Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 18:30

 

Les Femmes de Rimbaud, c'est le titre d'un joli petit livre de Jean-Luc Steinmetz. Ouvrage composé en Bodoni corps 11 par les Ateliers Graphiques de l'Ardoisière. Achevé d'imprimer par l'Imprimerie Floch à Mayenne le 16 août 2004. Pour le compte des éditions Zulma. La première édition de ce petit livre à la couverture bleue a été publiée en 2000. Professeur à l'université de Nantes, Jean-Luc Steinmetz aborde, tout au long de quelques 130 pages, un aspect sinon méconnu, du moins souvent délaissé, voire ignoré, par nombre de ceux qui ont écrit sur Jean-Arthur.

 

La préface, page 9 et page 10,  dit assez  bien l'angle choisi par Steinmetz. Elle donne vraiment envie de découvrir, ou de redécouvrir, ce Rimbaud entrevu côté femmes. Ecoutez plutôt:

 

"L'homosexualité de Rimbaud semble chose admise. Quant aux relations conflictuelles ou complices qu'il entretint avec sa mère ou ses soeurs, Vitalie et Isabelle, elles ont fait couler beaucoup d'encre. Peut-être trop ! Mais on a vite oublié que Rimbaud dans son oeuvre évoque à maintes reprises des femmes - et cela dans des termes qui sont loin d'être uniquement satiriques et négatifs; de même, il n'est pas dit que la présence bien réelle de femmes (ou de jeunes filles) n'ait pas marqué passagèrement certains temps de son existence.

 

" Le titre de ce livre est donc moins provocateur qu'il n'y paraît, puisque, loin de m'égarer dans des opérations romanesques douteuses, j'ai choisi d'observer avec rigueur aussi bien des figures féminines décrites ou suggérées dans les textes que les quelques vraies femmes que laissent deviner plusieurs documents (témoignages ou lettres).

" Si les "alertes fillettes" des premiers poèmes se dégradent vite en risibles "petites amoureuses", il n'en demeure pas moins que le Rimbaud communard dénonce "l'infini servage de la femme" et que ses Déserts de l'amour constituent un admirable carnet de jeune homme rêvant à des partenaires féminines, tout comme les poèmes en prose de ses Illuminations réinventent de fabuleuses entités de l'autre sexe.

 

"La vie de Rimbaud fut également aimantée d'énigmes à visages de femmes : "camarades", "mendiantes", mystérieuses rencontres - qu'elles aient pour nom Blanche, Henrika, la veuve de Milan ou Mariam l'Abyssine, autant de compagnes hypothétiques trop souvent passées sous silence par les spécialistes eux-mêmes.

 

"Les Femmes de Rimbaud ne souhaite pas détruire l'image bien connue du poète homosexuel, mais cherche à montrer que, loin d'être pour lui un objet de répulsion ou de mise à l'écart, la femme représenta une réalité (et une fiction) parfois attirante, parfois ironisée. Tenir compte de cette réalité tend à modifier la perception que nous avons de lui et permet de comprendre mieux ses contradictions, son projet, son existence."

 

Deux bonnes heures de lecture. Vrai bonheur. Le livre refermé, ça m'a donné envie de relire Première Soirée. Vous vous souvenez...

 

- Elle était fort déshabillée

Et de grands arbres indiscrets

Aux vitres jetaient leur feuillée

Malinement, tout près, tout près.

 

Assise sur ma grande chaise

Mi-nue, elle joignait les mains

Sur le plancher frissonnaient d'aise

Ses petits pieds si fins, si fins.

 

- Je regardai, couleur de cire,

Un petit rayon buissonnier

Papillonner dans son sourire

Et sur son sein, - mouche au rosier.

 

- Je baisai ses fines chevilles.

Elle eut un doux rire brutal

Qui s'égrenait en claires trilles

Un joli rire de cristal.

 

Les petits pieds sous la chemise

Se sauvèrent : "Veux-tu finir !"

- La première audace permise

Le rire feignait de punir !

 

- Pauvrets palpitants sous ma lèvre,

Je baisai doucement ses yeux :

- Elle jeta sa tête mièvre

En arrière : "Oh ! c'est encor mieux ! ...

 

" Monsieur, j'ai deux mots à te dire..."

- Je lui jetai le reste au sein

Dans un baiser, qui la fit rire

D'un bon rire qui voulait bien...

 

- Elle était fort déshabillée

Et de grands arbres indiscrets

Aux vitres jetaient leur feuillée

Malinement, tout près, tout près.

 

C'est beau, Rimbaud. Rimbaud célébrant le féminin. Malinement, tout près, tout près. Rimbaud célébrant reins beaux

 

Partager cet article
Repost0

commentaires