© Jean-Louis Crimon Scène Champêtre. Emmanuel Bellini.
"Victor Hugo a fréquenté le Mont de Piété au 19ème siècle". Quand j'ai lu ça sur le nouveau prospectus du Crédit Municipal de Paris, ça m'a fait sourire. Entrer dans la famille de Victor Hugo, même de cette façon, j'ai trouvé ça pas mal. Hugo, je le sais, est plus célèbre que moi. Depuis toujours et pour bien longtemps encore. Comme écrivain, y'a pas photo ! Le génie, le talent, c'est lui, moi, je suis un... misérable !
Mais bon, qu'il ait emprunté, lui, le même chemin que moi, pour gager quelque objet de valeur, et emprunter un peu d'argent, en des temps, pour lui, difficiles, ça m'a donné comme un peu de baume au coeur. Je ne sais si, dans cet emprunt, il a laissé son empreinte, mais je me plais à le penser. J'ai mis mes pas dans ses pas et de nous deux, lui, est le seul qui ne le sait pas.
Je suis arrivé au 55 de la rue des Francs-Bourgeois parmi de plus bourgeois que moi. De plus riches, vraiment. De plus désargentés aussi. Tout est relatif. J'ai reçu le semaine dernière une lettre de "Ma Tante". Puisque qu'il faut bien l'appeler comme ça, "Ma Tante" ! La lettre, datée du 29 mai 2012, disait :
"Monsieur, Nous vous informons que votre contrat de Prêt Sur Gage n°11028965X du 20 juin 2011 va arriver à échéance le 20 juin 2012, date à laquelle vous pourrez régulariser votre compte, soit par un dégagement en réglant à nos guichets la somme de 156 euros, en prenant soin de présenter obligatoirement votre pièce d'identité ainsi que l'original de votre contrat et la présente lettre, par chèque de banque établi au nom de l'Agent Comptable du Crédit Municipal de Paris ou par carte bancaire ou en numéraire, si la somme due est inférieure à 3000 euros, soit par un renouvellement en réglant la somme de 6 euros"
Le dernier paragraphe de la lettre de "Ma Tante" se terminait par :
"Nous vous rappelons l'importane du respect de la date d'échéance car, conformément aux textes qui régissent le PRÊT SUR GAGES, les objets gagés correspondant à un contrat de prêt échu et impayé sont vendus aux enchères publiques."
La formule de politesse était classique :
"Nous vous prions de croire, Monsieur, à l'assurance de notre considération distinguée."
J'ai attendu huit jours et je suis allé chez "Ma Tante" reprendre possession de mon bien. De mon Bellini. Leur laisser, que nenni. J'ai payé la somme demandée. 156 euros. Bellini dort ce soir chez moi. C'est beaucoup mieux comme ça. Cette Scène Champêtre est faite pour moi.
© Jean-Louis Crimon
A relire, si ça vous dit, ma chronique du 20 Juin 2011. Celle du jour où je suis allé confier "mon Bellini" à "Ma Tante"...