De belles rencontres et de belles conversations cet après-midi encore, mais une seule vente. Koenigsmark, le premier roman de Pierre Benoit. Publié pour la première fois en 1918 et qui manquera de peu le Goncourt. Mon édition est plus tardive, Emile-Paul Frères,1931. Le livre de ma jeunesse, commente l'homme qui s'est arrêté à hauteur de l'ouvrage, s'en empare, le serre contre son coeur, sans même négocier le prix. A l'intérieur, une jolie dédicace, avec cette date "13 septembre 1933": A mon Raymond bien aimé. Dédicace signée "Claire". Simplement. Je la fais lire au nouveau propriétaire du livre de Pierre Benoit. L'homme sourit. D'un beau sourire. Empreint d'émotion et de pudeur mêlées. Je remarque qu'il porte une petite croix discrète au revers de la veste de son costume gris. Un prêtre. Il relit la dédicace à haute voix et commente: elle devait bien l'aimer, son Raymond, cette Claire. Puis il ajoute, avant de s'effacer: notez que si la dédicace était de Pierre Benoit, l'ouvrage vaudrait au moins dix fois son prix ! Un lecteur qui sait si bien la différence entre la dédicace d'un lecteur, ou d'une lectrice, et l'envoi d'un auteur, mérite le respect. Par les temps qui courent, c'est une espèce en voie de disparition.