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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 00:27

© Jean-Louis Crimonovermort


 Ce soir-là, j'ai cru que la faucheuse faisait ses emplettes. La dame en noir a surgi de je ne sais où. Elle s'est mise à marcher droit vers moi. Je l'ai laissée venir sans montrer quoi que ce soit. Elle ne m'a pas vraiment fait peur. J'ai fait mine de regarder ailleurs. Tout en gardant un oeil sur elle. Méfiance légitime. On sait jamais sur qui va tomber la faux ou la faucille. Poursuivant sa route, elle est passée devant moi. Comme si je n'existais pas. Grand bien lui fasse. J'ai cédé la place. La chanson m'est venue en en clin d'oeil. De la mort, sans effort, j'ai fait mon deuil.

 

 

 

              Never mort

 

Mercredi soir, dans ma ruelle,

Je croise, bizarre, la dame en noir,

Rencontre curieuse et cruelle,

Pour un humain broyant du noir... 

 

Quand on la cherche, elle vous appelle,

Quand on la croise, elle vous toise,

Des mourants, y'en a à la pelle,

J'fais pas la taille sous la toise...

 

Mon excuse n'en est pas une,

Pour être allongé à jamais,

La taille importe peu, chacune

Aura sa bonne boîte, mais...

 

Faut-il encore que Dame la mort

Arrive à me convaincre,

Que c'est le jour, pour mon corps,

De rendre l'âme et de vaincre...

 

La peur de ne plus jamais être,

La trouille de faire le grand saut,

La crainte absurde de disparaître,

De succomber au dernier assaut...

 

L'a pas très chaud dans son paletot,

Je lui file une tape dans le dos,

Je lui dis : l'est encore trop tôt,

La mort, t'as vu ma gueule d'ado...

 

C'est comme ça, la vie, faut faire face,

Si t'as vraiment envie d'être en vie,

La mort se barre, la mort s'efface,

De son chemin, forcée, elle dévie...

 

A grands pas, vite, elle se sauve,

Elle aime pas trop qu'on la dérange,

Mais elle vous laisse la vie sauve,

Son métier est parfois bien étrange...

 

Si t'as très envie d'être en vie,

Si ta vie n'est pas assouvie,

Sûr, la mort s'en va voir ailleurs,

Si, pour elle, y'a des jours meilleurs...

 

Assis sur le banc des vivants,

Je me réjouis d'avoir pris les devants,

C'est pas pour cette fois, Madame,

Qu' tu m'boufferas ma part de macadam ...

 

                                Jean-Louis Crimon    

                               (La Chanson amère)

 

 

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commentaires

S
Beau à pleurer ce texte mais j't assure à Capri on oublie que la mort existe parce qu'on rit aux larmes.

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