Il passe entre les mains des bouquinistes des ouvrages souvent très semblables. A un petit détail près. Suffit d'avoir l'oeil. J'ai chez moi plusieurs exemplaires de La Jument verte, célèbre roman de Marcel Aymé. Publié chez Gallimard, en 1933, la Jument vaut dès le départ à son auteur un incroyable succès: il y a ceux qui adorent et qui saluent un comique ironique et un humour rabelaisien et ceux qui s'indignent devant le texte d'un auteur quelque peu "licencieux". La Jument, roman. Or, sur une réédition tardive, du dix-neuf juillet 1957, très semblable aux précédentes et annoncée 347e édition, sous le titre La Jument verte, est imprimé, de façon fautive, le mot nouvelles. La page 5, qui reprend exactement la mise un page de la couverture, indique pourtant roman. Il y a donc contradiction flagrante entre la couv', la couverture, et sa reprise en page intérieure.
Question : est-ce l'erreur, la négligence, d'un ouvrier du livre distrait ou le clin d'oeil voulu d'un auteur facétieux ? Marcel Aymé voulait-il, en 1957, que sa Jument verte de 1933 soit désormais présentée comme un recueil de nouvelles, et non plus comme un roman ? Thèse peu probable. Les ouvrages fautifs - combien d'exemplaires ?- ont-ils, pour la plupart, terminé leur carrière au pilon ? Combien ont survécu ? J'en possède au moins un. Preuve de l'épreuve fautive. Bienvenue aux lecteurs curieux qui feront, ou qui ont déjà fait, cette découverte insolite !