Quand il vente,
Pas une vente !
Quand il pleut,
Un livre ou deux !
Ciel gris,
Pas un radis !
Ciel bleu,
Queue leu leu !
Quand les passants, flâneurs, chineurs, rêveurs, se font attendre, quand le jour est trop tendre, le dimanche après-midi souvent, quand les fidèles de la Tournelle s'attardent à la Tour d'Argent, ou chez Vincent, quand d'autres s'assoupissent, en famille, à la table du repas dominical, ou choisissent de prendre l'air par la balade au Jardin des Plantes, le bouquiniste, lui, pour passer le temps, s'amuse à "bouts rimés". Même si ça rime à pas grand chose. Même si ça rime à rien. Même si ce ne sera jamais la chanson de Verlaine qui s'en viendrait retutoyer la Seine ...
Poète, non pas, chanteur, à peine, parleur. Parleur de "mots-paroles" qui font silence, parleur de "mots-musiques", parleur de "mots-bourlingueurs" qui restent à quai, parleur de "mots-fugueurs" qui taillent la route, parleur de fausses certitudes qui, sans doute, finissent dans le doute, parleur de mots simples qui s'habillent en dimanche, parleurs de mots de semaine qui feraient bien la manche, bouquiniste-journaliste qui commente à sa façon l'actualité, le temps qui passe et le temps qu'il fait. Puis chantonne à nouveau sur un air ancien des idées neuves:
Qu'il vente ou qu'il pleuve,
Pas de pensées malsaines,
Pas d'idées obscènes
Pas de mise en scène,
Pas de discours fleuve,
Qu'on s'en balance
Ou qu'on s'en souvienne,
Qu'on s'en tape
Ou qu'on s'en émeuve,
Qu'on fasse la clape
Ou qu'on se retienne,
Juste une chanson...
A peine ancienne
Chanson à la Seine,
La mienne
Ou plutôt ... la sienne !