Sur mon exemplaire de Pain de soldat (1914-1917), roman publié en avril 1937 chez Bernard Grasset, Henry Poulaille a écrit de sa main : "il n'est pire pain que celui de soldat". Comprenne qui voudra. L'exergue de ce roman est suffisamment éloquent. Le relire souvent :
A la mémoire de mon oncle, Henri Spiller, "forte tête", tué.
A Roger Weil, mon frère de trou et à mes camarades du 5e chasseur.
A mon ami d'enfance Robert Laurent et à tous ceux qui ont fait la guerre sans avoir rien à défendre et pour rien.
A Pierre Monatte et à travers lui aux quelques rares hommes qui pendant la guerre furent contre la guerre.
Et aussi à Romain Rolland, qui était alors "au-dessus de la Mêlée".
De Poulaille, qui fut un temps bouquiniste, il faut tout relire. Dans l'ordre ou le désordre. Ils étaient quatre, Ames neuves, L'enfantement de la Paix, Charles Chaplin, Le Train fou, Le Pain quotidien et Les Damnés de la Terre. Ne pas oublier pour autant Il était une fois..., curieusement sous-titré Livre de lecture pour les enfants qui ne veulent pas apprendre à lire.
Pain de soldat se compose de deux tomes. Tome I : Pain de soldat. Première partie : Le Pain blanc en premier, qui comprend L'arrière civil à Paris, (fin juillet 1914 à début août 1916), L'Arrière militaire, (Août 1916 à mai 1917), L'Arrière militaire, en deux parties, La caserne et Le centre d'instruction. La deuxième partie du Pain de soldat porte en titre La mort au jour le jour. Cette deuxième partie traite du Front et du Chemin des Dames. Entre parenthèses, Poulaille précise Les Mutineries, puis indique De Craonne à Malmaison. Mai 1917 à fin octobre 1917.
Tome II de Pain de soldat : Les rescapés. Trois parties et un épilogue au titre sans équivoque: Les Lauriers sont coupés et cette précision, si besoin était, La rentrée dans la vie, Juin-Juillet 1919. Titres des trois parties des Rescapés : Première partie Les Rescapés, Ambulances et hôpitaux (fin octobre 1917 à février 1918), deuxième partie : Les"Hors La Gloire", L'Arrière du front, L'Alsace reconquise, (Mars 1918 à début 1919, Troisième partie : L'enfantement de la Paix, La démobilisation, La recherche du travail, Les déboires des "vainqueurs", (début 1919 à fin mai 1919).
Pain de soldat est une véritable fresque de la première guerre mondiale, celle de 14-18, celle qui devait être la "der des der", par la volonté première et dernière de ceux qui l'avaient faite. Mon exemplaire de Pain de soldat / Les Rescapés a été Achevé d'impimer Le 29 Octobre 1938 par l'Imprimerie Floch à Mayenne (France). Octobre 38, septembre 39. Moins d'un an après, on remettait ça et tout le monde comprenait que 14-18 ne serait jamais la "der des der".