Tu rêves d'écrire. Tu veux écrire. Tu crois pouvoir dire, traduire, décrire, ou d'écrire, avec des mots le monde, ton monde. Note, prends des notes. Ne laisse pas les pensées, les idées, les songes, les rêves, les lubies, qui te traversent l'esprit, s'évanouir, à peine venues. Sinon, gare aux déconvenues. Fixe dans l'instant. Le "plus tard" est souvent jamais,"plus jamais". Jamais ne revient la phrase comme elle vient. La première forme est souvent la meilleure. Garde-là dans un coin. De ta tête ou de ton pense-bête. La première formulation a toujours le ton. On ne le sait qu'après. Après toutes les autres tentatives. Peaufine, rabote, rature. Cent fois sur le métier, remets ton ouvrage. Boileau dixit. Soigne la chute et l'incipit. Parfois, arrache tout et recommence. Le style, on s'en balance. C'est ce qui reste à la fin. La toute fin. Quand tu as enfin réécrit, modifié, transformé, barré, raturé, effacé, tout ce qui était en trop. De trop. Ne jette rien. Reviens parfois aux premiers mouvements. Aux premières esquisses. Aux notes manuscrites arrachées. Au débuts raturés et reraturés. N'oublie pas ce que tu sais, ou ce que tu as vu, des manuscrits de Balzac et de Proust. Toujours et encore, et enfin, "lis tes ratures" ! C'est juste ça l'écriture.