© Jean-Louis Crimon Paris, Grand Palais. Avril 2010.
La mort m'attend, comme une vieille fille
Au rendez-vous de la faucille
Pour mieux cueillir le temps qui passe...
Les mots de la chanson de Jacques Brel dans la tête depuis ce matin... Pour mieux me rappeler, sans doute, que l'éternité de l'instant ne pèsera que peu de poids à... l'instant de l'éternité.
Je repense à cette photo du Grand Palais. L'année où était montrée, pour la première fois, une photo inconnue de Rimbaud. Photo contestée. Mais considérée comme l'une des dernières photos de Jean-Arthur, négociant en armes devenu. Photo sépia.
Pendant longtemps, il ne se passe rien. Les visiteurs processionnent jusqu'à la photo censée représenter Rimbaud.
Commentaires à voix basse comme dans un petit sanctuaire. Silence recueilli. Photos permises mais sans flash.
Soudain, tout bascule. Instant magique. Le gardien de l'endroit où est exposée cette photo inédite, s'approche de l'encadrement de la porte. Prend appui sur son bras gauche. Symétrie presque parfaite avec la mort de l'affiche entrevue par l'autre ouverture. Scène incroyable. Mimétisme absolu. La mort. La vie. Côte à côte.
J'ajuste. Juste le temps d'un instant. Le gardien relève la tête et me regarde. Je crains le pire. J'ai vu la photo avant de la prendre. Je cadre l'ensemble et je détourne ostensiblement mon regard vers le squelette de l'affiche. Histoire de laisser croire au gardien que de lui, je me fiche. Que mon intérêt est ailleurs. Histoire de brouiller les pistes. Cette fois, je prends. Le son du Leica ne me trahit pas. Travail d'artiste.