De qui parlait Mallarmé quand il disait "le piéton improbable" ? Non, ce n'est pas "le piéton improbable", l'expression Mallarméenne, c'est le "passant déconcertant". Non, ce n'est pas ça non plus. Passant, sans doute, mais pas déconcertant. Plus fort que déconcertant. Plus beau aussi. Plus aérien. Plus léger. "L'homme aux semelles de vent" ? Non, pas davantage. "L'homme aux semelles de vent", ce n'est pas de Mallarmé.
Ce soir, je pense à lui, à cet homme là, et je pense aussi à Isidore Ducasse, alias Lautréamont, auteur des "Chants de Maldoror", l'un de ses contemporains, mort trop jeune, lui aussi, mort en 1870. Ça y est, j'ai trouvé, c'est "Le passant considérable". Oui, sûr, j'en suis sûr, ce sont les mots de Mallarmé pour évoquer Arthur. Pour définir Rimbaud. "Le passant considérable", je ne trouve rien de plus beau. Je sais, le dire aujourd'hui n'est pas très original. Mais Dieu que c'est beau, cette définition de Rimbaud. "Le passant considérable". Soit dit en ... passant.