Paris. Octobre 2012. © Jean-Louis Crimon
C'est comme ça. On les regarde à peine. S'en donnent, pourtant, de la peine. On ne les voit pas. Ou si peu. Ils construisent la ville. Ils portent des habits de couleurs. Mais à nos yeux, ils sont transparents. Clowns dérisoires de la perpétuelle mise en scène urbaine. Pour les promotteurs, la bonne aubaine. La chose dure des semaines, des mois, des années.
Un jour, ils démontent le décor. Inversent les rôles. S'en vont installer ailleurs leur châpiteau de tôles. Le cirque continue. Sans eux.
Ailleurs, ils partent écrire une histoire semblable. Des centaines, des milliers de mètres cubes de sable, du ciment, du béton, de la ferraille. La vie duraille. Sans que ça déraille. Le tour est bien rodé. Comme sur un coup de dés. A l'horizon, déjà, sur ciel d'azur, du siècle, les nouvelles masures. De nouveaux immeubles. Pour que le citadin soit bien dans ses meubles.
Un beau matin, à nouveau, ils plient bagage. Démontent les échafaudages. S'en vont poursuivre ailleurs le voyage. Emportent tout sur leur passage. Font place nette. Ne laissent rien derrière eux. Pas le moindre morceau de ferraille. Le moindre boulon. Le moindre clou. Sauf un. Un seul.
Le clou du spectacle.