Il y a des jours, sur le quai, c'est vraiment zéro. Zéro euro. Que dalle. Même pas dix euros pour casser la dalle. Déprimant. Désespérant. Mon dernier bouquin vendu, ou plutôt à vendre, je l'ai... donné ! Pas un radis, j'vous dis ! Pas un radis rose. Pas un radis rouge. Pas un radis vert. Au sortir de l'hiver. Du coup, sur le banc, banc public, pas loin de mes boîtes, je relis, mais oui Les Radis bleus. Publié au dé bleu, en 1990. Auteur: Pierre Autin-Grenier. J'adore. Les textes. L'homme. L'écrivain. Le poète. L'auteur de nouvelles. Le chroniqueur. Un type, j'en suis sûr, au bon coeur.
Page 9, je partage avec vous, cette manière de dire, cette façon d'écrire. Moi qui blogue, ou qui voudrait bloguer, tous les jours, je prends ma dose d'humilité. D'amour aussi. Ecoutez plutôt.
" Le temps qu'il faut pour faire une phrase ! S'imaginer capable d'en faire une chaque jour... Délire d'orgueil ! Folie de poète, peut-être...
"Ou, plus vraisemblablement, attrait du vide; volupté de l'échec pressenti comme certain.
"Et qui prendrait avantage ensuite à la découverte de ton rien-du-tout quotidien; à tes sentances raides autant que dérisoires portées d'un coin de chambre, pantoufles aux pieds, sur l'univers entier et ses vertiges ? ! ...
"Toute mon enfance se passa à la recherche de ce grand pot de confiture de radis bleus dont, pour m'humilier sans doute, on m'avait fait miroiter l'extrême douceur.
"En somme, je continue ma quête."
Allez rêver d'écrire après ça ! Allez vous dire que sur le quai, chaque jour, chaque soir, vous serez capable de traduire le temps qui passe. Qui passe au milieu des passants qui, parfois, s'arrêtent. Un temps. Le temps d'un instant. L'instant d'après, tout s'efface. Le temps, lui aussi, céde la place.