© Jean-Louis Crimon Paris. Avenue de Ségur.
Sur le quai, on en entend de toutes les couleurs. Surtout ces derniers temps, d'aillleurs. La campagne à la ville, c'est inattendu. La campagne pour la Présidentielle, s'entend. Dans deux mois, c'est vrai, nous y serons presque. La campagne vue du quai, je m'étais dit que ça devait être un point de vue intéressant. Les gens qui aiment les livres, ça se livre facilement. Mais je ne pensais pas entendre ce que j'entends. On en entend de toutes les couleurs. Des vertes et des pas mûres. Parfois des mûres, bien mûres. Parfois même un peu trop mûres. Des blettes. Des blettes, pas vraiment des ablettes. Des blettes à ne pas mettre dans toutes les tablettes. Des franchement avariées. Qui ne varient pas. Toujours dans le même registre. Plutôt du côté de l'extrême. Quand les nantis jouent les antis, ça n'est jamais très gentil.
Pas le physique de l'emploi. Ce genre de phrases a le don de me mettre hors de moi. D'abord, ce n'est pas un emploi. Pas un métier. Et puis, on en a connu, des qui "physiquement, ça l'faisait pas trop" et qui très vite sont parfaitement entrés dans le costume. Aujourd'hui, on les cite en exemple. On oublie simplement tout le mal qu'on a pu dire d'eux quand ils n'étaient que candidats.
Il a pas le physique ! Franchement, ça me scie, ça m'énerve, ça m'agace, ça me gonfle. Comme s'il fallait juste avoir une gueule, une tronche, être bien gaulé, bien foutu, bien bâti. Sans oublier ceux qui se gaussent à la Laurent Gérra de "Porcinet sudoripare ". Le sortant -même si ça n'a pas transpiré- transpire aussi.
Les gens qui jugent les gens sur leur physique sont de pauvres gens. De tristes sires, même en parlant du futur monarque républicain.
Imaginons qu'on juge en littérature les écrivains et les poètes sur leur physique. Sur leur look. Leur gueule. C'est vrai que dans une époque où l'image est reine, omniprésente, les visages des auteurs sont souvent "tête de gondole" et vendent mieux un roman qu'un simple titre sur une simple couv' ! Mais si on pense au passé. Aux auteurs du passé.
- Socrate, il avait le physique ?
- Balzac, il avait le physique ?
- Baudelaire, il avait le physique ?
- Verlaine, il avait le physique ?
- Oui, mais Rimbaud, il était beau !
- C'est vrai, Rimbaud, il était beau, mais ça se saurait si Sarko, c'était le Rimbaud de la politique ! Vous l'imaginez déclamant devant les militants UMP médusés :
Je remontais des "foules" impassibles, des "rouges" criards les avaient pris pour cibles !
Pas le physique. Franchement, ça m'exaspère. Envie soudain d'être vulgaire. Très vulgaire. Style dialogue à la Audiard ou à la Prévert :
- Et toi, ta gueule, tu l'as vu ta gueule ! Elle a le physique de quoi, ta gueule ?
Plutôt que de parler du physique, parlons du niveau. Pas le niveau. Il a pas l'niveau. Ils n'ont pas le niveau. On n'a pas le niveau quand on emploie des arguments au ras du... caniveau.
Pas le physique de l'emploi ? N'importe quoi ! Les gens qui jugent les gens sur leur physique, vraiment, je ne supporte pas. Simple : c'est ... physique !