On n'imagine pas combien Flaubert a souffert pour mener à bien son Bouvard et Pécuchet. Au mois de mars 1880, Gustave croit enfin toucher au but : il commence le dernier chapitre du premier volume. Mais il meurt, sans l'avoir achevé, le 8 mai 1880. Le second volume devait comprendre le dossier de la bêtise humaine dont fait partie le Dictionnaire des idées reçues.
Extrait d'une lettre à George Sand : "Je lis maintenant des livres d'hygiène. Oh ! que c'est comique ! Quel aplomb que celui des médecins ! quel toupet ! quels ânes, pour la plupart ! Je viens de finir la Gaule poétique du sieur Marchangy. Ce bouquin m'a donné des accès de rire." Correspondance, IV, p.195.
Dans une lettre à Mme Roger des Genettes, Correspondance, IV, p.206, Flaubert raconte :" Dans une quinzaine, je m'en retourne vers ma cabane, où je vais me mettre à écrire mes deux copistes. La semaine prochaine, j'irai à Clamart ouvrir des cadavres. Oui ! Madame, voilà jusqu'où m'entraîne l'amour de la littérature."
Dans le courant de l'été 1874, Flaubert écrit à George Sand qu'au court d'un petit voyage en basse Normandie il a découvert "sur un plateau stupide" un endroit propice à loger ses deux bonshommes, "entre la vallée de l'Orne et la vallée d'Auge". Flaubert explique : "J'aurais besoin d'y retourner plusieurs fois. Dès le mois de septembre, je vais donc commencer cette rude besogne. Elle me fait peur et j'en suis d'avance écrasé."
Au mois de juillet de cette même année 1874, Flaubert, pris de syncopes et d'étouffements, est envoyé au Righi, où il ne reste que trois semaines, et dès sa rentrée il écrit à Edmond de Goncourt : "A mon retour ici, j'ai enfin commencé mon roman, lequel va me demander trois ou quatre ans. J'ai cru d'abord que je ne pouvais plus écrire une ligne. Le début a été dur. Mais enfin, j'y suis, ça marche, ou du moins, ça va mieux."
Le 2 décembre 1874, il écrit à George Sand : "Dans un mois, j'espère avoir fini avec l'agriculture et le jardinage, et je ne serai qu'aux deux tiers de mon premier chapitre."
L'ouvrage que je feuillette, à l'ombre des platanes du quai de la Tournelle, porte en titre Bouvard et Pécuchet, Oeuvre Posthume. C'est une édition de 1923. Le tome Bouvard et Pécuchet fait partie des Oeuvres Complètes de Gustave Flaubert. L'Editeur, Louis Conard, précise : La présente édition définitive des Oeuvres de Gustave Flaubert a été tirée par l'Imprimerie Nationale en vertu d'une autorisation de M. Le Garde des Sceaux en date du 30 janvier 1902. Il a été tiré de cette Edition 50 exemplaires numérotés sur papier de Chine.
Mon exemplaire est en papier ordinaire. En bas de page, cette dernière précision du Libraire-Editeur Louis Conard : Le texte de cette édition est conforme à celui de l'édition originale, Paris, 1881. Alphonse Lemerre, éditeur. Avec addition des notes et du Dictionnaires des idées reçues.
Depuis toujours, dans les livres, je suis curieux des notes en bas de page. Insignifiants messages que l'on vous délivre. Doctes anecdotes. Comme pour mieux aider le lecteur à survivre.