Quand je regarde les mains de mon père
Je me dis que ces mains-là
Sont toutes les leçons de philosophie
Que je cherchais en vain dans les livres
Quand je regarde les mains de mon père
Je me dis qu’elles sont aussi
Le prix des peines acceptées
Et des révoltes contenues
Parfois je les vois deux poings forts,
Capables de frapper la tête des gouvernants
Mais quand je regarde les mains de mon père
Je vois que les poignets sont encore rouges
Des chaînes qu’il lui a fallu porter
Et je me demande sans comprendre
Pourquoi il n’aspire qu’à se taire
Et comment il a pu tant accepter
Je sens qu’au fond de moi la révolte gronde
Je sais pourquoi je veux la fin du vieux monde
Alors que mon père me pardonne
De ne pas seulement rêver de liberté
Alors que mon père me pardonne
S’il apprend qu’un fils d’esclave s’est révolté.