Pas une semaine sans qu'une passante, un passant, ne s'opposent, souvent avec une violence verbale incroyable, à la photo. Le bouquiniste est aussi photographe. C'est son droit. Le quai est un endroit fabuleux pour la photo. Un espace public. Où souvent d'ailleurs, à son insu, à la dérobée, le touriste, qui a tous les droits, ou qui le croit, photographie, lui, le ... bouquiniste photographe.
Le passant, la passante, se baladent dans l'espace public. Le quai, les quais de Seine. L'un des endroits les plus touristiques de Paris où tout le monde photographie tout le monde. Nous ne sommes pas dans la sphère privée, pas davantage dans une atteinte à la vie privée. Pourtant, le passant, mécontent, ou la passante, agaçante, argumente, l'un et l'autre convaincus de leur bon droit: mon droit à l'image !
Non sans humour, le photographe répond, lui aussi, mon droit à l'image ! Le droit à l'image photographique. Le droit de photographier. Le droit d'être photographe. "Effacez-moi ça tout de suite", intime, sublime, la passante, effacez, ordonne, menaçant, le passant. Le numérique a bon dos. C'est sa force et sa faiblesse. On peut effacer l'image contestée. Souvent, d'ailleurs, le photographe s'exécute. Pour avoir la paix. Mais cette exigence du passant, ou de la passante, au nom du sacro-saint droit à l'image, n'est-ce pas au fond un abus de pouvoir ? En invoquant cette loi de 72 destinée à protéger la vie privée des citoyens. Autre question: a-t-on le droit de parler de "vie privée" sur l'espace "public" ? L'avis d'un juriste spécialisé dans le droit à l'image serait précieux. Sur le quai, ou ailleurs, on est demandeur. Il en va tout simplement du droit à être... photographe. A se rêver Doisneau.
C'est vrai, au fond, Doisneau, aujourd'hui, il ferait comment ?