J'avais manqué la Bastille. Pouvais pas manquer le Bataclan. Mélenchon, superbe orateur. Mais pas seulement. Du sens dans le son. Des paroles dans la chanson. Fait plaisir à voir. L'intelligence est quand même plutôt de gauche. On ne m'ôtera pas ça de l'esprit.
En plus, comme un cadeau, croisé Guy Bedos, à la sortie. Venu "en ami". Cuir noir. Dégaine adolescente. Allure tranquille. En solitaire. Guy Bedos venu "écouter un confrère". Toujours cette incroyable malice dans le regard. Cette fraternité rare. Quelques dizaines de pas, côte à côte, Boulevard Voltaire. Lui et moi, devisant comme de vieux amis. "Non, vous ne me dérangez pas". Insolite. "Surtout, Monsieur, ne changez rien, tout est très bien". Insolite vraiment. Poignée de main fraternelle. En prime, ce regard, cette parenté soudaine. Cette complicité avec les mots de René Char, cités discrètement, mais avec une belle élégance, par l'un des premiers orateurs du début de la soirée:
"Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience."
René Char, poète français, né en 1907, à l'Isle sur la Sorgue. L'Isle sur la Sorgue, là où Renaud a sa maison.