a vraisemblablement été écrite en 1924.
"Chère Madame, avez-vous lu le livre d'Emmanuel Bove, qui court sa chance auprès d'un jury dont vous êtes la plus belle jurée ? Ce livre est intitulée "Mes amis", et je vous défie de le feuilleter sans le lire tout entier.
"Cette misère de Victor Baton, c'est la misère de Bove. Mais seul son talent a le droit de compter. Donnerez-vous votre voix à Mes Amis ?
" Dans tous les cas, vous serez tentée de la lui donner. Je vous remercie quoi qu'il arrive, et je vous demande de me croire bien amicalement à vous.
Colette de Jouvenel
Colette défend ici avec un avec zèle certain cet ouvrage d'Emmanuel Bove, publié en 1924 chez Ferenczi. Mais Bove n'eut pas le Goncourt pour autant. Question: comment s'appelait cette Dame dont Colette affirme "vous êtes la plus belle jurée" ? Question subsidiaire : qui eut le Goncourt cette année-là ?
BOVE (Emmanuel), écrivain français (Paris, 1898-Paris, 1945)
Fils d'un père russe et d'une mère luxembourgeoise, découvert par Colette, admiré par Rilke, célébré par Beckett pour son "sens du détail touchant". On a pu dire de Bove qu'il était "le romancier de la défaite et de la misère intérieures, le peintre de la médiocrité à l'état brut". Relire impérativement Mes amis, 1924, Armand, 1927, Bécon-Les-Bruyères, 1927, Le crime d'une nuit, 1927, repris l'année d'après dans Henri Duchemin et ses ombres, 1928, mais aussi La Coalition, 1928, Petits Contes, 1929, Un homme qui savait, (La Table Ronde, 1985), et enfin Le Piège, 1945 et 1986 (La Table Ronde).