© Jean-Louis Crimon Amiens. 9 Juillet 1981. Saint-Leu. Bras de la Somme.
Le gamin a sauté. J'ai appuyé. C'est l'été. Il fait chaud. Très chaud. Temps de l'argentique. Ce n'est qu'au développement que je me suis aperçu de ma "réussite". Une part de chance. Une part d'anticipation. Un bon coup d'oeil. Un sens du cadre. La photo.
Les avant-bras se sont déjà enfonçés dans l'eau. La tête est comme posée à la surface. Aucune onde ne témoigne de son contact avec l'élément liquide. C'est magique. Une fraction de seconde trop tôt et il n'y a rien. Rien d'intéressant. Une fraction de seconde plus tard et il n'y a plus rien. Plus rien d'intéressant. La photo, c'est cet intervalle dans du temps qui dévale. C'est un instant arrêté dans du temps qui file. C'est la vie qui défie la vie qui défile.
A part ça, c'est aujourd'hui la Saint-Fiacre. Je me souviens d'un grand oncle, grand plaisantin, qui aimait à faire, chaque année, avec une voix à la Louis Jouvet, sa rituelle plaisanterie très datée : C'est aujourd'hui la Saint-fiacre, si vous avez un Fiacre parmi vos proches, ne ratez pas le coche !
On riait de bon coeur à l'ombre des tilleuls de la grand place. Plus par habitude que pour le trait d'esprit. Qui était, d'année en année, un peu trop... téléphoné.