Les soirs de juin, au fond du jardin, quand l'été est sec, mon père écoute pousser ses pommes de terre. On peut, c'est vrai, les entendre, si l'on sait s'y prendre, si l'on sait avoir l'oreille. La terre, gentille, se fendille, et craque sous la douce pression des tubercules qui grossissent, et les fanes, bien sûr, applaudissent ! Avez-vous jamais entendu les fanes applaudir les tubercules qui s'épanouissent ? Car les pommes de terre, comme les chanteurs célèbres ont des fanes ! Je sais, ça ne s'écrit pas pareil que les fans des chanteurs, mais ça sonne pareil à l'oreille, et moi, je suis fan des fanes de pommes de terre, quand mon père, planté bien droit au milieu des routes de pommes de terre, me dit: fiston écoute ! Alors il siffle l'air, extraordinaire, de la chanson des pommes de terre, qui poussent, qui poussent, et qui grossissent, et les fanes applaudissent !